•             Premier tour de ces foutues législatives gagnées d’avance par les sarkozystes. Au lycée Camille Saint-Saëns, je glisse dans l’urne le bulletin de vote portant les noms de Leïla Messaoudi et Virginie Prégny de la Gauche Révolutionnaire, un groupuscule dissident de la Ligue Communiste Révolutionnaire.

                Je vote donc trotskiste, n’ayant pas le moins du monde envie que cette variété de communistes arrive au pouvoir (il n’y a pas de danger), simplement je ne vois pas comment signifier autrement que je ne suis pas d’accord avec le monde tel qu’il est.

                Et puis ça me fait plaisir de voter pour ces deux filles, l’une qui se prénomme Leïla et l’autre qui a la même couleur de peau que ma propre fille.

                Ensuite vacances, je file vers la frontière suisse.

                Au second tour, un mandataire opérera à ma place. En mon nom, il votera pour la gôche : Fourneyron Valérie et son suppléant Robert (tiny), ancien maire de Rouen.

                Le dix-huit juin, j’espère découvrir sur la carte des circonscriptions que celle de Rouen échappe à la tache bleue de la sarkoze.

    Partager via Gmail Yahoo!

  •             Tôt le matin au vide-greniers du quartier Saint-Clément, rive gauche de Rouen, je comptais y croiser le comité de soutien à Baya et Romaïssa, élèves de l’école des Pépinières Saint-Julien, les deux fillettes qui avec leurs parents risquent l’expulsion vers l’Algérie, mais rien de visible, il est peut-être trop tôt

                De retour rive droite, je me rends devant la mairie rouennaise pour soutenir Gracieux, élève de l’école Bachelet, et son père. Ils risquent l’expulsion vers le Congo. Là il y du monde : parents, enseignants, camarades de classe de Gracieux, télévision, radio, journaux, adultes solidaires, et pas moins de trois candidates aux élections législatures : Hélène Klein pour le Parti Communiste, Valérie Fourneyron pour le Parti Socialiste et Laure Leforestier pour le Mouvement Démocrate de Bayrou. Les enfants chantent Nomade de Michèle Bernard, une chanson qui parle du droit des enfants à vivre nomades. Sur la place de l’Hôtel de Ville, un bureau et une chaise vide symbolisent l’absence redoutée de ce petit garçon.

                Une mobilisation qui n’est pas prête de s’arrêter, ici ou ailleurs, car pas un jour depuis les élections présidentielles sans que n’arrivent dans ma messagerie des messages d’alerte du Réseau Education Sans Frontières. Le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale arrête, met en rétention, expulse parents et enfants à flux tendu. Tout est devenu possible.

    Partager via Gmail Yahoo!

  •             Terminé, frileusement assis sous l’auvent du Son du Cor, la lecture d’extraits du Journal de Samuel Pepys, un livre publié autrefois en poche chez Dix/Dix-huit. Un régal cette lecture, cela me donne envie d’acheter l’intégralité de ce Journal écrit de mil six cent soixante à mil six cent soixante-neuf par ce bourgeois londonien qu’était Samuel Pepys.

                Le voici en proie à la tentation, le treize janvier mil six cent soixante-huit : « En revenant en voiture, je me suis arrêté chez mon libraire, où j’ai vu un livre français que je comptais faire traduire par ma femme, L’Eschole des filles, mais, après y avoir jeté un coup d’œil, je vis que c’était l’ouvrage le plus licencieux, le plus impudique qui soit, encore pire que La putana errante. Aussi j’eus honte de le lire et rentrais chez moi. »

                De retour chez le libraire, le huit février mil six cent soixante-huit : «  Après le repas, nous avons pris la voiture ; ils m’ont déposé à la Bourse d’où je suis allé dans le Strand chez mon libraire. J’y suis resté une heure et j’ai acheté ce vilain fripon de livre, L’Eschole des filles. Je l’ai choisi avec une reliure fort ordinaire, bien décidé à le brûler aussitôt lu pour qu’il ne fasse pas partie de la liste de mes livres, ni qu’il puisse déshonorer ma bibliothèque si on venait à l’y trouver. »

                Il n’attend guère pour s’y plonger, le lendemain, neuf février mil six cent soixante-huit : « Ce matin, au bureau, pour travailler et aussi pour lire un peu L’Eschole des filles. C’est un ouvrage fort licencieux mais il n’est pas mauvais, pour un homme sérieux de le parcourir, pour appendre à connaître l’infamie du monde. »

                Le soir même, après avoir relu ce vilain fripon de livre, Samuel Pepys le brûle.

                L’Ecole des filles ou la philosophie des dames a été imprimé à Paris en mil six cent cinquante-cinq par Louis Piot qui dénonça ensuite les deux personnages lui ayant apporté le manuscrit, Jean L’Ange et Michel Millot, le premier passa quatre mois en prison et le second, en fuite, fut pendu en effigie.

