•             Ce matin, je m’apprête à rejoindre le Tribunal Administratif où siège Madame le Juge des Reconduites à la Frontière, pour y soutenir notamment Nadiya, l’une des femmes du Collectif des Sans Papiers de Rouen qui a reçu une Obligation à Quitter le Territoire Français.

                Avant de partir, je feuillette Comment supporter sa liberté, ouvrage de Chantal Thomas publié chez Rivages Poche. En exergue, j’y trouve une phrase signée Baudelaire que je connaissais mais n’avais jamais notée correctement : Parmi l’énumération nombreuse des droits de l’homme que la sagesse du dix-neuvième siècle recommence si souvent et si complaisamment, deux assez importants ont été oubliés, qui sont le droit de se contredire et le droit de s’en aller. C’est tiré de L’Art romantique.

                Il est l’heure, je mets le nez dehors et découvre un magnifique ciel bleu et un soleil bien jaune, rien à voir avec le triste temps d’hier. Plus envie de m’enfermer au Tribunal Administratif, je change d’avis et choisis de m’en aller faire un tour, une bonne occasion d’essayer mes nouvelles vieilles chaussures achetées dimanche au vide-greniers de la Rouge Mare.

                Je vais poster mon bulletin de réabonnement au Matricule des anges, cette bonne revue d’actualité littéraire fabriquée à Montpellier, puis prends le chemin de la rive gauche où se tient le marché, reviens ensuite rive droite pour d’autres courses et après un déjeuner rapide, je me case en terrasse au Son du Cor à l’heure où le soleil se glisse entre deux immeubles. Là, j’écris à celle qui pense à moi à Paris, puis lis Comment supporter sa liberté.

                De retour chez moi, je téléphone à la Préfecture de l’Isère pour protester contre le projet d’expulsion de Madie Fofana qui vient d’avoir vingt ans et est, depuis le deux octobre, enfermée au centre de rétention administrative de Nîmes, menacée d’être envoyée à tout instant au Sénégal où l’attend un mariage forcé. Pour faire bonne mesure, j’envoie un mail à Michel Morin, le Préfet, qui peut la régulariser en application du décret du treize septembre deux mille sept, relatif à l’admission au séjour, à la protection, à l’accueil et à l’hébergement des étrangers victimes de la traite des êtres humains.

                Je ressors et tente ensuite d’échanger ma place à l’Opéra pour le concert d’Accentus, ce soir, contre une meilleure, en vain. Au retour, sur le parvis de la Cathédrale, je discute avec un étudiant en médecine en grève qui manifeste avec bon nombre d’autres internes et externes contre les projets Sarkozy, déconventionnement et cætera, des banderoles dans les arbres et au sommet des ruines du Palais des Congrès expliquent le danger pour les futurs malades puis je dois rentrer pour écrire tout ça.

                Ainsi va ma vie.

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  •             Florimond Guimard est professeur des écoles à Marseille. Ce lundi vingt-deux octobre deux mille sept, il passera en procès après avoir manifesté avec deux cents autres personnes, à l’appel du Réseau Education Sans Frontières, à l’aéroport de Marignane, le onze novembre deux mille six, afin de s’opposer pacifiquement à l’expulsion d’un père de famille sans papiers dont les enfants sont scolarisés dans l’école où il enseigne.

                Il est accusé de « violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique, en réunion, avec arme par destination ». L’arme en question est sa voiture.

                Selon la loi, il risque trois ans d’emprisonnement et quarante-cinq mille euros d’amende. Condamné, il perdrait son travail.

                Ce samedi vingt octobre deux mille sept, à quinze heures, je serai, à l’appel du Réseau Education Sans Frontières, devant le Palais de Justice de Rouen pour demander l’arrêt immédiat des poursuites contre Florimond Guimard et plus généralement l’arrêt immédiat des poursuites contre toutes les personnes poursuivies en raison de leur soutien aux Sans Papiers, pour protester contre la criminalisation de toute action militante de solidarité.

                Aujourd’hui, face aux menaces contenues dans l’article L six cent vingt-deux un du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile : « Toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irréguliers, d’un étranger en France sera punie d’un emprisonnement de cinq ans et d’une amende de trente mille euros. », je signe, en ligne, sur le site du Réseau Education Sans Frontières, Le Manifeste des Innombrables :

                « Je déclare comme des milliers d’autres personnes résidant en France avoir soutenu, soutenir actuellement et/ou être prêt à soutenir un jeune majeur scolarisé, un enfant et sa famille sans titre de séjour pour leur permettre de poursuivre leur vie en France dans la dignité.

                Au nom de l’Humanité, je continuerai à aider des personnes dites sans-papiers à faire face aux décisions arbitraires et brutales qui brisent leur avenir et violent leurs droits fondamentaux.

                Je déclare refuser de me plier à des mesures indignes et inhumaines et agir ainsi, comme d’autres innombrables l’ont fait en d’autres périodes de l’histoire, en accord avec les principes du droit international qui protègent les migrants, les droits de l’enfant et la vie privée et familiale, comme avec les valeurs universelles de fraternité, d’égalité, de liberté et d’accueil dont se réclame notre République. »

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  •             Il fait nuit, déjà debout, je sors, avec celle qui m’accompagne, dans ma ruelle qui, ce dimanche matin, sent vraiment la pisse. Ces fanatiques du rugby ne peuvent-ils pas pisser leur bière là où ils la boivent, sur les murs du O’Kallaghan’s, pour ceux qui se servent à la pompe, et sur ceux de l’Hôtel de Ville, pour ceux qui vident leurs cannettes en regardant la grosse télé d’Albert(tiny), maire de Rouen ?

                Nous nous dirigeons vers le vide-greniers de la Rouge Mare organisé par la sympathique association du quartier.

                La présence des cabanes de chantier consécutives aux travaux de la rue Beauvoisine et du Théâtre de la Chapelle Saint-Louis, ainsi que les cafouillages municipaux ayant empêché l’interdiction de stationner le long de la place (encore Albert) gênent les vendeurs qui néanmoins s‘installent dans une atmosphère décontractée.

                Voici un étalage où plusieurs dizaines de livres me font signe, je suis le premier sur le coup, pour une fois nul bouquiniste ne me concurrence et les prix sont plus que doux. C’est comme ça que je me retrouve propriétaire d’un plein carton de livres alors que le jour se lève.

                Nous regagnons le logis pour y déposer le butin, c’est elle qui porte le carton avec ses petits bras musclés.

                Nous ressortons pour profiter du soleil automnal, direction le Clos Saint-Marc et son fameux marché. Là aussi les livres sont de sortie, comme chaque fois que la pluie n’est pas à craindre. Je n’achète rien, je me contente de discuter avec l’un des bouquinistes qui m’explique sa philosophie de sa vie, ne jamais s’engager dans quelque chose qui vous bloque même si on ne fait rien de sa liberté préservée. Je ne peux qu’être d’accord avec lui.

                Direction une table au soleil à l’une des terrasses voisines, une fougasse achetée au passage, c’est bien l’heure de boire un kir en grignotant ce pain provençal, d’autant que là aussi la population semble de bonne humeur.

                L’après-midi arrive vite et me voici sans elle, repartie à Paris, je repasse par la place de la Rouge Mare, on ne sait jamais, et je fais bien car en discutant avec un vendeur le prix d’une paire de chaussures, je découvre chez ses voisines, bien caché, le catalogue de l’exposition Picasso érotique, vue en deux mille un, au musée du Jeu de Paume. La discussion est rude avec le vendeur appelé par sa femme grâce à un téléphone portatif, je l’emporte pour son quart de prix, bien content.

                En repartant, je croise Albert (tiny), maire, dans son éternel costume gris, venu se faire voir dans cet endroit animé (ça fait peuple), les municipales approchent, hier au Son du Cor où je prenais un café verre d’eau, pas très loin mais suffisamment pour que je n’entende rien, se tenait un colloque entre Guillaume Grima (groupuscule des Verts) et Valérie Fourneyron (députée socialiste) qui va (peut-être) prendre la place d’Albert en mars prochain, elle mangeait un pain bagnat (ça fait peuple).

