•             Nouvelle émission d’Emmanuel Laurentin consacrée au pacifisme et à l’antimilitarisme dans sa  Fabrique de l’Histoire aujourd’hui sur France Culture, avec une virée dans le Larzac de mil neuf cent soixante-treize pour la grosse manifestation du mois d’août contre l’extension du camp militaire, une brillante idée de Michel Debré, ministre de la Défense nationale.

                Me souviens de cette foule venue au secours des paysans, de la longue marche sur le causse, du concert nocturne avec tous les représentants de la chanson contestataire, comme on disait à cette époque, une belle fête de la résistance, de l’insoumission, de la désobéissance civile et de la non-violence.

                Toute la faune politique d’extrême-gauche était là. Je me demande ce que sont devenus les membres du Parti Communiste Marxiste Léniniste de France, des maoïstes dont le drapeau s’ornait des tronches de Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao et qui dissimulaient les plaques d’immatriculation de leurs voitures au prétexte qu’ils étaient là clandestinement, ils me faisaient bien rire ceux-là.

                François le Mythe Errant avait fait une apparition sur le causse, ce jour-là. Il n’était pas le bienvenu et, bousculé, s’était retrouvé le cul dans les chardons, si j’en crois tout au moins l’un des loustics qui m’accompagnait, je ne fus pas témoin visuel de la scène.

                Me souviens aussi de toutes ces affiches antimilitaristes manuscrites faites avec la bande de libertaires d’Evreux où je menais des études décontractées et collées dans la ville un soir de quatorze juillet, y compris en plein centre sur les vitrines des Nouvelles Galeries, c’est ma voiture, une Méhari bien pratique, qui servait pour ce genre d’action aventureuse et heureusement que les policiers ne nous ont pas chopés.

                Me souviens encore des bergeries construites sans permis, des terres convoitées par l'armée achetées collectivement pour embrouiller les expropriations (je dois toujours en posséder quelques ares ayant participé à la quête organisée par la municipalité d’extrême-gauche de Louviers à cette fin), des livrets militaires renvoyés (pas pu le faire, en suis démuni).

                Le Mythe Errant, c’est à mettre à son actif, en mil neuf cent quatre-vingt-un, a renoncé à l’extension du camp militaire du Larzac.

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  •             A l’écoute ce matin, sur France Culture, de l’émission d’Emmanuel Laurentin La fabrique de l’Histoire consacrée à l’objection de conscience et à l’insoumission, une bonne évocation de l’antimilitarisme actif, l’occasion d’entendre la voix de l’anarchiste Louis Lecoin et les témoignages d’anciens insoumis et de leur avocat Jean-Jacques de Felice, ce qui me ramène un peu plus de trente ans en arrière quand j’étais bien concerné par le problème, sursitaire jusqu’à vingt-trois ans grâce à un vague statut d’étudiant et bien décidé à ne pas le faire, ce service militaire obligatoire, pas prêt non plus à faire l’objecteur de conscience pendant deux ans à l’Office National des Forêts sous les ordres d’anciens militaires recyclés dans le bûcheronnage, prêt en revanche à faire deux ans de prison pour insoumission et conséquemment à perdre mon travail.

                M’était entretenu de cela avec Helyette Besse qui tenait à Paris, rue de la Reine Blanche, la librairie anarchiste Le Jargon libre que je fréquentais à chacune de mes escapades dans la capitale.

                -Tu peux jouer les héros si tu veux, m’a-t-elle dit, mais il y a sûrement d’autres moyens pour toi d’échapper au service militaire. Je vais te donner l’adresse d’une amie avocate.

                Sur le conseil de cette avocate, me souviens plus de son nom, je crois qu’elle se prénommais Christine, je suis retourné chez les militaires me faire examiner l’intérieur de la tête, muni d’un vrai faux certificat médical attestant de ma faiblesse psychologique, établi par Ernest Martin, médecin d’extrême gauche, par ailleurs maire de ma ville natale, je peux raconter tout cela, il y a prescription.

                -Je suis désolé, m’a dit le galonné de service, vous ne pourrez pas faire votre service militaire, vous êtes exempté pour hypersensibilité pathologique.

                C’est ainsi que j’ai échappé à la prison. Helyette Besse, quant à elle, y a eu droit quelques années plus tard pour avoir aidé les fugitifs d’Action Directe.