                Cet ouvrage figure en bonne place dans ma bibliothèque, dans l’édition en deux tomes parue chez Allia, pas loin des six volumes de L’Arétin (auteur de La putana errante) parus chez le même éditeur, je vais tous les prendre avec moi pour mes prochaines vacances, quel bon moment ce sera de les relire avec mon amoureuse, sur l’herbe montagnarde, avec face à nous l’immense jet d’eau de Genève, permanente éjaculation.

    Partager via Gmail Yahoo!

  •             Là, on y danse, c’est la dernière proposition d’Hervé Robbe qui marque ainsi son retour au plateau, là où dansent lui-même et six danseurs et danseuses du Centre Chorégraphique National du Havre/ Haute Normandie. Dans la salle de l’Opéra de Rouen (là, on y regarde vers la scène),  peu de spectateurs.

                La musique attrayante est signée Romain Kronenberg et complétée par le Concerto pour violon en ré d’Igor Stravinsky, le décor sobre rappelle les études d’architecture d’Hervé Robbe et les esthétiques déplacements des sept interprètes sont purement formels.

                Cela me plaît, comme me plaisent certains tableaux de peinture abstraite, quand il n’y a rien à comprendre, juste à voir.

    Partager via Gmail Yahoo!

  •             Petit groupe hier midi rassemblé devant le Palais de Justice de Rouen à l’appel de la Fédération Anarchiste en soutien à un jeune homme conduit devant les juges pour avoir refusé de se soumettre au fichage génétique lors d’une garde à vue où il avait été placé pour un simple collage d’affiche (eh oui ! comme le rappelle régulièrement les services d’Albert (tiny), maire de Rouen et sarkozyste de la dernière heure, « l’affichage libre est strictement réglementé »).

                Ce fichage génétique autrefois réservé aux délinquants sexuels est maintenant obligatoirement subi par toutes les personnes qui ont à supporter une garde à vue, que celle-ci soit ou non suivie d’une mise en examen. Dommage qu’il n’y ait guère que les anarchistes pour s’en offusquer.

                Pour le jeune homme, cela s’est bien terminé, il a été relaxé, on a donc raison de refuser ce fichage génétique obligatoire, c’est un juge qui le dit et cela montre que l’on n’est pas encore tout à fait dans une société policière.

    Partager via Gmail Yahoo!

  •             Ces trois fonctionnaires pressés qui prennent un café en parlant de mutations, de promotions, de petites ambitions professionnelles. Leur rêve : être nommés aux Sols Pollués ou aux Silos ou à l’Ammoniaque.

                Ces deux professeurs qui discutent en buvant une bière d’un auteur dont ils ont oublié le nom qui a écrit un livre sur Tocqueville évitant d’avoir à lire Tocqueville et qui se félicitent de connaître Foucauld, de savoir ce qu’il pense et de l’enseigner aux élèves sans l’avoir jamais lu.

                Ces deux filles qui sortent du lycée aspirant à la paille un sirop sucré et coloré et qui sont persuadées qu’il y a quelque chose de génial en chacun de nous.

                Bon, moi, je me contente d’écouter et de prendre des notes tout en lisant le Journal de Samuel Pepys.

    Partager via Gmail Yahoo!

  •             Laurence Equilbey et le chœur Accentus invités par l’Opéra de Rouen à nous faire voyager en Allemagne. Deux étapes, la première classique avec des chants signés Max Reger et Johannes Brahms, la seconde contemporaine avec des compositeurs français ayant mis en musique des textes en langue allemande, poèmes de Trakl pour Philippe Manoury et de János Pilinszky pour Bruno Mantovani.

                C’est parfait comme toujours avec Laurence Equilbey. Les applaudissements la ramènent sur scène de nombreuses fois. J’aime la manière énergique dont elle invite d’un grand geste du bras ses choristes à saluer, j’aime moins qu’elle ne s’adresse qu’aux spectateurs de l’orchestre pour annoncer son supplément au programme, je suis au balcon donc je ne sais pas de quel musicien ni de quel morceau il s’agit, tout ce que je sais c’est que c‘est en allemand et que cela termine bien la soirée.

    Partager via Gmail Yahoo!

  •             Chez mon médecin de référence, ou traitant, ou je en sais pas comment on appelle ça, celui auquel je suis attaché par contrat en quelque sorte, si je veux être le moins mal remboursé par la Sécurité Sociale.

                C’est pour une visite de routine. Cela fait sept ans qu’il me connaît. Comme à chaque fois, je dois lui rappeler toutes mes tares congénitales, toutes mes maladies passées. Ne se souvient de rien. Et il y a neuf mois, alors que j’étais bien malade, n’a pas su me soigner, m’a envoyé en urgence au Céhachu où une interne a jugé que c’était n’importe quoi, que je n’avais rien à faire là et m’a donné un traitement qui m’a guéri en quatre semaines.

