• L’autre semaine, à l’Opéra de Rouen, dans le livret programme de La Flûte enchantée, une innovation qui énerve un peu. C’est une page de publicité pour Atemi, opérateur immobilier national (ainsi qu’il se définit lui-même) avec pour slogan : « Offrez-vous une vue enchantée ».

    Une carte publicitaire est jointe. Elle donne quelques détails sur une opération immobilière en cours à Rouen : « Venez découvrir la vue de votre futur logement ! ». Pour appâter les mélomanes, une précision : « L’équipe d’Atemi est heureuse d’offrir aux 150 premiers inscrits un CD de La Flûte enchantée ».

    Le lendemain, j’envoie un mail à Atemi : « Bonjour. Je m'inscris pour découvrir la vue de mon futur logement et espère être dans les cent cinquante premiers et obtenir ainsi La Flûte enchantée. Cordialement. ». On me répond ce vendredi : « Bonsoir Monsieur. Nous serons très heureux de vous accueillir pour vous présenter notre projet et vous faire visiter notre site. Notre bureau de vente sera ouvert de 10h15 à 19h00. Vous souhaitant une bonne soirée ».

    Ce samedi, celle qui me rejoint le ouiquennede arrive vers quinze heures. Je lui explique l’affaire et lui propose de m’accompagner jusqu’à la rue de La Rochefoucauld, près de la gare de Rouen. En chemin, une vilaine drache nous rapproche sous le parapluie.

    Le bureau d’Atemi est une cage vitrée parallélépipédique posée pas loin de l’église Saint-Romain. Pour vue enchantée, on a celle sur la maquette de l’ensemble immobilier à vendre, un bâtiment dans la norme (et aux normes) livrable en deux mille treize, rue du Champ-des-Oiseaux. J’explique à l’une des hôtesses que j’espère être parmi les cent cinquante gagnants de La Flûte enchantée, que nous sommes venus pour ça.

    -Oui bien sûr, me répond-elle et elle sort un cédé de je ne sais où, qu’elle me donne.

    Je lui dis que nous n’avons pas la moindre envie d’acheter l’un des appartements mais qu’on veut bien quand même quelques renseignements. La jeune femme nous vante les hautes qualités environnementales (comme on jargonne dans ce milieu) et la terrasse végétalisée (autre mot de la novlangue) où personne ne pourra aller.

    Celle qui m’accompagne demande le nom de l’architecte et pose des questions qui la dénoncent comme quelqu’un qui fait des études dans ce domaine. Je crois que l’hôtesse commence à se méfier de nous et à nous trouver gênants, d’autant qu’à nos côtés un couple d’âge mûr est peut-être sur le point d’acheter. Elle nous expédie gentiment, après avoir pris mon nom et mon adresse mais pas mon téléphone que je refuse de lui donner.

    Dans la pente et sous le parapluie qui nous reconduisent à l’abri de la maison, celle qui me tient la main regrette de ne pas avoir eu l’architecte sous la sienne pour lui demander pourquoi, comme beaucoup depuis un certain temps, il succombe à la terrasse verte et au mur de briques. Je me réjouis quant à moi d’avoir obtenu le cédé sans difficulté. Je le lui offre.

    Il s’agit d’un double. Die Zauberflöte y est dirigée par Herbert von Karajan pour Deutsche Grammophon en mil neuf cent quatre-vingt, un enregistrement diversement apprécié par les mélomanes, si j’en juge par ce que je lis sur Internet, ce lundi, jour où l’Opéra de Rouen présente la Gran Partita du même Mozart (publicité et petit cadeau à la clé ou non, je verrai ce soir).

    *

    Grand allégement des soixante ans : une partie des livres de l’escalier partent au Rêve du même nom, ceux dont on veut bien dans cette bouquinerie rouennaise.

