•             Il giboule, il neigouille, c’est le Printemps du Cinéma, toutes les places sont à trois euros cinquante, l’occasion de poser ses fesses au Melville pour y voir Volem rien foutre al païs de Pierre Carles, Christophe Coello et Stéphane Goxe.

                C’est un documentaire sur ceux qui n’aiment pas le travail. J’en fais partie.

                Un film nanti d’un titre catastrophique, clin d’œil à l’un des slogans les plus débiles de l’après soixante-huit, le Volem viure al païs (Je veux vivre au pays) des nationalistes occitans; Brassens a chanté ces imbéciles heureux qui sont nés quelque part. Et ce « rien foutre », comment peut-on employer le verbe « foutre » dans un sens qui n’est pas le sien. Pas travailler, certes mais foutre, oui.

                Bon, le film nous montre quelques politiciens navrants (ce fat sot de Sarko dans ses odes au travail, ce renégat de Michel Rocard fleuretant avec le Medef) et donne la parole à quelques rétifs au labeur salarié : chômeurs contents de l’être et entendant le rester, alternatifs vivant plus ou moins en autarcie à la campagne (travaillant beaucoup en fait mais autrement) et partisans de la reprise individuelle et en bande organisée (autrement appelé vol) comme ce groupe barcelonais d’inspiration anarchiste Dinero Gratis (argent gratuit). Bien sûr, on voit les limites, mais ce film est vraiment salutaire.

                Pendant que se déroule le générique, mes voisines s’interrogent :

                -Bon, qu’est-ce qu’on fait ? On démissionne d’abord et on mange après ou on mange et après on démissionne ?

                Pour ma part, j'ai un autre moyen de ne plus travailler, vivre d'une pension, ce à quoi je suis enfin arrivé après avoir (beaucoup) (trop) travaillé.

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  •             J’aime lire régulièrement Le Magazine de l’Homme Moderne, ce magazine politique et culturel en ligne où l’on trouve un peu de tout sur tout : textes et graphismes inédits, chroniques d'humeur, ressources sociologiques et cætera, tout cela rangé en quatre rubriques : société, textes, images, musiques.

                Côté textes, une dizaine d’auteurs. Parmi mes préférés : Christophe Petchanatz, Christophe Bösersach et F J Ossang. Je devrais un jour ou l’autre faire partie de la liste, plusieurs de mes textes ont été retenus par les responsables de ce site et sont entre leurs mains depuis plus d’un an à fin de publication, le ouaibemestre finira bien par s’en occuper. Je suis patient, ces gens défendent les films de Pierre Carles, je ne vais pas leur reprocher d’avoir peu de goût pour le travail mais j'espère qu'ils feront de moi un homme moderne.

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  •             Sale temps pour le vide-grenier de la place de la Calende, averses et bourrasques pour les courageux vendeurs parmi lesquels ma fournisseuse habituelle de Guides du Routard à moitié prix. Malgré ces circonstances, il y a foule d’acheteurs, plein de monde avec des livres plein les mains autour de son stand. Cependant qu’elle tente de protéger ses ouvrages de la pluie, certains s’éclipsent sans payer, c’est tellement facile.

                Et tellement minable.

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  •             Retour à Dominique Boivin et à la Compagnie Beau Geste pour la reprise de Bastien et Bastienne du jeune Mozart, un spectacle déjà vu en deux mille deux en ce même Opéra de Rouen, alors dirigé par Laurent Langlois, et revu avec le même bonheur.

                La mise en scène de Claude Buchwald, la chorégraphie de Dominique Boivin assisté de Philippe Priasso (descendu de sa pelleteuse) et de Christne Erbé, la scénographie de Philippe Marioge et les très belles lumières de Marc Delamézière, tout concourt au plaisir.

                Et cette petite Bastienne si charmante qui en fait baver à son volage de Bastien, un bel exemple pour toutes les filles présentes dans la salle.

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  •             A Dieppe, par la voie buissonnière, d’abord à gauche vers Pourville-sur-Mer, le long de la Scie, puis la falaise couverte de genêts en fleur (cette envie irrépressible d’aller en Bretagne au premier genêt fleuri), parcage de la voiture au-dessus du château-musée (en contrebas la plage et son esplanade sur laquelle je repère la petite pelleteuse rouge de Dominique Boivin de la Compagnie Beau Geste, elle prend ses marques, c’est en partie pour elle que je suis là) et descente à pied vers la ville par le chemin de la Citadelle.

                Le marché du samedi s’achève, remballage et balayage, un petit café verre d’eau au café des Tribunaux mais il ne faudrait pas oublier que je suis venu pour l’ouverture du festival Visu Zéro Sept organisé par la Scène Nationale de Dieppe, dont le thème est cette année Les objets des humains. Danse, théâtre, performances, expositions, conférence, cinéma, il y en a à voir jusqu’à la fin du mois.