                C’est un médecin expérimenté, bien connu sur la place de Rouen, en qui je n’ai plus confiance. Comment en changer, en trouver un autre moins inquiétant et qui m’accepte comme malade attitré, j’ai demandé à ma pharmacienne qui m’a donné trois noms. Le premier est toujours sur répondeur, le deuxième surbouqué, la troisième toujours en visite.

    Partager via Gmail Yahoo!

  •             Le premier décembre deux mille cinq, nouvel adepte du livre baladeur tel qu’il est organisé par le site Bookcrossing, j’abandonnais Kyoto de Kawabata Yasunari dans le jardin de l’école de Beaux-Arts. Comme le temps était incertain, je glissais l’ouvrage derrière une poignée de porte afin qu’il ne subisse pas une éventuelle averse de neige. Las, c’était la porte de la bibliothèque et ce qui devait arriver arriva, c’est la bibliothécaire qui découvrit le livre le lendemain m’apprit Bookcrossing :

                Deux décembre deux mille cinq : « Un autre livre sur mon bureau, bien... Pas le temps de lire. Il me faudra donc le garder longtemps, il doit y avoir une sorte de malédiction des bibliothécaires (je suis bibliothécaire de cette école d'art où le livre a été déposé, on a sans doute pensé qu'il me revenait de droit). Non non, moi j'attendais la neige, elle est venue, je l'attends encore, du pain sur la planche, alors Kyoto, les romans japonais... Plus tard. J'ai déjà lu La Danseuse d'Izu, Le Lac, ça ira comme dédommagement ? »

                Plus tard, effectivement, car ce n’est que fin mai deux mille sept qu’elle relâche Kyoto. Un nouveau message sur Bookcrossing m’informe qu’il est désormais entre les mains d’une Parisienne :

                Vingt-quatre mai deux mille sept : « J’ai trouvé ce livre hier dans l'aître Saint Maclou, lors d'une visite à Rouen. Quel merveilleux endroit pour un livre si beau et tellement plein de poésie. J'habite Paris et le laisserai dans un endroit que j'aime dans cette ville. »

    Partager via Gmail Yahoo!

  •             Saint-Etienne-du-Rouvray, son maire qui ne répond pas au courrier que je lui adresse, son directeur de Centre Culturel qui décourage de s’y abonner et, heureusement, son festival de printemps qui transforme le parc Henri-Barbusse en Aire de fête le temps d’un ouiquennede

                Ce samedi, vide-greniers, animations diverses, branlotins qui font des conneries rattrapés par ceux qu’ils appellent les municipaux, quel plaisir dans cette fête populaire de manger une saucisse avec des frites et d’y lécher une glace chocolat pistache, cela me rappelle Val-de-Reuil où j’ai vécu pas mal d’années.

                Les Fatals Picards sont là pour un concert gratuit, bonne occasion pour moi de les revoir. Le fatal chanteur chauve se balade dans le parc, il photographie les oiseaux encagés puis signe quelques autographes pendant que son comparse, le fatal chanteur barbu, fait l’idiot sur un vélo minuscule.

                Tout à l’heure, un lecteur de ce journal de bord est venu me féliciter pour ce que j’ai écrit sur ces zozos lors de leur passage à l’Exo. Je ne le connais pas, il m’a juste reconnu à cause de l’épisode du magasin de la Vierge (voir dans les archives à l’onglet « Chanson »). Je ne sais pas où me mettre dans ce genre de situation, j’ai plus ou moins pris la fuite.

                Tiens, les voici qui s’installent dans le kiosque à musique, les cinq Picards. C’est tout pareil qu’à l’Exo, donc aussi bien. J’adore leur humour méchant et leur gestuelle survoltée. Et je ne suis pas le seul. Un spectateur trop enthousiaste grimpe sur scène et se fait illico jeter par un vigile.

                Celle qui m’accompagne est heureuse de les découvrir en concert mais déçue que sa chanson préférée Je viens d’ici ne soit pas au programme. Je me demande ce qui les conduit, eux comme les autres artistes, à chanter telle ou telle chanson en concert et pas telle autre. Dommage que Je viens d’ici qui allume méchamment les Corses n’y soit pas, ni Cure toujours qui allume méchamment les gothiques, ni La sécurité de l’emploi qui narre si bien la vie des collèges. Dommage qu'en revanche on y trouve Seul et célibataire, la plus faible chanson de leur dernier cédé, et L’amour à la française, leur piteuse chanson d’Eurovision.

                On est bien content quand même et on trouve que ça finit trop vite.

                Pour rester dans l’ambiance populaire jusqu’au bout, on va voir le feu d’artifice tiré dans le bois du Val-l’Abbé.

    Partager via Gmail Yahoo!





    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires