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Que puis-je faire par ce temps de pluie diluvienne ? Eh bien, me plonger dans le Journal de cette langue de vipère d’abbé Mugnier, l’ami des écrivains et le confesseur des duchesses, une sorte de Léautaud en soutane. Son journal est publié par le Mercure de France, dans la collection de poche Le temps retrouvé. Evidemment, je prends des notes :
Dix juillet mil huit cent quatre-vingt-onze : Huysmans … m’a donné des détails sur la sodomie à Paris. Elle existe et tend même à se développer. Les forts de la halle pratiquent la chose. Il y a, rue des Vertus (quelle ironie que ce mot !), un bouge où ils se réunissent pour s’y souiller de la sorte. Huysmans y a rencontré non sans surprise, un auteur dramatique connu. Quant à Pierre Loti, il est notoire qu’il est coupable du fait avec « mon frère Yves » qu’on habille de soie à cet effet. Zola était chaste, avant de se faire maigrir. Depuis il a changé étonnamment. Il a enlevé une bonne à qui, je crois, il a fait un enfant.
Vingt-six avril mil huit cent quatre-vingt-seize : Renan couchait avec sa sœur : Lockroy aurait avoué qu’il aurait donné à Renan la croix de commandeur ; en souvenir des exploits érotiques de l’auteur de La vie de Jésus avec sa sœur Henriette sous la tente.
Vingt novembre mil huit cent quatre-vingt-seize : Hier soir Huysmans m’a raconté « la luxure porcine » de Guy de Maupassant. Un jour, dans un dîner de quatorze personnes (Huysmans en était), Maupassant se vanta de lasser une femme. On se rendit (les quatorze) rue Feydeau et devant tous, Maupassant se mit à poil et fit cinq fois la chose avec une femme. Flaubert était là qui surveillait et s’amusait beaucoup de tout cela. Les audaces lubriques de Maupassant charmaient Flaubert qui disait : « Ça me rafraîchit ».
Cette dernière anecdote, les affreux frères Goncourt la racontent également dans leur Journal. Pour en revenir à l’abbé, il en a d’autres concernant Jean Lorrain, Victor Hugo ou d’anonymes confessées, je ne peux pas tout recopier ici.
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