                En amuse-bouche, passage par la Maison des Jeunes et de la Culture du centre ville où le plasticien Jean-Luc Moulène expose ses Objets de grève, photos d’objets banals et usuels détournés par les ouvriers lors des conflits sociaux chez Lip, aux imprimeries du Chaix, chez Manufrance ou ailleurs, des objets sortis de leur dimension marchande et témoins d’une époque récente où l’on savait se battre avant de périr.

                Premier service, sur la terrasse de la Potinière, avec Makadam Kanibal et son Cirque des curiosités, l'histoire d'un couple d'asociaux assez inquiétant, avec clous, petites cuillers et louche enfoncés un peu partout, jonglage de haches, passage de préservatif du nez à la bouche par l'intérieur et accouchement à la dure. La Scène Nationale, contaminée par le moralisme ambiant, déconseille le spectacle aux moins de huit ans, deux quatre ou cinq ans amenés là par des parents irresponsables s’amusent cependant beaucoup. Le chien d’un véritable marginal présent dans le public se risque sur la piste, l’acteur lui balance une hache, on frôle l’incident grave, le public calme le marginal aviné. C’est du bon théâtre de rue.

                Second service, Dominique Boivin et sa Compagnie Beau Geste présentent des Transports exceptionnels, déjà vus et combien appréciés à Rouen sur le parvis de l’Opéra, il y un an, pour la réouverture dudit, histoire d’amour également, plus sensuelle et poétique que la précédente c’est certain, entre un danseur et une pelleteuse. Ça se passe sur les pelouses de la plage, face à l’hôtel Alguado, il fait froid, il souffle un sacré vent et il faut danser sur l’herbe mouillée, un véritable exploit pour Philippe Priasso, le danseur, impérial. Je ne sais plus comment s’appelle le conducteur de la pelleteuse, il est plutôt doué lui aussi. Tout cela fait un spectacle qu’il est inutile d’encenser, la presse nationale l’ayant déjà fait.

                Je ne sais pas si je pourrai retourner à Dieppe pour la suite, trop de choses à faire et à voir en ce moment, me serais pourtant bien glissé dans la navette qui emmène ceux qui ont le malheur d’habiter à Rouen.

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  •             Bonne idée, agglo de Rouen, d’ouvrir le festival des Transeuropéennes, dont le thème est cette année la francophonie (vieille lune), par un concert d’Idir, qui chante la Kabylie en langue berbère, l’Europe n’a pas de frontière et le français n’est pas la seule langue de France, n’est-ce Sarko, (fat sot) ?

                Idir au mieux de sa forme, un peu bavard en première partie, plus efficace en deuxième, secoue ce vieux théâtre Charles Dullin, où ça danse dans les coins, les escaliers et sur la scène (descendantes de Kabyles aux hanches mouvantes, petite fille blonde main dans la main avec sa semblable brune et frisée). Les youyous se mêlent aux applaudissements et aux sifflets. Un concert gratuit, qui plus est, une centaine de malheureux étant restée à la porte faute de place.

                Champagne et petits fours épicés pour tout le monde à la fin du concert, merci agglo de Rouen, mais dis-moi était-ce bien nécessaire de réserver, pour ce concert d’Idir, les cinq ou six meilleures rangées de la salle à tes copains bénéficiant d’invitations spéciales, toi qui es, comment dit-on déjà, ah oui, socialiste…

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  •             Eh bien, elle les a ses cinq cents signatures, Arlette, elle peut tenter de faire moins bien qu’à la précédente élection présidentielle. C’est sa dernière paraît-il, et comme ça doit l’ennuyer d’en être arrivée là, pour preuve sur ses affiches cette photo d’elle datant d’il y a vingt ans. C’est dur de vieillir, pour les trotskistes aussi.

                J’avoue, ça m’est arrivé de voter pour elle (oui parfois je vote). Précisément, depuis qu’est mort mon frère Jacques une nuit il y a douze ans, qui votait pour elle à chaque présidentielle sans être le moins du monde tenté par un avenir communiste modèle trotskiste. Quand on veut voter il faut bien trouver quelqu’un(e) de pas totalement repoussant(e). Pour ne pas que mon frère Jacques soit totalement mort, j’ai voté Arlette à sa place.

                Cette fois-ci, je ne crois pas.

                Pas du tout envie d’avoir à l’arrivée Sarkozy et son ordre policier ou Royal et son ordre moral. Et c’est possible d’éviter l’un et l’une en jouant par pure tactique la carte du troisième qui battrait l’un et l’une au second tour.

                Alors désolé et bonne retraite Arlette, à Malibu ou dans ton hachélème.
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  •             L’infirmière Chantal Chanel et le médecin Laurence Tramois poursuivies devant la cour d'assises de Dordogne pour avoir aidé à mourir une femme, atteinte d'un cancer terminal du pancréas, qui vomissait ses excréments, encore un sale exemple de l’inhumaine « justice » en cours dans ce pauvre pays de France, personne pour les accuser dans ce tribunal hormis les représentants de l’ordre juste, procureur et compagnie, le jury saura-t-il faire preuve de lucidité ?

