• Lundi matin, avant dix heures, je gare ma voiture sur le parquigne d’Electro Dépôt près du rond-point aux Vaches, avec moi celle qui est toujours prête à m’aider. Il s’agit d’acheter un téléviseur (comme on disait autrefois) en remplacement de celui en panne depuis plusieurs mois.

    C’est qu’il me faut un certain temps pour me résoudre à ce genre de démarche. Ainsi, mon téléphone aux mains d’Orange ne fonctionne pas depuis son installation il y a je ne sais combien de mois et je n’ai toujours pas appelé la ligne chaude. Aujourd’hui, j’ai le courage d’acheter une télé.

    Conséquence des prix bas d’Electro Dépôt, l’absence de vendeurs m’évite le baratin. J’ai deux impératifs, quatre-vingts centimètres de diagonale et deux prises Péritel. C’est vite choisi. Elle m’aide à poser mon acquisition sur le chariot idoine.

                La chose déchargée à la maison, je la reconduis chez ses parents avec dans le coffre une bonne partie de ce qu’elle a réussi à rapporter seule de Paris quand elle a fui les Thénardier.

                En début d’après-midi, j’installe ma nouvelle télévision à écran plat, pas surpris d’avoir du mal à visser le pied. Elle branle un peu mais personne n’ira y toucher.

    Une fois la sélection automatique des chaînes arrivée au bout de ses peines, je mets en route. Grâce à la Téhenneté, j’ai un choix d’idioties considérablement augmenté. Néanmoins, peut-être par suite d’une défaillance de l’antenne collective, pas de signal (m’écrit mon téléviseur) pour capter Téheffun, ce qui m’évitera de tomber au plus bas.

    Je songe soudain à J’suis heureux, la chanson de Jacques Debronckart J’ai la télévision, les deux chaînes, la couleur… pas entendue depuis si longtemps. J’arrête ma nouvelle télévision et vais voir sur Internet si je la trouve, évidemment oui.

    Me voici chez mes parents en mil neuf cent soixante-dix, m’emmerdant sans doute le samedi dix janvier et regardant Debronckart dans l’émission Samedi et compagnie interpréter sa chansonnette de soixante-neuf à la télévision:

    J'ai la télévision, les deux chaînes, la couleur/ J'ai ma voiture et la radio à l'intérieur/ Mon log'ment qui prend tous les jours de la valeur/ Et l'espoir de gravir l'échelon supérieur/ J'suis heureux.

    Mardi matin, j’envoie le lien vers J’suis heureux à celle qui doit me rejoindre la nuit venue. « Whaou elle est vraiment bien cette chanson...incroyable que ce soit en soixante-neuf !!! » me répond-elle avec son enthousiasme coutumier. « N'oublie pas que l'année précédente, c'était soixante-huit ! » lui dis-je en réponse.

    Jacques Debronckart est mort le vingt-cinq mars mil neuf cent quatre-vingt-trois, d’un cancer, à quarante-neuf ans.

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  • Ces jours qui suivent Noël et précèdent l’An neuf, quand (seul ou accompagné) je parcours Rouen le matin tôt, l’air désolé qu’ils ont, comme des lendemains de guerre ou de catastrophe naturelle.

    Les marchés y sont étiques, les passants vieillissants, les rues encombrées d’emballages de cadeaux qu’on devine décevants. Bientôt les rejoindront les cadavres des sapins.

    Les après-midi, eux, grouillent de monde. Les familles sont toujours dans la course. aux bras des pères et mères sacs en papier et sacs en plastique. La marmaille court devant et va se faire écraser. Dans les boulangeries, certaines prennent de l’avance avec la galette des rois, il faut bien occuper les jours de vacances. Les branlotin(e)s, orphelin(e)s, errent sans but, que peut-on faire d’autre à Rouen quand y a pas d’école.

    Quelques costumes cravates ne lâchent pas l’affaire, le téléphone vissé à l’oreille. L’un me suit bruyamment, à qui je dirais bien d’aller travailler ailleurs :

    -Oui, ça a été dur cette année, le comptable ne m’a pas encore donné tous les chiffres mais c’est pas brillant.

    « Vivement deux mille dix » conclut-il imprudemment.