                Arrivé chez moi, je note dans mes petits carnets les titres et auteurs des livres achetés le matin :  Lucy et Hôtel de la Lune oisive de William Trevor (chez Phébus), Une couronne de roses et Chez Mrs Lippincote d’Elisabeth Taylor (chez Rivages), Le Destin de Mr Crump de Ludwig Lewisohn (chez Phébus), Love d’Angela Carter (chez Christian Bourgois), Gloria de Mark Coovelis (chez Belfond), La fenêtre de Mario Soldati (au Promeneur), Les amants du Spoutnik de Murakami Haruki (chez Belfond) et Les lettres de Capri de Mario Soldati (chez Autrement), un livre superbement illustré d’une photo prise vers mil huit cent cinquante-cinq par Louis-Camille d’Olivier, représentant une colonisée nue. En page de garde de plusieurs de ses livres, des notes sur l’endroit où ils ont été achetés (L’Armitière à Rouen, La Hune ou L’Ecume des Pages à Paris), lus (Bordeaux, Paris, Rouen, Audierne) et dans quelles circonstances (Jules en examen à Lille), l’un porte une dédicace de Jules à Pétronille. Deux questions me trottent dans ma tête, l’une concernant les vendeurs (pourquoi se débarrasser ainsi de livres emplis de souvenirs ?) et l’autre concernant l’acheteur (quand trouverai-je le temps de lire tout ça ?).

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  •             Je suis, avec elle, à neuf heures moins cinq, rue du Bec, ce samedi soir. Déjà sont là quelques personnes qui savent ce qui va avoir lieu. Il en est aussi qui passent par hasard et demandent : C’est quoi ce truc ? Il y a encore les amoindris du cerveau qui déboulent en meute en hurlant : Allez les Bœufs, allez les Bœufs ! Ces derniers vont vers l’Hôtel de Ville où Albert (tiny), maire de Rouen, a installé son écran de télé grandes dimensions, ils sentent le tricolore et la bière, heureusement ils ne font que passer et ne dérangent pas La Marea.

                C’est le festival Automne en Normandie qui occupe l’espace public avec ce spectacle gratuit d’origine argentine, joué pour la première fois en France, à Rouen, après Buenos Aires, Bruxelles, Berlin, Riga et Dublin. Du théâtre de rue donc, avec en parallèle neuf sketches présentant des scènes de la vie quotidienne (rendez-vous raté, couple à la dérive, femme abandonnée, accident de la route, fête dont l’un se sent exclu, jeune fille ne trouvant pas le sommeil, et cætera). Ces scénettes se tiennent dans les magasins (Printemps, Habitat, boutique vidéo), sur un balcon ou sur le macadam. Des surtitrages racontent chaque histoire en donnant accès aux pensées secrètes et aux fantasmes des personnages qui sont interprétés par des élèves du Conservatoire de Rouen et leur professeur. Toutes les dix minutes, les neuf scènes sont rejouées, cela pendant quatre-vingts minutes. On ne peut donc en suivre que huit sur neuf et c’est bon de rester sur sa faim.

                -C’est vraiment réaliste, me dit-elle, et je trouve ça rassurant.

                -Rassurant ?

                -Oui, c’est rassurant de voir qu’on n’est pas la seule à avoir ce genre de pensées et à vivre ce genre de situations.

                Je lui dis que je trouve ça, quant à moi et pour les mêmes raisons, tout à fait désespérant.

                Autant dire que je passe une bonne soirée et celle qui m’accompagne aussi.