    *

    Commentaire d’un certain chevalierdelabarre après l’article de Libération présentant le remaniement ministériel paniqué du Tout Puissant de la République : « Gérard Longuet entre au gouvernement. Hortefeux le quitte. Un Neuilléen remplace un Neuilléen. Ils sont ainsi toujours 5 natifs de Neuilly au gouvernement (Georges Tron, Frédéric Lefebvre, Valérie Pécresse, Bruno Le Maire et Longuet donc). 5 sur 30, ajoutons-y Särkozy en guise de bras d'honneur à la représentativité nationale. 20% de l'Exécutif français est né à Neuilly-sur-Seine. »

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  • Vendredi après-midi, plus rien dans le réfrigérateur, plus moyen de reculer, je prends courageusement le chemin qui mène à l’Intermarché de mes habitudes. Dans la diagonale de la place Saint-Marc, je salue un notable rouennais qui en revient, sacs en plastique à bout de bras, il a l’air gêné. Je songe à ce qu’écrivait Baldomero Fernández Moreno dans Le papillon et la poutre : Aussi excellent que soit un film, nous ressortons un peu honteux du cinéma. Pour certains, c’est la même chose au sortir du supermarché.

    Comme j’achète toujours la même chose, je passe peu de temps entre les rayons. Arrivé aux caisses, je constate que seules deux sont ouvertes et qu’attendent devant moult client(e)s dont certain(e)s avec un chariot débordant, de quoi se goberger tout le ouiquennede devant les niaiseries de la télévision. Des caisses automatiques sont également proposées depuis quelques mois sous la surveillance d’une superviseuse mais je refuse de m’y soumettre (manquerait plus que je travaille à la place de la caissière).

    Je songe à poser mon panier et à aller chez Marché Plus. Ce qui me sauve, c’est que le responsable des ressources humaines (comme ils disent), outre d’avoir supprimé des postes de caissières, a eu la bonne idée d’employer à fond la personne de l’accueil, à qui on ne demande pas toujours un renseignement, en collant dans son enclos une caisse « moins de dix articles ».

    Ouf, me dis-je en traversant dans l’autre sens par sa diagonale la place Saint-Marc, un sac en plastique à bout de bras, un parapluie au bout de l’autre, un peu honteux c’est sûr.

    *

    Ce vendredi matin, sur la même place, au marché des livres et de la brocante, je suis à fouiller dans des cartons de livres fraîchement déposés parmi la drouille du jour en compétition avec les bouquinistes du lieu dont l’un espère qu’un autre que lui abordera le vendeur en premier.

    -Parfois il est calme, parfois il est énervé, explique-t-il, et quand il est énervé, c’est mauvais pour les prix. S’il vient vers toi, c’est qu’il est calme. Aujourd’hui, il est grimpé sur une chaise, donc il est énervé.

    -Une technique, ajoute-il, c’est de mettre les livres qu’on veut acheter dans un sac. Le sac est à toi donc les livres sont déjà à toi. Il est obligé de te faire un prix correct.

    Tout cela ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd.

    *

    Terminé Mireille Havet l’enfant terrible, biographie signée Emmanuelle Retaillaud-Bajac publiée en mars deux mille huit chez Grasset. Mireille Havet, écrivaine homosexuelle et droguée, est morte déchue à trente-trois ans. Son Journal est sur ma liste des lectures futures. Emmanuelle Retaillaud-Bajac raconte bien sa vie, osant le zeugme page trois cent quatre-vingt-dix-huit :

    Elle prend aussi ses habitudes et pas mal de cocktails au bar du Welcome, dont elle n’appréciait guère, autrefois, la canaillerie rugueuse, mais qui désormais l’assomme efficacement de vacarme et d’alcools.

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  • Point ne me plaît la poésie de Verhaeren mais comme à Rouen, et donc dans ma venelle, il pleut chaque jour depuis que je suis rentré de son pays, je relis l’un de ses poèmes publié dans Les villages illusoires en mil huit cent quatre-vingt-quinze, intitulé La pluie :

    Longue comme des fils sans fin, la longue pluie

    Interminablement, à travers le jour gris,

    Ligne les carreaux verts avec ses longs fils gris,

    Infiniment, la pluie,

    La longue pluie,

    La pluie.

    Elle s'effile ainsi, depuis hier soir,

    Des haillons mous qui pendent,

    Au ciel maussade et noir.

    Elle s'étire, patiente et lente,

    Sur les chemins, depuis hier soir,

    Sur les chemins et les venelles,

    Continuelle.

    Pourtant, Verhaeren, pour celle qui me rejoint le ouiquennede et moi, est synonyme de soleil et de printemps revenu. C’est toujours face à son buste que nous nous allongeons sur la pelouse du jardin de l’Hôtel de Ville (et le saluons parfois par son prénom).