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  •             Client de la Coopérative des Adhérents à la Mutuelle des Instituteurs de France, plus connue sous le nom de Camif, je le fus pendant longtemps, ne le suis plus, et ne le serai sans doute jamais plus, l’économie sociale est morte ou quasiment, bouffée peu à peu par le capitalisme, cette Camif, grignotée par les Trois Suisses, au catalogue de plus en plus ringard, oubliant ses principes de justice sociale, important des articles à bas prix comme n’importe quelle entreprise adhérente au Medef, licenciant son personnel, près de la moitié des effectifs disparue en sept ans, cette Camif est morte avec l’idéal socialiste.

                A sa création, au lendemain de la deuxième guerre mondiale, le salaire de ses dirigeants était égal au salaire d’un instituteur.

                Aujourd’hui, il est dix à quinze fois supérieur.

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  •             J’arrive à treize heures trente au Tribunal Administratif de Rouen, pour me joindre à ceux venus soutenir, à l’appel du Réseau Education Sans Frontières, la famille Pan de Paris, menacée de reconduite à la frontière.

                La salle est pleine. D’autres menacés d’expulsion sont là, certains venus avec chauffeur et escorte, dans un fourgon policier, extraits pour l’occasion du Centre de Rétention de Oissel, un lieu qui ne figure pas sur les dépliants touristiques vantant les charmes de la région rouennaise.

                Beaucoup d’enfants en bas âge sont également présents, nés « des œuvres » (pour reprendre les termes qu’emploiera la représentante de la Préfecture de Rouen) d’étrangers sans papiers. Au lieu de jouer au parc avec leurs camarades en ce jour sans école, ils doivent passer plusieurs heures dans un tribunal.

                Un tribunal où l’on ne chôme pas en ce lundi de Pentecôte. La greffière s’agite et court en tous sens, les avocats s’entretiennent avec leurs clients, on n’attend plus que la juge, c’est quand elle voudra. Elle arrive une heure plus tard, annoncée par la greffière :

                -Madame le juge des reconduites à la frontière.

                Tout le monde debout, c’est obligé et madame la juge enchaîne les dossiers, résumant les données du problème d’une voix qui ne franchit pas le rang des avocats, lesquels en revanche font le nécessaire pour être compris du public bien qu’ils lui tournent le dos.

                Chaque histoire est une triste tranche de vie, exil et clandestinité, auxquels s’ajoutent déménagements multiples, divorces et autres accidents de la vie.

                C’est au tour de la famille Pan, un couple et trois enfants. Les parents ont été récemment embastillés par le préfet de Seine-Saint-Denis alors même que le préfet de Paris était en train d’étudier leur dossier, rendus ensuite à leurs trois enfants, mais assignés à résidence et en même temps convoqués à Rouen. Finalement ils sont là, et des membres parisiens du Réseau Education Sans Frontières ont fait le déplacement, ainsi qu’un journaliste de Rue Quatre-Vingt-Neuf, le site Internet d’information créé par des anciens de Libération et qu’un ancien sans-papiers nommé Alvaro, désormais maire-adjoint du onzième arrondissement, muni de son échappe tricolore. Dans le dossier de cette famille chinoise, une lettre de soutien de Mathieu Amalric qui a ses enfants dans la même école que les petits Pan, ça peut servir. Ces petits Pan de parents chinois sont nés en France et se prénomment Karine, Nathalie et Aristide. Comme le répète l’avocat, on imagine avec quelle chaleur le gouvernement chinois accueillerait ces dissidents de l’enfant unique.

                Les sept dossiers sont mis en délibéré. On attend patiemment le retour de madame le juge des reconduites à la frontière.

                Au bout d’une demi-heure, elle annonce le rejet de cinq des recours. Deux sont acceptés, dont celui de la famille Pan.

                Il est dix-sept heures trente. La juge s’éclipse. Elle a bien travaillé, en ce lundi de Pentecôte. Une jeune femme pleure, elle est enceinte « des œuvres » d’un homme qui risque plus que jamais d’être jeté hors de France.

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  •             Pendant que les télévisions nous proposent chaque soir des images de caves inondées par les orages, il s’en passe de belles dans la nouvelle France de Sarkozy, en exemple ce témoignage rédigé par des passagers du vol Air France sept cent quatre-vingt-seize en partance de Paris pour Bamako, le vingt-six mai deux mille sept :

                « Quelques minutes avant la fermeture des portes, des cris au dernier rang de l'avion. Deux personnes tentent de contenir un homme d'une quarantaine d'années qui se débat violemment.

                On croit d'abord à une bagarre entre passagers. Certains veulent les séparer mais en sont vite dissuadés par des policiers qui se font alors connaître. S'ensuit une scène d'une grande violence : l'un des policiers pratique un étranglement sur le passager, l'autre lui assène de grands coups de poing dans le ventre. Ses hurlements se transforment en plaintes rauques. Cette tentative de maîtrise dure dix bonnes minutes, peut-être plus, et suscite immédiatement chez les passagers un  mouvement de protestation qui n'a aucun effet sur les violences en cours.

                L'un des passagers filme la scène avec son téléphone, ce qui énerve un peu plus la responsable de l'opération, qui menace d'arrestation les personnes les plus proches et photographie les protestataires.

                Pour tenter de faire taire tout le monde, une policière explique que l'homme n'est pas un simple sans papiers, mais un repris de justice, soumis à la double peine. Cela semble à ses yeux justifier la méthode et toute la violence exercée sur lui.

                Sous les huées des passagers, l'homme finit par être immobilisé et sanglé. Il perd connaissance, yeux révulsés, langue pendante, écume aux lèvres. Un mouvement de panique gagne les policiers. Ils prennent alors la décision de l'évacuer. Autour de nous, de nombreux passagers imaginent que l'homme est mort, ce qui fait encore monter d'un cran l'émotion. Des femmes pleurent, des gens convergent de tout l'appareil, rajoutant à la confusion. C'est alors qu'une bonne dizaine d'agents de la Police des Airs et des Frontières fait irruption dans l'appareil.

               Désigné par la responsable de l'opération, Michel Dubois, qui comme nous tous avait pris part aux protestations, est débarqué pour auditions. D'autres passagers, choqués par cette arrestation, sont à leur tour menacés du même sort.

               A bord, on nous demande vainement de nous rasseoir, de nous calmer mais beaucoup exigent le retour de Michel Dubois. Un des policiers, visiblement dépassé par la situation, nous propose alors un marché : Michel pourrait réembarquer à condition que l'expulsé remonte lui aussi à bord. La balle était donc dans notre camp, nous serions responsable du retard de l'avion, et même de l'éventuelle annulation du vol. Michel devenait clairement une monnaie d'échange.

                Cette proposition inacceptable est d'ailleurs tout de suite contredite par un policier de la Police de l’Air et des Frontières qui annonce la garde à vue de Michel Dubois et réitère ses menaces à l'égard des passagers qui campent sur leurs positions.

                Le commandant de bord finit par faire une annonce, dans laquelle il fait état de "manoeuvres" d'un individu refusant d'être reconduit dans son pays d'origine, et de manifestations d'une minorité de passagers pour expliquer l'annulation du vol. Nulle mention des violences dont nous avions été témoin, ni de l'état de santé du passager pourtant aperçu dans une ambulance stationnée au pied de l'appareil, toujours inconscient et sous assistance respiratoire.

                Nous sommes nombreux, comme Michel Dubois, à être choqués par la barbarie de la scène, par le traitement excessivement violent qui a été infligé sous nos yeux à cet homme, fut-il repris de justice, (ce dont il nous est d'ailleurs permis de douter, puisque afin de ne pas attirer l'attention des autres voyageurs, les policiers avaient d'abord décidé de le faire voyager sans le menotter).

                Nombreux aussi à avoir la désagréable impression d'avoir été pris en otage par les autorités et profondément choqués par l'attitude du Commandant de bord d'Air France qui n'est pas intervenu pour faire cesser ces violences les tolérant même au mépris de la sécurité des passagers qu'il se doit d'assurer et en prenant la responsabilité de faire annuler le vol empêchant du même coup des centaines de personnes de faire le voyage pour lequel elles avaient acheté un billet.

                Nous sommes enfin révoltés d'avoir été contraints de devenir complices des policiers en obéissant aux différentes injonctions et menaces proférées à notre encontre. Devions-nous laisser se dérouler sous nos yeux des actes d'une telle brutalité ?

                Pouvions-nous accepter l'arbitraire de l'arrestation de l'un d'entre nous dont le seul tort avait été de s'indigner et de parler avec les policiers pour tenter de faire cesser la violence ?  Il y a là une pénalisation de la solidarité qui nous semble inadmissible et inquiétante quant à l'état de notre démocratie.

               Nous ne sommes pas assez naïfs pour croire que cette scène est un cas isolé, une bavure en somme. Nous savons qu'elle se reproduit quasi quotidiennement, et nous tenons à manifester notre indignation en relatant les faits le plus exactement possible.

                Michel Dubois a été relâché quelques heures plus tard, mais on l'a informé que des poursuites seraient engagées contre lui. Quant au passager malien, nous n'avons aucune nouvelle de lui, et son état de santé ainsi que le sort qui lui sera réservé dans les prochains jours nous inquiètent au plus haut point. »

                Ce témoignage m’est arrivé par le Réseau Education Sans Frontières qui recense par ailleurs une augmentation du nombre d’arrestations de parents sans papiers d’enfants scolarisés en France.

                Ainsi, à treize heures trente, cette après-midi, à Rouen, a lieu la comparution d’une famille parisienne devant le Tribunal Administratif, j’y serai.

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  •             Le Son du Cor en panne d’électricité, hier midi, pas moyen d’y boire un café, je traverse la ville en direction de l’Agora Café. Passant par la rue de l’Hôpital, j’avise, sur une palissade cachant des travaux, une affichette datant d’avant le premier tour des présidentielles.

                Il y est écrit : « Présidentielle : votez Bayrou, c’est voter Albertini ». Ce n’est pas signé et l’adresse de l’imprimeur a été oubliée mais évidemment cela vient de la gôche locale.

                Sachant ce qui s’est passé entre les deux tours, le mal avisé Albert (tiny), maire de Rouen, trahissant Bayrou au profit de Sarkozy et au deuxième tour, la mal choisie Royal permettant l’élection de ce même Sarkozy, je constate la finesse de l’analyse politique de cette gôche locale et anonyme.

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  •             Début de soirée au Conservatoire de Rouen pour y entendre Françoise Yvart, au piano, un récital intitulé Thème et variations avec successivement les Trente-deux variations de Ludwig van Beethoven, les Variations sérieuses de Félix Mendelssohn, la Deuxième ballade en si mineur de Franz Liszt et les Variations et fugue sur un thème de Haendel de Johannes Brahms ; le tout joué avec brio, sans partitions et vêtue d’une excentrique jupe rouge à volants.

                Le public est un peu clairsemé, c’est bien regrettable pour ceux qui ne sont pas là, d’autant que Françoise Yvart offre ensuite le champagne à tout le monde, apportant elle-même les coupes aux plus timides. Je ne sais pas qui est cette dame, je suppose qu’elle y enseigne au Conservatoire de Rouen, elle est très sympathique.

                Conservatoire que je retrouve hors les murs à vingt-deux heures trente, avec celle qui m’accompagne, pour le spectacle de clôture du festival Voix de Fête, donné à la Halle aux Toiles, la Nuit de la chanson.

                Eh bien, on peut dire que je m’attendais à autre chose, la salle déprimante aux centaines de chaises tristement alignées dont la plupart sont inoccupées, un public composé essentiellement de parents prêts à filmer leur progéniture, un programme pléthorique où figurent les noms de Céline Dion, Calogero, Michel Berger, Serge Lama ou Michel Fugain, la chanson française dans ce qu’elle a de plus insupportable mise au même niveau que celle représentée par Georges Brassens, Serge Gainsbourg, Boris Vian ou Boby Lapointe (avec un seul bé, Boby, pas Bobby comme on l’écrit au Conservatoire), c’est comme à la fête de fin d’année de n’importe quel collège.

                -Je n’ai pas envie de rester là, me dit-elle.

                Je suis bien d’accord. Nous prenons la fuite, bien heureux de nous retrouver si vite au creux d’un lit. 

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  •             Le soleil revenu, passé trois heures à lire en terrasse La Grande Beune de Pierre Michon, édité chez Verdier, l’histoire d’un jeune instituteur nommé dans un coin reculé, fantasmant sur la buraliste du village, hélas éprise d’un autre, ce dont il se venge en collant de sales notes à son enfant qui est aussi l’un de ses élèves. Un histoire de rien du tout donc, mais ce qui fait tout l’intérêt des livres de Pierre Michon, l’auteur des Vies minuscules et de Rimbaud le fils, c’est le style.

                J’étais dans l’âge où l’on croit, écrit-il, n’avoir rien à donner, rien qu’on puisse échanger contre tant de richesses, les cuisses et les seins, les sequins d’or et le cri des jupes, rien, et sûrement pas cette chose incongrue qui vous pousse magistralement au ventre. Et puis j’étais de ces générations absurdes, encombrées, qui imaginent que le désir de vous vient aux femmes sous la réserve qu’on puisse leur parler de choses signalées ou sévères, la chansonnette ou les beaux-arts, la politique, la bouillie de l’air du temps ; ou, si on ne peut leur en parler, qu’on leur marque au moins que tout cela n’a pas de secret pour vous. J’étais joli garçon pourtant, sans doute aimable, et ce qui me poussait au ventre était bien suffisant pour la convaincre – ou l’aurait été plutôt, on va l’apprendre, si son cœur comme on dit n’avait pas été pris. Donc je ne tentai rien…

                Et lisant cette page, me suis dit : Tiens il parle de moi, ou plutôt de celui que j’ai hélas été pendant trop longtemps.

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  •             Invitation au voyage dans le cadre du festival Voix de Fête, en compagnie de l’ancien instituteur Franz Schubert chanté par le chœur de l’Opéra de Rouen dirigé en alternance par Gildas Pungier et Daniel Bargier avec Alice Ader au piano.

                Un moment bien agréable cette présentation  rigoureuse et décontractée des lieder chantés tantôt en chœur mixte, tantôt en chœur féminin, tantôt en chœur masculin (les chanteurs ou chanteuses inemployé(e)s se prélassant dans de profonds canapés) et dirigée de façon bien différente, dans la gestuelle notamment, par les deux chefs de chœur (celui inoccupé faisant le tourneur de page pour la pianiste).

                Parcourant sur le programme la traduction des textes romantiques signés Kleist, Goethe et autres écrivains moins connus, je me suis réjoui de ne pas comprendre l’allemand. L’ignorance est souvent une source de plaisir.

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  •             Pas le choix, pour solder un abonnement pris un peu légèrement en début de saison, avant même d’avoir vu le programme, obligé d’aller voir et entendre Cinéma, pièce de Joseph Danan, auteur contemporain dont j’ignore tout, au Théâtre des Deux-Rives

                Pas plus de cinquante spectateurs dans la salle, ce n’est pas bon signe, et effectivement, il ne me faut pas longtemps pour être dépité. Les dialogues sont indigents, le décor et la mise en scène sans originalité, le public sans réactions.

                De quoi s’agit-il ? Un homme vieillissant (joué par Philippe Lebas), marié évidemment à une très jolie jeune femme (bien interprétée par Isabelle Wéry), et son alter ego (joué par Olivier Saladin, vedette nationale) s’interrogent sur le temps qui passe. L’un comme l’autre n’ont pas le moindre attrait physique mais toutes les jolies filles se précipitent sur eux dès qu’elles les aperçoivent pour les embrasser avidement sur la bouche. Joseph Danan (qui pourrait être l’un d’eux) a des phantasmes convenus et il croit bon de faire don de son cinéma au public contre le prix d’un billet d’entrée au théâtre.

                La pièce dure trois heures trente. La seconde époque doit se dérouler sur un bateau. Avant même que le navire ne prenne la mer, la moitié des spectateurs le quittent, profitant de l’entracte pour fuir.

                Je choisis de rester, en compagnie des vingt-cinq survivants du naufrage.

                Et c’est parti pour deux heures de navigation errante, une jeune fille (bien interprétée par Laure Wolf) qui voyage avec le fantôme de sa mère se jette, quelle surprise !, sur le quinquagénaire déprimé. Le navire dépose celui-ci sur une île. Là aussi il y a une jolie fille qui ne pense qu’à sauter sur cet homme fatigué et disgracieux. C’est comme dans la vie rêvée de Joseph Danan, quoi.

                Des applaudissements polis saluent la fin de l’épreuve.

                Le temps passe, oui, et je viens de gaspiller trois heures de ma vraie vie pour un très mauvais Cinéma.

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