                Il y a deux ans, elle était avec moi à Sotteville-lès-Rouen lors du festival de théâtre de rue Vivacité pour une déambulation semblable dans les rues d’un quartier, cela s’appelait Le safari de la vie intime, c’était le même principe, sauf que les comédiens de la troupe Opéra Pagaï se parlaient  et que le quartier était fermé à la circulation. Ici, n’importe quel pleupleu passe et ça donne de bons moments. Ah, les encapuchonnés de banlieue devant la vitrine du Printemps où la demoiselle en nuisette se tourne et se retourne dans son lit !

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  •             Je suis, à neuf heures moins cinq, devant la Halle aux Toiles, ce samedi matin. Déjà sont là quelques têtes connues de bouquinistes ou semi-bouquinistes. Dès l’ouverture des portes, je me dirige vers les livres au format de poche d’où j’extrais pour elle et pour moi quelques titres. Ensuite, je tourne autour des tables où se mêlent, sous le terme « Romans », le pire et le meilleur de la littérature (surtout le pire).

                J’y trouve Le Rivage des Syrtes de Julien Gracq, publié chez José Corti, avec ses pages coupées une à une par le lecteur ou la lectrice qui en a fait don à Amnesty International, (comment se fait-il que ce livre ne soit pas encore dans ma bibliothèque ?) et aussi Mensonges de femmes de Ludmila Oulitskaïa, paru en avril deux mille sept chez Gallimard au prix de seize euros cinquante et vendu là un euro (une affaire vraiment), enfin Journal d’une femme adultère de Curt Leviant chez Anatolia, vingt-cinq euros en avril deux mille sept, deux euros chez Amnesty (la librairie éphémère la moins chère de Rouen).

                Des livres pour quelques picaillons et une bonne action, j’avoue que ce sont les livres qui m’amènent ici.

                Neuf heures et demie, la Halle aux Toiles est bien achalandée, une bonne centaine d’aspirants lecteurs et de potentielles lectrices s’ajoutant aux marchand(e)s, se croisent et se recroisent, sans se voir, les yeux sur les tables, et je ne suis pas le dernier à ignorer les autres. Il règne un silence digne d’une église, même les deux mouflets présents sont calmes et se contentent de chantonner.

                Dix heures et quart à ma montre quand je considère avoir fait le tour des vingt mille livres à vendre. Je regarde autour de moi : tout ce qui a la moindre valeur littéraire ou commerciale est entre les mains des gens qui se lèvent tôt, en hautes piles instables parfois. Pour celles et ceux qui ont un peu traîné au lit et arrivent seulement maintenant ne restent que le deuxième et le troisième choix. Je paie et laisse mon adresse pour être prévenu de la prochaine vente.

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  •             En route pour le Rive Gauche de Saint-Etienne-du-Rouvray pour y découvrir Heiner Goebbels et son Max Black, premier spectacle qui me tente dans la nouvelle édition d’Automne en Normandie. Le public n’est pas autorisé à entrer dans la salle avant la dernière minute, cela grouille de branlotins et de branlotines des classes théâtre, surtout des filles, impossible pour elles de ne pas se déplacer en grappe, même aux toilettes elles entrent à quinze.

                Enfin, les portes s’ouvrent. Je trouve ma place et chacun(e) en fait autant pendant que Max Black, joué par André Wilms, déambule en se livrant à des calculs obscurs sur la meilleure façon d’asseoir tout ce monde dans la salle.

                Max Black a réellement existé, me dit le programme, philosophe et mathématicien, il est mort et ne peut donc se plaindre du personnage de savant dérangé qu’a fait de lui Heiner Goebbels. Ce même programme m’allèche avec trois citations de Ludwig Wittgenstein, Georg Christoph Lichtenberg et Paul Valéry, suit la déception.

                C’est du théâtre musical, le comédien fait le savant fou. Muni d’un micro, il déraisonne, ses délires sont repris grâce à un sampleur, le bruit du moindre objet est amplifié, des feux d’artifices se déclenchent régulièrement. Techniquement, c’est irréprochable.

                Au bout d’une heure quinze, Max Brod, joué par André Wilms, après avoir déclaré qu’il ne faut pas s’asseoir à côté de sa chaise, s’assoit à côté de sa chaise et disparaît sous la table, le noir se fait, c’est fini.