    Une de mes lectures d’il y a un certain temps (au point que je ne retrouve plus le livre rangé je ne sais où), c’est la Correspondance de Stefan Zweig avec les écrivains et artistes de son temps dont Emile Verhaeren. Tous deux échangent de hautes pensées d’esprits éclairés jusqu’à ce que la première Guerre Mondiale conduise Verhaeren à reprendre à son compte la rumeur des Allemands qui coupent les mains des enfants. Zweig ne lui écrira plus.

    *

    Chantal T. m’envoie un mail. Elle n’aime pas l’usage que j’ai fait de Côté Rouen après y avoir lu l’article consacré à Emile.

    « On devrait vous faire payer le journal !!! Personnellement j'ai découvert "un personnage" super intéressant....alors que depuis 30 ans que je vis à Rouen, je n'avais pas eu la curiosité de chercher qui était ce personnage dont je rencontrais souvent son nom. Votre Humour me semble véreux ! »

    *

    A la terrasse d’un des innombrables cafés de la place du Vieux, un de ces hommes qui semblent toujours travailler s’adressant à l’un de ses semblables, tous deux un ordinateur sur les genoux :

    -On va lui envoyer une fatoua par mail.

    Suis pas sûr d’avoir bien compris.

    *

    « Une balle de cul, y a pas d’éthique » c’est la maxime du jour entendue ce vendredi dans la bouche d’une chasseuse de cerf dans Les Pieds sur terre sur France Culture. On ne tire pas dans le dos d’un animal en fuite, explique-t-elle, il n’y a qu’un homme pour avoir fait ça.

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  • Sous la pluie, mercredi après-midi, j’attrape dans l’un de ses distributeurs de trottoir le numéro quatre de Côté Rouen, journal gratuit cent pour cent rouennais. Rentré chez moi, je le parcours rapidement. Page neuf, c’est Découverte du patrimoine avec un article consacré à la gare, signé Daniel Caillet, et un autre, anonyme, dévidant une biographie d’Emile Verhaeren (mort dans cette gare en mil neuf cent seize) écrite dans un style qui me rappelle quelque chose. Je mets en marche mon ordinateur et constate que mon intuition était juste : c’est tout pompé sur Ouiquipédia (sans la moindre référence à cette source).

    Premier paragraphe de Ouiquipédia :

    « Verhaeren est né à Saint-Amand (Sint-Amands en néerlandais), au bord de l'Escaut, dans une famille aisée où on parlait le français, tandis qu'au village et à l'école régnait le flamand. Il fréquenta d'abord l'internat francophone Sainte-Barbe, tenu par des jésuites à Gand, puis il étudia le droit dans la vieille université de Louvain. C'est là qu'il rencontra le cercle des écrivains qui animaient La Jeune Belgique et il publia en 1879 les premiers articles de son cru dans des revues d'étudiants. »

    Premier paragraphe de Côté Rouen :

    « Emile Verhaeren est né, en 1855, à Saint-Amand (Belgique) dans une famille aisée où on parlait le français, alors que le flamand régnait encore à l'école. Il a fréquenté l'internat francophone Sainte-Barbe, à Gand, puis il a étudié le droit à l’université de Louvain. Il y rencontre le cercle des écrivains qui animaient La Jeune Belgique et publie en 1879 ses premiers articles dans des revues estudiantines. »

    On peut le constater, c’est la même chose, en allégé, avec quelques mots déplacés ou modifiés (pas mal ce « estudiantines » à la place de « d’étudiants ») et mise au présent pour donner un peu de nervosité au texte.

    Cinquième paragraphe de Ouiquipédia :

    « Dans les années 1890, Verhaeren s'intéressa aux questions sociales et aux théories anarchistes et travailla à rendre dans ses poèmes l'atmosphère de la grande ville et son opposé, la vie à la campagne. Il exprima ses visions d'un temps nouveau dans des recueils comme Les Campagnes hallucinées, Les Villes tentaculaires, Les Villages illusoires et dans sa pièce de théâtre Les Aubes. Ces poèmes le rendirent célèbre, et son œuvre fut traduite et commentée dans le monde entier. Il voyagea pour faire des lectures et des conférences dans une grande partie de l'Europe. Beaucoup d'artistes, de poètes et d'écrivains comme Georges Seurat, Paul Signac, Auguste Rodin, Edgar Degas, August Vermeylen, Henry van de Velde, Maurice Maeterlinck, Stéphane Mallarmé, André Gide, Rainer Maria Rilke, Gostan Zarian et Stefan Zweig l'admiraient, correspondaient avec lui, cherchaient à le fréquenter et le traduisaient. Les artistes liés au futurisme subissaient son influence. Émile Verhaeren était aussi un ami personnel du roi Albert et de la reine Élisabeth ; il fréquentait régulièrement toutes les demeures de la famille royale. »

