• Début d’après-midi. Petite attente dans le froid hivernal avant d’entrer dans le tout rénové Gros-Horloge. C’est gratuit et on ne peut s’y tenir qu’à vingt. Grimpette par l’étroit escalier colimaçonné, essai du guide auditif, explications trop pédagogiques pour être intéressantes, oublions cet instrument et passons de salle en salle, oh ! la belle vue sur l’horloge couverte d’or, plus haut les mécanismes, un écran où défilent des images des décennies anciennes avec défilé militaire et passage de voitures sous un Gros-Horloge tout sale, deux petites fenêtres s’ouvrant sur la rue où s’affaire une foule ennoëlisée. Changement d’escalier, on se frôle avec ceux qui descendent, passage de salle en salle et arrivée en haut du beffroi sur le chemin métallique qui en fait le tour. Superbe vue sur la ville. La cathédrale de face dans son entier, le palais de justice rénové lui aussi, plus loin l’abbatiale Saint-Ouen; de l’autre côté, la Seine et son nouveau pont, le soleil orange qui se couche vers Saint-Sever au dessus des laids immeubles de la rive gauche.

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  • A Mont-Saint-Aignan, au centre culturel Marc Sangnier, hier, en fin d’après-midi, pour aller y voir ce que cachait la proposition de la Scène Nationale intitulée « le parcours du spectateur ».

    Eh bien, il s’agira de suivre de près les différentes étapes de la préparation et de la création de deux spectacles, une chorégraphie de Carlotta Sagna et une pièce de théâtre d’Alexis Armengol.

    Une quinzaine de personnes présentes, ayant répondu à l’appel, beaucoup de femmes et quelques hommes, d’âges et de professions divers, une grande table carrée, des bougies et à boire, on s’est présenté, on a discuté, et tout le monde a dit oui.

    La soirée s’est terminée par un grignotage et un papotage sympathiques. On est bien reçu au centre Marc Sangnier. Me voici embarqué dans l’aventure. Spectateur, je sais faire.

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  • Toujours ce sale climat liberticide. Voici maintenant les deux commissaires de l’exposition Présumés Innocents mis en examen pour «corruption de mineurs par exposition de documents portant atteinte à la dignité des enfants», en attendant le tour des artistes dont les œuvres figuraient dans cette exposition, il y a six ans, à Bordeaux, ville championne pour le bagage culturel de ses juges, capables d’alerter Interpol pour rechercher et interroger Robert Mapplethorpe, mort en mil neuf cent quatre-vingt neuf.

    Après les artistes, ce sera peut-être le tour des écrivains d’être l’objet d’une plainte d’association bien pensante. Signalons tout de suite aux futurs enquêteurs que le Marquis de Sade, dont les livres sont en vente libre et accessibles aux mineurs dans toutes les Fnaques, est décédé le deux décembre mil huit cent quatorze.

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  • Un après-midi à l’Echiquier à lire en grande diagonale Miroirs de Janus, recueil des carnets mil neuf cent quatre-vingt et quatre-vingt un de Louis Calaferte.

    Calaferte, l’auteur si apprécié du Requiem des Innocents, de Septentrion et de La Mécanique des Femmes, quelle déception de le voir ici englué dans des notes complaisantes emplies de bondieuseries et de ridicules petits faits quotidiens (la bronchite qui met au lit, la maison que l’on rénove), tout cela dans un style soporifique, à quel point faut-il être ennuyeux pour avoir l’air profond. Comment un éditeur comme L’Arpenteur, succursale de Gallimard, peut-il juger utile de publier cela ?

    Néanmoins, pas regretté totalement cette lecture rapide, qui s’avère ponctuellement réjouissante, notamment quand l’auteur se plaint des relâchements de style dans L’Immoraliste d’André Gide tout en écrivant lui-même une phrase de ce genre: J’ai trouvé avec contentement à mon retour de Paris les trois exemplaires hors commerce du Chemin de Sion, dont j’ai réservé l’un d’eux à Georges Piroué. ou quand il nous assène ses sentences bigotes.

    Celle-ci me plaît particulièrement : Toute vie d’homme qui n’aboutit pas à la bonté et à la miséricorde est une vie perdue. Ebouriffant, comme disait Paul Léautaud.

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  • Bien failli rester dans la cour du collège Fontenelle, à écouter le Requiem de Mozart (et de ceux qui l’ont terminé à sa place pour cause de décès) à travers les murs de la chapelle. Mon nom ne figurant pas sur la liste des réservations et le concert faisant salle comble. Le négligent responsable de cet oubli n’était pas là pour faire face à mes reproches. Me suis néanmoins installé sur une chaise, de mauvaise humeur. D’autres aspirants spectateurs n’ont pas eu cette possibilité, ayant fait confiance à Rouen Magazine qui annonçait l’entrée libre sans préciser que la réservation était nécessaire. Ils sont rentrés chez eux, pestant contre le Conservatoire et contre Albert (tiny), maire.

    Salle comble en raison de la présence des familles des musiciens et chanteurs, de leurs professeurs et de leurs camarades de jeu (de leurs  potes, comme ils disent). Où étaient ces mélomanes le soir où l’ensemble Musica Viva de Hanovre a joué devant une salle quasiment vide ?

    Acoustique très moyenne, chaises inconfortables, courants d’air, bruits de porte, pourquoi diable le Conservatoire a-t-il organisé ce concert dans la chapelle du collège Fontenelle alors qu’il possède un si bon et si bel auditorium ? Un requiem, donc à l’église ?

    Applaudissements et cris de soutien aux potes à la fin du concert. Un parent émet l’avis que c’était énorme. N’exagérons rien. Mais le chef d’orchestre avait les oreilles toutes rouges. C’est dire si c’était sérieux.

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  • Des sapins, des boules, des guirlandes, des lumières, des bonshommes rouges, des enfants qui pleurent dans la rue et des parents qui se bousculent. La fête approche et c’est fou comme ça rend heureux.

    Le plus grand des plaisirs, c’est encore de laisser traîner ses oreilles :

    -Ça y est, pour Jacqueline, on est tranquille.

    -Pour Raymond, une cravate ça suffira.

    -Tu as une idée, toi, pour la grand-mère ?

    -Tu crois qu’il y aura l’oncle René au réveillon ?

    -Il va encore falloir se taper son karaoké.

    -Et ta belle-sœur, est-ce qu’elle sera là avec ses sales mioches ?

    La corvée des achats de cadeaux, suivie de la corvée du repas familial, c’est Noël.

    On va encore me trouver bien négatif.

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  • En train d’écrire à l’Echiquier, lorsque mon voisin de table se penche vers moi, s’excusant, pour me demander si je n’ai pas enseigné à l’Université de Caen.

    Lui dis que non. Me dit alors qu’il y a quelqu’un là-bas qui me ressemble.

    Ce n’est pas la première fois que l’on me trouve ressemblant à quelqu’un de Caen. Aussi à Paris, dans le Quartier Latin, il arrive lorsque je m’y rends que l’on me salue comme quelqu’un de connu dans les parages.

    Une fois même, en plein Aubrac, attendant l’aligot en terrasse champêtre, la restauratrice est venue me voir, au nom de sa serveuse timide, pour savoir si oui ou non j’étais professeur de philosophie quelque part dans le centre de la France.

    Bien effrayante l’idée qu’il y en ait plusieurs comme moi.

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  • A la caisse de la Fnaque, ça traîne, conséquence de l’approche de Noël et de la boulimie d’achat qui va avec. Devant moi peste une petite blonde, elle doit être à l’école maternelle dans un quart d’heure pour y récupérer sa gamine et la maîtresse, elle rigole pas, si elle est en retard elle va encore se faire engueuler.

    C’est son tour, elle pose sur le tapis le dévédé d’un comique de télévision et un livre de Nicolas le Hulot, l’animateur de télévision qui se démène beaucoup en ce moment pour sauver la planète.

    Elle rouspète encore pendant qu’elle paie avec sa carte bancaire. Manquerait plus, qu’en plus, je fasse sonner l’alarme en passant avec mon sac ! annonce-t-elle à la cantonade.

    Et justement, voilà l’alarme qui se déclenche à son passage.

    -Qu’est-ce que je disais, dit la petite blonde pressée.

    Elle fouille dans son sac, en sort le cédé d’une chanteuse de télévision.

    -Je savais bien que j’avais pris un cadeau pour mon frère, explique-t-elle à la caissière et à la file d’attente. Il était tombé dans mon sac.

    La caissière fait semblant d’y croire et tout autour les regards en disent long. Le cadeau de Noël de son frère lui aura finalement coûté quatorze euros soixante-cinq centimes.

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  • Vraiment beau ce sixième pont qui telle une porte ouverte invite à entrer dans Rouen. Il fallait lui donner un nom. Pont de Rouen, vraiment cela aurait été bien. Mais la majorité des votants en a décidé autrement et le conseil municipal à l’unanimité a suivi, c’est sur Flaubert que c’est tombé.

    Voilà, Gustave, tu es désormais un beau pont. Un beau pont en béton. Sur lequel il ne manque pas de place pour écrire. Pourquoi la municipalité ne suivrait-elle pas le conseil que tu donnais à Maupassant dans ta lettre du quinze janvier mil huit cent soixante-dix neuf :

    " Les honneurs déshonorent ;
    Le titre dégrade ;
    La fonction abrutit.
    Écrivez ça sur les murs. "

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  • L’Opéra en mode Noël hier soir. Bar décalé pour faire place à un sapin malingre. Sapin décoré comme il convient, et éclairé par un projecteur vert lui donnant une couleur artificielle, quasiment chimique

    Une très belle messe en guise de concert de Noël, celle composée par Joseph Haydn en l’honneur de Sainte Cécile, une messe magnifiquement chantée par la Chœur de l’Opéra de Rouen, une messe allègre et tonique, le genre de messe qui pourrait amener quelque être faible à croire en celui qui n’existe pas.

    Il faut se monter prudent dans ces circonstances. Se souvenir de Paul Claudel dénichant la foi derrière un pilier de Notre-Dame de Paris. Et de Max Jacob la trouvant alors qu’il cherchait ses pantoufles.

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