                Je n’aime pas ce théâtre sans fond, où tout n’est que forme, dont on ressort avec rien dans la tête, mais comme tout le monde, j’applaudis bien fort la prouesse technique et je rentre chez moi en me disant qu’encore une fois, j’ai choisi la mauvaise pièce (pour moi du moins).

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  •             Aux aurores, ce matin, redescendant la rue Beauvoisine après avoir fait quelques photocopies chez Copyfac, je m’arrête devant la vitrine de la bouquinerie de Joseph Trotta et qu’y vois-je, le Poésie/Gallimard consacré à Ghérasim Luca, qui contient Héros-Limite suivi du Chant de la carpe et de Paralipomènes. Je me promets de repasser dans l’après-midi pour l’acheter.

                A midi, la factrice m’apporte le numéro Spécial Bizarre de Supérieur Inconnu. C’est ce qu’André Breton appelait un hasard objectif. J’ai découvert Ghérasim Luca par l’intermédiaire de Sarane Alexandrian, ami d’André Breton après la deuxième guerre mondiale et directeur de Supérieur Inconnu.

                Un superbe numéro que ce Spécial Bizarre dans lequel on croise entre autres le poète Stanislas Rodanski, Pierre Pinoncelli (le hors-l’art-loi, comme le nomme Alexandrian), Andrea G. Pinketts (l’auteur de romans noirs) et Eduardo Kac (bioartiste et biopoète). Je figure également au sommaire (moi qui ne suis pas le plus bizarre) pour un texte intitulé Un dimanche parmi les morts. C’est un grand plaisir de collaborer à Supérieur Inconnu.

                Cet après-midi, je vais donc chez Joseph Trotta et y achète le Poésie/Gallimard consacré aux écritures de Ghérasim Luca. On y trouve notamment Passionnément, ce poème d’amour que je ne me lasse pas d’écouter car Luca, il faut l’entendre dire ses textes, et par bonheur Passionnément se télécharge facilement sur Internet, un enregistrement précieux de celui qui, après avoir été expulsé de son appartement, s’est suicidé en se jetant dans la Seine, à Paris, le neuf février mil neuf cent quatre-vingt-quatorze, à l’âge de quatre-vingts ans, après avoir vécu quarante ans en France, sans papiers.

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  •             J’arrive à la mairie un peu en avance comme je sais si bien le faire, demande à l’accueil où ça se passe et me voici assis sur un banc moelleux face au salon Louis le Seizième dans lequel la République va honorer ce jeudi les élèves sorti(e)s, après cinq ans d’étude, de l’Ecole des Beaux-Arts de Rouen muni(e)s d’un beau Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique, option Art. Ils et elles sont onze, deux ont échoué et redoublent.

                L’un des diplômés, arrivé en éclaireur, sort du talon de ses chaussures une roulette qui lui permet de profiter de la longueur du couloir de l’Hôtel de Ville pour roller tout à son aise. Survient un huissier qui rabroue l’intrépide et lui ordonne de rentrer ses petites roulettes.

                Les portes du salon s’ouvrent au moment où arrive la troupe des beauzarteux et beauzarteuses. Nous voici sous les lustres. Albert (tiny), maire, étant retenu par le conseil d’administration de l’Opéra (ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre), c’est Catherine Morin-Dessailly, adjointe chargée de la Culture, qui félicite les sortants et encourage les arrivants. François Lasgi, directeur de l’Ecole Régionale des Beaux-Arts, dit du bien de son école et invite à visiter l’exposition des travaux des élèves diplômés, des travaux regroupés sous le titre L’avenir dure longtemps, un mensonge (ça c’est moi qui le dis) emprunté à Louis Althusser, philosophe marxiste ayant étranglé sa femme au soir de sa vie. Il souhaite aux diplômés un sort meilleur et invite à se diriger vers le buffet.