    Cinquième paragraphe de Côté Rouen :

    « Dans les années 1890, Verhaeren s'intéresse aux questions sociales et aux théories anarchistes. Il exprime aussi ses visions d'un temps nouveau. Ces poèmes le rendent célèbre, et son œuvre est traduite et commentée dans le monde entier. Il voyagea pour faire des lectures et des conférences dans une grande partie de l'Europe. Beaucoup de poètes et d'écrivains l'admirent. »

    C’est encore plus lifté, treize lignes qui en deviennent cinq (faut pas fatiguer le lectorat rouennais) avec encore le passage du passé au présent, mais comme on ne fait pas attention à tout, une phrase est restée au passé simple : « Il voyagea pour faire des lectures et des conférences dans une grande partie de l'Europe. »

    Le dernier paragraphe est évidemment consacré au passage sous le train, dans la gare de Rouen, du poète. « Après l'une de ces conférences, il meurt accidentellement à la gare de Rouen. » conclut sobrement l’anonyme de Côté Rouen alors que sur Ouiquipédia il est écrit « Après l'une de ces conférences à Rouen, il mourut accidentellement, ayant été poussé par la foule, nombreuse, sous les roues d'un train qui partait. »

    « Ayant été poussé par la foule, nombreuse, sous les roues d'un train qui partait », une précision hasardeuse (pour laquelle Ouiquipédia demande à ses rédacteurs de donner leur source) curieusement reprise dans l’article sur la gare signé Daniel Caillet.

    Emile Verhaeren a-t-il été poussé sous le train le vingt-sept novembre mil neuf cent seize ou est-il tombé tout seul ? Voilà qui serait une information, mais pour cela il faudrait aller fouiller dans les archives, dans les quotidiens de l’époque, bref faire un travail de journaliste et c’est fatigant.

    *

    Côté Rouen n’est pas pour autant un journal inutile. Depuis quelque temps, mon chauffe-eau fuit légèrement. Ce journal gratuit est parfait pour aspirer l’eau qui tombe goutte à goutte. Chaque mercredi, je remplace le journal imbibé par le dernier sorti. Un numéro par semaine, c’est suffisant.

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  • Ce mardi soir, j’ai une place en corbeille à l’Opéra de Rouen pour La Flûte enchantée et celle qui m’accompagne revenue spécialement de Paris pour cela ne doute pas d’en trouver une de dernière minute à cinq euros. C’est le cœur léger qu’elle et moi, après avoir salué les ouvreuses qui fument dehors avant l’effort, tournons le coin du bâtiment une heure et quart avant le début de l’opéra et là, consternation, une file d’attente comme jamais vue est déjà là s’étirant sur le parvis. Au moins une centaine d’étudiants et d’étudiantes nous précédent, Mozart, il est trop connu. Découragée, elle envisage de laisser tomber. Je la convaincs du contraire mais quand, à l’ouverture des portes, je la laisse attendre, je ne lui donne pas grand chance de pouvoir me rejoindre, aussi suis-je stupéfait de la voir arriver dix minutes plus tard rayonnante un billet à la main.

    -Mais comment tu as fait ?

    Elle m’explique qu’apercevant une famille avec un billet en trop, elle s’est manifestée à grands gestes et qu’on lui a donné cette entrée. Je suis vraiment content pour elle et rassuré pour moi, je n’avais pas envie d’être là en solitaire. Nous devons néanmoins nous séparer.  Elle est au deuxième balcon. Je suis en corbeille. Ma place, que je croyais bonne, a son champ de vision gêné par l’avancée du premier balcon.

    Tandis que la salle s’emplit, je lis les notes de William Kentridge, le metteur en scène, vidéaste et sténographe de cette Flûte créée le vingt-six avril deux mille cinq à Bruxelles, au Théâtre de la Monnaie devant lequel nous étions la semaine dernière (la place est en travaux, ce qui n’incite pas à s’attarder). Tout est parti de l’envie de dessiner sur un tableau noir avec une craie blanche, explique-t-il. Au dernier moment, je déménage profitant d’une place restée libre à deux fauteuils de celui du Conseiller Général socialiste de mon canton qu’assurément je n’ai encore jamais vu là, à croire qu’il faut se faire voir à Mozart.