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  • Autre lecture d’été, le Journal de Gouverneur Morris, ministre plénipotentiaire des Etats-Unis en France pendant la période révolutionnaire, dont le texte jusque-là inédit a paru en deux mille deux dans la collection de poche Le Temps retrouvé au Mercure de France. Mes brins d’herbe marque-pages y sont au nombre de cinq. J’aime bien Gouverneur Morris qui n’a pas la moindre illusion sur le genre humain et porte un regard acéré sur la France et ses habitants (Gouverneur est son prénom, hérité du nom de jeune fille de sa mère, une coutume locale). Parfois dans son Journal, on croise William Short (l’amant de la duchesse de La Rochefoucauld). Gouverneur, lui-même, est un grand séducteur, malgré ou grâce à sa jambe de bois.

    Premier brin d’herbe, Il serait, en effet, ridicule, que ceux qui affectionnent de ne pas croire en Dieu crussent en l’homme, écrit Morris le dix-sept avril mil sept cent quatre-vingt-neuf.

    Deuxième brin d’herbe, le vingt-deux juillet de la même année : Je me promène ensuite au Palais Royal, en attendant ma voiture ; on y amène en triomphe la tête et le corps de M. Foulon, la tête sur une pique et le corps traîné nu par terre. Cette horrible exhibition est ensuite promenée à travers les différentes rues. Son crime est d’avoir accepté une place dans le ministère. Ces restes mutilés d’un vieillard de soixante-dix ans sont montrés à son gendre, Berthier, intendant de Paris, qui est lui-même tué et coupé en morceaux. La populace promène les débris informes avec une joie sauvage. Grand Dieu ! quel peuple !

    Troisième brin d’herbe, le vingt et un octobre de la même année : La populace a pendu un boulanger ce matin, et tout Paris est sous les armes. Le pauvre boulanger a été décapité selon l’usage et porté en triomphe à travers les rues. Il avait travaillé toute la nuit en vue de fournir la plus grande quantité possible de pain ce matin. On dit que sa femme est morte d’horreur quand on lui eut présenté la tête de son mari au bout d’une perche. Il n’est sûrement pas dans l’ordre de la Providence de laisser de telles abominations sans châtiment. Paris est l’endroit le plus pervers qui puisse exister. Tout n’y est qu’inceste, meurtre, bestialité, fraude, rapine, oppression, bassesse, cruauté ; c’est cependant la ville qui s’est faite le champion de la cause sacrée de la liberté.

    Quatrième brin d’herbe, le dix-neuf septembre mil sept cent quatre-vingt-onze : Lady Hamilton chante, et joue en chantant, avec une perfection que je n’ai encore jamais vue. C’est vraiment une femme des plus charmantes, mais elle a un peu l’air de son ancienne profession.

    Dernier brin d’herbe, le six septembre mil sept cent quatre-vingt-douze : Rien de nouveau aujourd’hui. Les assassinats continuent et les magistrats jurent de protéger les personnes et les propriétés. Le temps est agréable.

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  • Jour de Noël, jour de rien à faire, je range un peu et notamment mes lectures de l’été dernier quand j’étais avec la clave cassée plus ou moins prisonnier de mon jardin. Parmi celles-ci, les Lettres de la duchesse de La Rochefoucauld à William Short, inédit paru au Mercure de France dans la collection de poche Le Temps retrouvé où j’ai glissé deux brins d’herbe.

    La duchesse a vingt-six ans quand elle rencontre dans les salons de son mari le jeune William Short, ambassadeur des Etats-Unis en France. Tous deux vivent une histoire d’amour passionnée et contrariée sur fond de Révolution entre la rue de Seine et le château de La Roche-Guyon (ce dernier appartenant toujours à la noble famille). Hélas, un jour William doit repartir dans son pays.

    Mon premier brin d’herbe est pour la lettre du jeudi vingt et un juin mil sept cent quatre-vingt-douze. La duchesse y raconte les malheurs de Louis le Seizième cerné par la populace dans son palais des Tuileries : Enfin, un de ces hommes a porté la hardiesse jusqu’à vouloir lui poser le bonnet rouge sur la tête ; forcé cependant par les clameurs qui l’entouraient, il a pris lui-même le bonnet des mains de celui qui le présentait, et s’en est couvert à l’instant ; on lui a apporté une bouteille et il a fallu qu’il bût à la santé de la nation. Ces détails sont horribles à décrire, je ne puis vous décrire l’humiliation que j’éprouve à les tracer et il me faut tout le désir que j’ai de vous satisfaire pour m’y résoudre, mais j’en rougis en y pensant.

