•             A mon retour de vacances, l’un de mes lecteurs m’apprend qu’un autre artiste vient d’être victime du moralement correct.

                Cela se passe à la Foire Internationale d’Art Contemporain (Fiac). Les douaniers sont sur place pour faire leur travail de douanier et aperçoivent les photos d’Oleg Kulik. Ils préviennent le Parquet (de quoi je me mêle ?) qui envoie les policiers décrocher certaines, jugées pornographiques et zoophiles.

                « Les photographies ont été soustraites à la vue d'un public non averti, notamment les mineurs », disent les autorités judiciaires.

                Pour faire bonne mesure, les propriétaires de la galerie moscovite XL, Elena Selina et Serguei Khripoun, sont emmenés au commissariat du huitième arrondissement avec les photographies de Kulik. Ils n’en ressortent qu’à vingt et une heures, après que Martin Bethenod, directeur de la Fiac, se fut rendu à leur secours.

                Lequel déclare : « Ces images ont un statut artistique incontestable puisqu'elles sont montrées, achetées, présentées, éditées depuis les années mil neuf cent quatre-vingt-dix », des propos que je trouve pour le moins maladroits.

                Finalement, les œuvres d’Oleg Kulik sont restituées aux organisateurs.

                Ce genre d’évènement ne se passe donc pas qu’en province et la protection des mineur(e)s sert à chaque fois d’alibi. Des mineur(e)s à qui il était loisible l’été dernier d’acheter, dans toutes les Maisons de la Presse, le numéro spécial de Beaux Arts Magazine consacré aux grands scandales de l’art. On y trouve, page quatre-vingt-quatorze, une photo d’Oleg Kulik avec son chien.

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  •             L’Automne en Normandie, pour moi ça commence ce vendredi, à peine revenu des châteaux de la Loire. Pour elle aussi, qui devait voir la Blanche Neige d’Angelin Preljocaj à Paris et l’a manquée pour cause d’endormissement profond. Je la laisse à regret attendre un billet du dernier quart d’heure à cinq euros et me case au premier balcon, mauvaise place côté jardin, sans savoir si c’est seul ou à deux (mais séparé d’elle) que j’assiste au spectacle ce soir.

                Blanche Neige, une histoire pour les Ballets de Monaco, me dis-je dans l’expectative. « Comme tout le monde, j’adore les histoires » raconte Preljocaj en guise de justification. Comme tout le monde ? Et moi qui ai de plus en plus de mal à lire un roman jusqu’au bout ! Je ne parle pas des contes.

                Evidemment, c’est mieux que les Ballets de Monaco, les Ballets Preljocaj. Quelques scènes valent le coup, notamment l’assassinat à la pomme. Dommage que toute l’histoire n’ait pas été tirée vers cette cruauté. Trop de cucuteries romantiques en font un spectacle tout public, bien dans l’air du temps, donc pas très intéressant pour moi qui aime être dérangé ou dé-rangé. Il faut aussi supporter les costumes signés Jean-Paul Gaultier, notamment celui de la marâtre très Halloween (c’est le bon soir), mais les décors et la scénographie de Thierry Leproust sont bien et la musique est piquée à Gustav Mahler.

                Mal placé comme je suis, certaines scènes importantes m’échappent, dansées et jouées décentrées. Mes voisin(e)s se tordent le cou pour essayer de voir quelque chose. Je ne les imite pas. Je laisse tomber. Un scénographe qui ne se soucie pas d’un cinquième de son public ne mérite pas d’effort.

                Le public d’Automne en Normandie est ravi. A la fin, il applaudit fort. Je n’ai pas trouvé ça nul. C’est ce que je lui dis, quand je la retrouve à la sortie, beaucoup plus contente que moi.

                -C’est bien qu’on ne soit pas toujours du même avis, me dit-elle.

                -Je trouve inquiétant, lui dis-je, qu’un artiste juge bon de raconter aujourd’hui ce genre d’histoire anodine, surtout quand ses parents ont fui l’absence de liberté d’expression d’un pays totalitaire. Cette Blanche Neige a sa place dans une société qui ressemble à celle de la défunte Yougoslavie.

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  •             Tiens c’est l’automne, la saison des forêts colorées, si on allait faire un tour du côté de la Sologne et de la Touraine. C’est comme ça qu’elle et moi, nous partons sur les routes pour moins d’une semaine avec nuitées dans des chambres d’hôtes campagnardes.

                Une première escale à Chartres et puis à nous la vie de château : Amboise (salut à Leonardo da Vinci), Chenonceau, Blois et Chambord, ce dernier sous la neige et rien que pour nous deux, avec de-ci de-là des cheminées allumées où se réchauffer.

                Retour par le chemin de traverse, avec bonus château à Anet, celui de Diane de Poitiers.

                Tout cela a une certaine logique, et comme on sait rester simples, pour le dernier déjeuner c’est Chez Annie, restaurant routier à Ezy-sur-Eure.

                -Bonjour les enfants, vous êtes les premiers, installez-vous où vous voulez, nous dit Annie, à peine la porte poussée.

                On se sent tout de suite chez nous.

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