    Le tableau noir est présent sur scène. S’y accrochent parfois trois moutards jouant les génies à la voix chétive sur tapis roulant. Ces tapis roulants amènent ou emmènent parfois les interprètes, ce qui les rend paradoxalement statiques. Globalement, je trouve que ça bouge trop peu. Marie-Bénédicte Souquet, la Reine de la Nuit, est plantée souvent. Côté chant, elle se sort assez bien de son morceau de bravoure. En revanche, Guillaume Paire, qui fait Papageno, bouge bien mais chante faible. Ma préférée, c’est Olivia Doray, une Pamina à la superbe voix bien audible. Les costumes, début vingtième siècle, vont bien. Le mieux, c’est la scénographie qui exploite savamment le dessin blanc (parfois animé) projeté par la grosse machinerie nécessitant des tuyaux d’aération vers l’extérieur de la salle. Rien de gratuit dans cette mise en scène, de l’humour juste ce qu’il faut, un graphisme souvent percutant plein de références maçonniques. William Kentridge mérite beaucoup d’applaudissements. Il n’est pas là pour les recevoir.

    Première fois qu’elle et moi voyions La Flûte enchantée. Elle l’aime plus que moi, nous le constatons à l’issue, échangeant nos impressions et croisant certains des musiciens devant la sortie des artistes.

    -Onze heures et quart, constate l’un, le match doit être terminé, dommage.

    *

    Dans une bouquinerie rouennaise, deux trentenaires vendent leurs livres de philosophie. Pendant qu’il aide le libraire à vider les cartons, elle cherche en échange des ouvrages au rayon « Equilibre et bien-être ». Cela donne à penser.

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  • Jamais vu autant de monde au Tribunal Administratif de Rouen, nous sommes au moins quarante du Réseau Education Sans Frontières, de la Cimade, de Droit au Logement, de la Ligue des Droits de l’Homme et du Comité de Défense des Libertés Fondamentales venus ce lundi après-midi soutenir cinq lycéens originaires de divers pays d’Afrique attrapés par la Police au sortir de la douche dans leurs foyers d’accueil à Abbeville et à Amiens la semaine dernière et qui depuis ont connu la garde à vue puis l’embastillement au Centre de Rétention de Oissel. Ils soutiennent être mineurs et contestent leurs Arrêtés Préfectoraux de Reconduite à la Frontière.

    Ces jeunes gens sont un peu en retard car il a fallu les faire manger après leur comparution en appel devant le Juge des Libertés et de la Détention, lequel a refusé de les libérer.

    Ils arrivent avec leurs cinq policiers, s’entretiennent avec leur avocat, maître Demir, puis la greffière annonce Madame le Juge. Nous nous levons. L’audience est déclarée ouverte. Nous nous asseyons.

    L’affaire, expliquée par maître Demir, est assez rocambolesque. C’est l’Aide Sociale à l’Enfance de la Somme dont ils étaient les protégés qui l’a déclenchée en demandant un examen osseux afin de vérifier leur âge sans réaliser que cela entraînerait le déboulement de la Police dans les foyers. Aujourd’hui, cette même Aide Sociale à l’Enfance conteste le résultat des tests osseux, demande des contre-expertises et s’associe, avec l’aide d’une avocate de la Somme, à la contestation de la décision préfectorale (ce qu’on appelle ici être partie volontaire).

    Maître Demir explique le peu de fiabilité des tests osseux pour établir la minorité ou la majorité et dénonce le fait qu’on soupçonne toujours les Noirs, sans jamais le dire, parce qu’ils sont grands et costauds. Il évoque aussi les raisons de la fuite de ces garçons mineurs, tous menacés dans leur pays et sans familles. La juge donne alors la parole à chacun des garçons, l’un a besoin d’un interprète, les autres non, qui défendent éloquemment leur besoin et leur désir de rester en France. Elle se retire alors pour délibérer, nous disant qu’elle reviendra dans vingt minutes.

    Nous discutons entre nous, tous et toutes optimistes, pendant que l’une des responsables du foyer de l’Aide Sociale à l’Enfance d’Abbeville s’excuse auprès des trois garçons qu’elle loge.