                Passant outre à mon refus d’adhérer à quoi que ce soit, je fais exception pour l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité dont je suis membre depuis un grand nombre d’années, depuis que j’ai vu ma mère, atteinte d’une maladie incurable, sauvée du coma par la médecine, cette médecine dont la plupart des praticiens réussissent à être tout à la fois scientistes soumis au prétendu progrès et superstitieux soumis à la religion. Oui, ma mère qui écrivait sur son ardoise qu’elle voulait mourir et qui a été condamnée à survivre deux ans, tristement et douloureusement, ce de quoi les coupables ne seront jamais poursuivis.

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  •             Au centre culturel Marc Sangnier de Mont-Saint-Aignan pour la dernière étape du parcours du spectateur, qui m’a permis, comme à une dizaine d’autres, de suivre l’élaboration des nouveaux spectacles de la chorégraphe Carlotta Sagna et du concepteur (c’est lui qui le dit) et metteur en scène Alexis Armengol. C’est le spectacle de ce dernier qui m’a amené là hier soir.

                Et comme je n’ai pas du tout aimé son précédent intitulé Il y a quelqu’un ? (voir billet du vingt-trois février dernier), j’y suis arrivé sans grande envie, un désir encore diminué par le titre de sa nouvelle pièce Je suis Alain, Artaud, Marie-Antoinette, un animal aussi, des gènes, un photomaton, au fond du jardin, et quoi d’autre ? (ou rien d’autre ?) (bref !), difficile de faire plus nul comme titre pour ce spectacle qui évoque le petit monde du théâtre, ses tics et ses travers.

                Et qui les évoque avec pas mal de finesse et un humour non dénué d’inquiétude, aidé en cela par les quatre comédiens talentueux déjà présents dans le précédent spectacle d’Alexis Armengol, les trois garçons : Stéphane Gasc, Alexandre Le Nours, Laurent Seron et la fille : Camille Trophème. C’est dire si j’ai été agréablement surpris et si je suis sorti content de la salle.

                Ce spectacle (vraiment Alexis, tu devrais changer le titre) sera cet été au festival d’Avignon à la Manufacture et c’est sûr il sera un succès, notamment auprès des professionnels de la profession qui adoreront se voir dans le miroir.

                A propos de ce festival d’Avignon, il y avait hier soir parmi les spectateurs un professionnel excité qui racontait comment il avait réussi à mettre sur son site Internet le programme dudit festival vingt-quatre heures avant qu’il soit sur le site officiel et que tellement fier de son exploit, il s’en était vanté par mail auprès de ses huit cents contacts. Il en faut vraiment peu à certains pour être contents d’eux-mêmes.

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  •             Commencé Histoire de ma mère d’Inoué Yasushi au Nouveau Cabinet Cosmopolite, cette collection à l’étonnante couverture rose publiée chez Stock, un ouvrage dans lequel l’auteur raconte les difficiles dernières années de sa vieille mère, que je lis dans un exemplaire acheté dans un vide grenier l’an passé, exemplaire ayant, je le découvre, appartenu à la bibliothèque Les Jardins d’Arcadie à Mont-Saint-Aignan.

                Bibliothèque fermée ou livre volé, je ne sais, mais penche pour la première éventualité. Pas envie d’être accusé de recel. Il y a bien longtemps que je me suis acheté une conduite (j’adore cette expression), bien longtemps que je ne vole plus de livres et ceux qui l’ont été autrefois ne se distinguent pas des autres dans ma bibliothèque.

                Sauf un, c’est vrai, marqué du sceau d’une bibliothèque municipale beaucoup  fréquentée au temps de mon adolescence, une biographie de Georges Darien, signée Auriant et intitulée Darien et l’inhumaine comédie. Un ouvrage édité en mil neuf cent soixante-six (ça fait donc plus de quarante ans, il y a largement prescription) par Jérôme Martineau pour les Amis de l’Ambassade du Livre, Galerie de la Reine à Bruxelles, tiré à mille exemplaires numérotés. C’est l’exemplaire numéro cent dix-huit qui est devenu mien le jour où il a glissé dans ma poche.

                J’avais des excuses, pauvreté et cætera, et aussi mauvaises fréquentations, ce Georges Darien, par exemple, anarchiste individualiste, ennemi du régime parlementaire, du cléricalisme, du militarisme, du colonialisme, et auteur de ce livre pernicieux intitulé Le Voleur.

                Ce souvenir m’a donné envie d’y retourner du côté de Georges Darien et quel bonheur de relire dans La Belle France, ce cri du cœur : Je n'aime pas les pauvres. Leur existence, qu'ils acceptent, qu'ils chérissent, me déplaît ; leur résignation me dégoûte. A tel point que c'est, je crois, l'antipathie, la répugnance qu'ils m'inspirent, qui m'a fait devenir révolutionnaire. Je voudrais voir l'abolition de la souffrance humaine afin de n'être plus obligé de contempler le repoussant spectacle qu'elle présente. Je ferais beaucoup pour cela. Je ne sais pas si j'irais jusqu'à sacrifier ma peau ; mais je sacrifierais sans hésitation celles d'un grand nombre de mes contemporains. Qu'on ne se récrie pas. La férocité est beaucoup plus rare que le dévouement.

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