                Le deuxième acte se déroule dans les locaux de l’Ecole des Beaux-Arts, à l’Aître Saint-Maclou, où je découvre les œuvres des onze diplômés. Des travaux scolaires évidemment. Et sous influences forcément. Je n’en dis pas plus, j’ai trop tendance à décourager la jeunesse. Juste un mot de l’installation vidéo de Lin Ran qui me semble plus aboutie : trois écrans se font face en triangle (si je puis dire), sur chacun piétinent une ou deux demoiselles soliloquant.

                Le troisième acte tombe à l’eau. Le groupe Nina Bobsing n’est pas là pour le concert annoncé, retenu à Toulouse par des engagements imprévus. Dommage, quand il était aux Terrasses du Jeudi en juillet dernier, j’ai un peu bâclé l’écoute de sa musique, j’aurais pu me rattraper ce jeudi soir et puis ça aurait fait du bien à tous ces jeunes gens et jeunes filles des Beaux-Arts, un peu de musique, d’autant que l’un des musiciens de Nina Bobsing est ancien élève de l’Ecole, qui comme toutes les écoles, mène à tout.

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  •             Quand je pense qu’on aurait pu l’avoir comme présidente, cette consternante Marie-Ségolène, à la place de ce désolant Sarkozy et que même j’ai voté pour elle, bien obligé, au deuxième tour des présidentielles, préférant tout de même la peste au choléra, elle n’en manque pas une, vraiment, je note la dernière qui me plaît beaucoup, c’est à propos du  « dégueulasse », commentaire de l’instrumentalisation de l’immigration par Fadela Amara, une égarée devenue sous-ministre du Tout Puissant de la République qu’elle a dit ceci, Marie-Ségolène : « Un ministre de la République doit veiller à s'exprimer de façon respectueuse et en bon français ».

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  •             C’est l’Opéra de Rouen qui organise et c’est le Conservatoire qui accueille (on y est mieux qu’à la Halle aux Toiles où avaient lieu l’an dernier les concerts de musique de chambre). C’est une soirée Maurice Ravel et Thierry Pécou.

                Le défunt Maurice Ravel, avec la Sonate pour violon et violoncelle en ut majeur, dont le dernier mouvement s’orne de citations de chansons enfantines qui me rappellent mon ancien métier, et avec le Quatuor à cordes en fa majeur, une œuvre de jeunesse qui ne manque pas de virtuosité avec notamment sa série de pizzicati du deuxième mouvement, encadre le bien vivant Thierry Pécou dont on joue Quelqu’un parle au tango, pour clarinette, basse, violon, violoncelle, piano et percussions, une musique endiablée et paroxystique que je découvre avec plaisir. Le fond de scène est éclairé en rouge et c’est bien la couleur qui convient aux deux compositeurs. Grands applaudissements pour les musiciens. Thierry Pécou vient saluer sans façon. J’aime cette discrétion.

                Auparavant, dans l’après-midi, suis passé par le Pôle Image pour dire bonjour à Barbara Pellerin. Cela m’ennuie de lui avoir fait de la peine avec mon petit point de vue sur ses photos de l’usine Badin de Barentin mais comme je le lui ai dit, qui expose s’expose. On a discuté de cela et, au moment où je partais, elle m’a dit :

                -Je vais vous offrir le catalogue de mon exposition.

                -Je ne pense pas que je le mérite, ai-je objecté.

                -Comme cela, m’a-t-elle répondu, vous pourrez lire la postface d’Emmanuel Hermange et mieux comprendre mon travail.

                Je sais qu’elle a surtout voulu me faire un cadeau.

                En rentrant du concert Ravel Pécou, je me souviens de la présence dans ma discothèque du disque de Daniel Fernández (devenu ensuite Nilda Fernández), ancien professeur d’espagnol dans cette ville où, comme il le chante, Y a une statue verte de la Liberté/ La même qu’à New York/ Mais en papier mâché. C’est une chanson persifleuse intitulée Soixante-seize mille trois cent soixante, autrement dit : Barentin. Elle date de mil neuf cent quatre-vingt-un. Ce matin, je la lui envoie, à Barbara Pellerin, cette chanson.

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