    Mon deuxième brin d’herbe marque le départ définitif de William Short pour son pays où il mourra célibataire à quatre-vingt-onze ans. Le douze thermidor an six (trente juillet mil sept cent quatre-vingt-dix-huit), la duchesse de La Rochefoucauld lui écrit : J’espère recevoir vers l’heure du dîner une lettre de vous (…/…) C’est de Rouen sûrement  qu’elle sera datée, car étant parti de bonne heure, vous aurez pu y arriver le soir. J’espère que le voyage et la vue d’objets nouveaux vous auront dissipé ; vous avez traversé une province que vous ne connaissez pas et qui mérite votre attention. Je ne connais pas Le Havre, mais on dit que cette ville est jolie, et dans une charmante situation. Attachez-vous, je vous en conjure, à tout ce qui peut vous distraire d’une peine trop vive, ménage ta santé, songe que tu m’es comptable ; n’oublie jamais que tu n’es pas entièrement à toi, et que tu m’appartiens aussi.

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  • J’ai fait bonne pêche récemment au Rêve de l’Escalier, y trouvant successivement (c’est que j’y passe quasiment chaque jour) la réédition complète en deux volumes de la revue Bizarre de John Willie (Taschen), Nicolas Edme Restif de la Bretonne, tentative de biographie signée Daniel Baruch (Fayard), La Vie et les opinions de Tristram Shandy de Laurence Sterne, dans la nouvelle traduction intégrale de Guy Jouvet (Tristram) et le Journal de Jean-Patrick Manchette (Gallimard). Ce n’est pas tout.

    En vitrine, l’autre jour, j’aperçois Scandales ! Scandales ! Scandales ! d’Hélios Azoulay (Lattès), à qui récemment je disais attendre que son livre soit disponible en cette bouquinerie pour l’acheter et le lire.

    -Bon, ce n’est pas très sympa pour Hélios, dis-je à Michaël Féron, il n’aura pas de droits d’auteur.

    -Si son livre est arrivé ici, me répond-il, c’est que quelqu’un l’avait acheté et donc il les a déjà eus.

    -Oui, c’est ce que je me dis pour me déculpabiliser.

    Feuilletant ce livre, rentré chez moi, j’y trouve trace de ce précédent lecteur. En dernière page, celui-ci a écrit au crayon à papier le numéro de téléphone et l’adresse mail d’Hélios ainsi que ceux d’Eric Biville qui semble travailler aux Editions Jean-Claude Lattès, s’y ajoute le numéro du téléphone portatif de je ne sais qui.

    En le lisant, je découvre, de celui qui m’a précédé, toujours au crayon à papier, quelques annotations dans la marge.

    Page vingt-cinq, il fait suivre d’un point d’interrogation jouxté d’un point d’exclamation la formule azoulienne « l’art, c’est la précision du geste », qu’il doit trouver obscure ou contestable.

    Page vingt-six, il souligne le mot rapport dans l’expression « rapport habituellement entretenu entre le spectateur et l’œuvre », je ne vois pas pourquoi.

    Page quarante et une, il entoure le mot hémistiche et lui adjoint un point d’interrogation dans la citation tirée des Mémoires d’Alexandre Dumas « Vous ne trouvez donc pas cet hémistiche dangereux ? », il ne doit plus se souvenir que l’hémistiche est la moitié du vers, n’y voyant que le trait de césure.

    Page soixante et onze, il trace une flèche qui part du mot arrangement dans « Il (André Jolivet) est censé diriger son arrangement de la musique de Lully, pour la mise en scène de Jean Meyer du Bourgeois Gentilhomme. », flèche qui arrive à un point d’interrogation, cela dépasse mes compétences musicales.

    Page quatre-vingt-douze, il entoure le nom de Ribemont-Dessaignes, que, dans une citation des Entretiens avec André Parinaud, André Breton accole à ceux de Tzara et de Picabia pour les qualifier de seuls vrais Dadas, et le surmonte d’un point d’interrogation, il en doute, il a tort.

    Deux autres annotations sans grande importance suivent pages quatre-vingt-dix-neuf et cent cinq, puis plus rien comme si à la moitié du livre mon prédécesseur avait cessé de lire attentivement ou, pis encore, avait cessé de lire pour courir au Rêve de l’Escalier.

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  • Les chrétiens ne sont pas les seuls à réécrire le texte des chanson populaires, du côté des obsédé(e)s sexuel(le)s on en fait aussi de belles. A la claire fontaine y prend de drôles de paroles quand elle est chantée par Colette Renard:

    A la claire fontaine,/ Hier soir après dîner/ Y' avait trois capitaines/ Qui m'ont déshabillée./ Il y a longtemps que je baise,/ Jamais, je ne m'arrêt'rai.

    Et là, sous la verdure,/ Tous les trois à la fois/ M'ont glissé leur nature/ Dans tous les bons endroits./ Il y a longtemps que je baise,/ Jamais, je ne m'arrêt'rai.

    Entré l’autre semaine, un jour où la bouquinerie Thé Majuscule tardait à ouvrir, dans le Cash Express rouennais récemment installé à l’angle des rues du Général Leclerc et de la République, j’en suis ressorti avec L’Art Paillard, le double cédé d’anthologie illustré par Siné, où se trouve cette chansonnette.

    Y figurent vingt-deux chansons d’étudiants en médecine enregistrées (vers mil neuf cent trente-cinq) par le Chœur Esculape (disque un) et, datant des années soixante, huit chansons interprétées par les Quatre Barbus, cinq par les Frères Jacques et douze par Colette Renard (disque deux). Mes préférées sont celles chantées par cette dévergondée de Colette :

    Ah! vous dirais-je Maman/ A quoi nous passons le temps/ Avec mon cousin Eugène/ Sachez que ce phénomène/ Nous a inventé un jeu/ Auquel nous jouons tous les deux

    Il m'emmène dans le bois/ Et me dit: "Déshabille-toi!"/ Quand je suis nue tout entière/ Il me fait coucher par terre/ Et de peur que je n'aie froid/ Il vient se coucher sur moi.

    Je ne sais pourquoi, bon nombre de ces chansons ont à voir avec la Bretagne : Le Curé de Landevan, Jean-François de Nantes, Allons à Lorient, Les Filles de Camaret, Le Gendarme de Redon, Le Cocu de Paramé. C’est peut-être que c’est (ce fut) un pays catholique.

    On y trouve également Chanson normande, une œuvre des Frères Jacques :

    Je m'souvins ben qu'un souère/ Dans une bargerie/ All' m'foutit dans un coin/ Où qu'y avait un tas d'fouin/ Pi qu'all' sortit soudain/ D'mon  pantalon d'nankin/ Quelque chose comme un boudin/ Qui s'roidit dans sa main.

    Les partisans de la réunification de la Normandie qui se répandent actuellement en commentaires sur bien des blogs locaux ne pourraient-ils point en faire l’hymne de cette belle province ? Je lis qu’ils souhaitent reconduire à la frontière certains candidats aux élections régionales (Le Vern en Bretagne et Taleb en Algérie). Ce sont gens charmants que ces Normands de Normandie.

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  • Requise par sa famille les vingt-quatre et vingt-cinq décembre, c’est les vingt-deux et vingt-trois que celle qui me tient la main fête Noël avec moi et le moment est d’autant plus gai qu’elle a un espoir de logement à Paris.

    Délicieux repas, échange de cadeaux et chaude nuit, une petite promenade en ville le matin venu (pendant laquelle nous croisons un enfant de quatre ou cinq ans déconcerté par l’aspect du marché de Noël : « On dirait que nous voici à la fête foraine », même les enfants se rendent compte qu’il y a quelque chose qui cloche à Rouen), nouveau délicieux repas, longue sieste jusqu’à ce qu’arrive l’heure du Concert de Noël à l’Opéra.

    J’ai une place en corbeille. Elle n’en a pas et en espère une à cinq euros. Une dame veut lui revendre dix euros celle de deuxième balcon de sa fille absente, à qui elle répond qu’elle est là pour une à cinq et qu’en plus c’est Noël.

    La dame lui offre la place et la voici de nouveau avec moi. Suivant en cela le conseil avisé d’un de mes lecteurs, je lui propose de nous installer ensemble dans l’une des loges avec l’espoir de n’en pas être délogés.

    L’Ensemble Vocal Mélisme(s), dont je n’ai pas gardé le meilleur souvenir, est au programme, complété par la Psallette de la Cathédrale de Tréguier (chœur de moutards) pour un concert de musique sacrée sous la direction de Gildas Pungier.

    Les chanteurs et chanteuses de Mélisme(s) attaquent le concert de l’extérieur, les portes ouvertes permettant d’ouïr sans voir, tout au moins pour les privilégié(e)s des deux premiers niveaux (qu’entend-on au deuxième balcon je me le demande) puis entrent à la queue leu leu, comme remontant la nef de la Cathédrale de Tréguier, et prennent possession de la scène, rejoints par Anne Le Signor à la harpe, puis par Didier Adeux à l’orgue positif. Se succèdent Veni Emmanuel de Zoltan Kodaly, Germinavit Radix Jesse de Simone Plé-Caussade, A Ceremony of Carols de Benjamin Britten et Quatre motets pour le temps de Noël de Francis Poulenc, pour notre grand plaisir.

    -C’est vraiment bien, me dit-elle à l’entracte et je suis d’accord avec elle, me demandant pourquoi j’ai si peu apprécié Mélisme(s) lors de son précédent passage à Rouen.

    -J’aime aussi beaucoup la façon qu’a Gildas Pungier de diriger, cette énergie qu’il y met.

    A la reprise, en tenue jaune rappelant vaguement le marin des Côtes d’Armor, arrivent les petit(e)s Breton(ne)s de la Psallette qui ne trouvent pas leur compte de pupitres. Un mouvement latéral s’ensuit qui ne suffit pas. Le dernier moutard privé de son support à partition fait la tronche. Derrière ces enfants se tient le chœur Mélisme(s), devant les musicien(ne)s dont Nathalie Le Chenadec à la vièle à roue. Tout ce monde offre un choix de chants religieux de Noël (dont certains en breton). A la claire fontaine y prend de drôles de paroles A la claire fontaine Noël Noël Noël/ A la claire fontaine où Jésus descendit

    En rappel est bissé, avec la participation de qui veut chanter dans le public, La jambe me fait mal (boute selle boute selle) que je connais par la version qu’en fit Malicorne il y a bien longtemps, mais elle comme moi nous gardons bien de participer au chœur, nous contentant d’applaudir bien fort à la fin, réjouis d’avoir eu un bon concert en point final de notre beau Noël.

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  • Je ne comprends pas pourquoi l’on parle de monde virtuel dès que l’on évoque le Ouaibe. Rien n’est plus réel que les messages que j’y reçois et que j’y envoie, que les textes que j’y donne à lire, que les informations que j’y trouve, que le commerce que j’y pratique, que les photos, films et chansons que j’y capte.

    En revanche, je côtoie chaque jour la virtualité dans le monde dit réel. Un simple exemple : les rues piétonnières de Rouen. J’ai déjà vu les polices municipale et nationale y verbaliser des voitures garées, mais jamais arrêter qui y circule en automobile à toute heure du jour et de la nuit, que ce soit dans la partie aménagée (pavés et compagnie) ou dans celle qui depuis plusieurs années attend de l’être, là où la majeure partie des piétons continue à circuler comme moutons sur les trottoirs.

    L’autre jour, marchant au milieu de la rue Saint-Lô, j’entends derrière moi le son délicieux d’un moteur de voiture. Je me range très lentement avec toute la mauvaise volonté que je sais y mettre quand on m’oblige à faire ce que je ne veux pas.

    Le conducteur s’arrête, baisse sa vitre et me demande ce que je fais au milieu de la rue. Je lui réponds que c’est lui qui n’a rien à y faire et lui explique pourquoi.

    -Une rue piétonne, me dit-il, vous plaisantez, avec des trottoirs et un feu rouge au carrefour.

    -Oui, lui dis-je, vous verrez au niveau du feu rouge le panneau qui vous indique que vous quittez le secteur piétonnier.

    Il n’en revient pas, n’ayant pas l’habitude de vivre dans le monde virtuel rouennais, qui n’est pourtant qu’une variation locale du monde virtuel sarkozien.

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  • C’est à trois heures du matin, dans la nuit de vendredi à samedi, sans avoir pu me prévenir faute de crédit dans son téléphone, après une ultime engueulade avec son irrespectueuse logeuse et un aventureux voyage, qu’elle arrive plus tôt que prévu. Furieux contre la sale bourgeoise qui l’a exploitée pendant trois mois, je l’écoute me raconter son malheur et évoquer ses démarches pour retrouver un toit sans se faire entuber.

    Un court sommeil puis un passage chez ses parents et nous voici de nouveau ensemble le soir venu à l’Opéra de Rouen pour Le Barbier de Séville de Gioacchino Rossini (livret de Cesare Sterbini) d’après celui de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, premier volet d’une trilogie consacrée cette saison à l’illustre dramaturge, attendant frileusement que la porte s’ouvre. J’ai mon billet, elle n’en a pas espérant en choper un de dernière minute à cinq euros.

    J’assiste du premier balcon au premier acte sans savoir si.

    A l’entracte, je la retrouve ayant eu une place gratuite de deuxième balcon (offerte par un garçon venu seul au lieu d’être accompagné). Comme deux fauteuils sont restés libres à mon niveau, c’est ensemble que nous voyons et écoutons la suite.

    Je n’aime pas trop cet opéra de Rossini. Il ne s’y passe rien et la musique est parfois dégoulinante. Quelques airs connus relancent un peu l’intérêt et suscitent les applaudissements. L’Orchestre est dirigé par Luciano Acocella. Carine Séchaye (mezzo-soprano) dans le rôle de Rosine et Tassis Christoyannis (baryton) dans celui de Figaro sont convaincants. Quant à Enea Scala (ténor) qui joue le Comte Almaviva, sa voix un peu terne du premier acte me semble meilleure dans le second. Est-ce parce que j’ai changé de place, parce qu’elle est à côté de moi ? Je ne sais.

    C’est Stephan Grögler qui signe la mise en scène et les décors. Côté mise en scène c’est farce et vaudeville, côté décors encore une tournette et des portes et des fenêtres qui montent et qui descendent, comme déjà vu si souvent depuis un certain temps. Je lis dans le livret programme que ce décor resservira pour les deux autres volets de la trilogie, bien, bien, mais le coup de la lune qu’un chanteur fait monter dans le ciel à l’aide d’une corde, j’espère que c’est la dernière fois que je le vois.

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  •             Après un nouveau bain de foule métropolitain, j’émerge à Châtelet, en ce mercredi frisquet. De là, je fais le tour de mes librairies habituelles et pêche quelques pépites : Un plaisir trop bref, la correspondance de Truman Capote, publiée en grand format chez Dix/Dix-Huit, Les Chiens aboient, souvenirs, sites et silhouettes, du même, ouvrage publié chez Gallimard, Lots of love, correspondance de Francis Scott Fitzgerald avec sa fille Scottie, publiée chez Bernard Pascuito et Elfriede Jelinek, un portrait par Verena Mayer et Roland Koberg, publié aux Editions du Seuil.

                Je prends un café aux Blancs Manteaux où je termine la lecture d’Hôtel Savoy de Joseph Roth puis trouve refuge à la Maison Européenne de la Photographie. A l’entrée, une Rouennaise se précipite sur moi, qui n’est pas celle avec qui j’ai rendez-vous.

                -On se voit dans tous les vernissages à Rouen et on se retrouve ici, c’est étonnant, me dit cette femme qui ne m’a jamais encore adressé la parole.

                Je lui réponds que non ce n’est pas étonnant et brise là (comme on disait autrefois).

    Bientôt, celle que j’attends surgit derrière moi et se jette dans mes bras. Nous visitons rapidement Delpire & Co tout en devisant de ses ennuis avec sa logeuse, conversation que nous poursuivons chez un kebabier de la rue d'Amsterdam à Saint-Lazare puis, pour un softy, chez Couique et il faut se séparer, elle doit encore aller garder les moutard(e)s de sa tourmenteuse. Heureusement, samedi, c’est les vacances.

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