    Madame le Juge revient et déclare que les cinq Arrêtés Préfectoraux de Reconduite à la Frontière sont annulés, pour deux garçons parce qu’ils ont fourni un certificat de naissance prouvant qu’ils sont mineurs, pour les trois autres en vertu d’un article de loi dont elle ne donne que le numéro et donc je n’en sais pas plus. Applaudissements, les cinq se lèvent, l’un pleure. France Bleu est là avec son micro ainsi qu’une journaliste sans doute de la presse écrite régionale.

    Cette fois, nous quittons le Tribunal Administratif de Rouen avec le sourire. Les jeunes gens vont rentrer avec leurs éducateurs à Amiens et Abbeville et les policiers tout seuls à Oissel.

    *

    La Tunisie, l’Egypte, maintenant en beaucoup plus sanglant la Libye, depuis deux mois outre Méditerranée, c’est la rue qui gouverne (je me souviens de Kadhafi, vu place du Châtelet à Paris en décembre deux mille sept, vautré dans son interminable voiture blanche, lors de son invitation par le Tout Puissant de la République, cet ami des milliardaires et des dictateurs).

    *

    Pas de dictature en France, quelque chose comme une démocrature, avec pareillement un grand nombre de jeunes au chômage ou dans des emplois précaires (intermittents, vacataires, intérimaires, stagiaires, contractuels, remplaçants), alors à quand dans la rue ?

    *

    Le double visage de Fessebeuque : du côté de la liberté quand il s’agit de politique, du côté de la censure quand il s’agit des mœurs. Deux de mes « amis » viennent d’en faire les frais, profil supprimé sans avertissement préalable. Des artistes aussi, dont Joël Hubaut pour son Epidemik Art et Frode Steinicke au Danemark (ce dernier a eu la faiblesse de s’excuser d’avoir mis en photo de son profil L’Origine du monde de Courbet).

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  • Pour boire à verre à Bruxelles nous sommes bien aidés par Le Guide du Routard. Sans lui, nous n’aurions pas trouvé À l’Imaige Notre-Dame. Ce bar se cache à deux pas de la Grand-Place au fond de l’impasse des Cadeaux, banquettes défoncées et lacérées par le chat de la maison, toilettes donnant sur la ruelle, jeune serveuse et bonne bière. Nous n’y allons qu’un soir.

    Nos deux estaminets préférés sont À La Mort Subite, au bout des Galeries Royales, rue Montagne-aux-Herbes-Potagères, et Le Cirio, près de la Bourse, rue du même nom. Dans le premier, un jour, nous déjeunons de tartines (tartare cannibale pour elle, tête pressée pour moi). Dans le second, avant de quitter la ville, nous dégustons dans des assiettes bols blanches des tagliatelles pour elle et des chicons pour moi (en dessert pour tous deux une tarte Tatin). Dans les deux se tiennent des serveurs en tenue de majordome, qu’elle verrait bien moines, à qui nous donnons pour nom Monsieur Georges ou Monsieur Paul, affairés, discrets et le cœur gai. Je croise Monsieur Georges dans la cour (comme on appelle ici les toilettes), occupé à soulager sa vessie dans les magnifiques urinoirs de faïence du Cirio, et demande à Monsieur Paul si c’est bien Jacques Brel qui tient compagnie à Annie Girardot sur la photo murale prise jadis À La Mort Subite.

    -Oui, c’est Jacques Brel.

    -Je ne savais pas qu’il avait porté la moustache.

    -C’était pendant le tournage de La Bande à Bonnot.

    Oui, je me souviens, Jacques Brel y jouait Raymond la Science. La clientèle de ces deux bars est essentiellement locale et typique. S’y adjoignent quelques touristes (un soir, quatre jeunes japonaises intrépides).

    Un matin, nous faisons aussi visite au Métropole, café du genre bourgeois, place De Brouckère, où d’autres célébrités ont laissé leur nom sur les piliers : Toscanini, Saint-Saëns, Caruso, and so.

    Pas toujours dans les bars, nous sommes aussi dans les églises dont l’intérieur est le plus souvent décevant, hormis celui de la Cathédrale Saints-Michel-et-Gudule. Pour un euro par personne, nous en visitons le trésor gardé par deux vieilles dames dont l’une à perruque.

    C’est en sortant de là et marchant au hasard que nous tombons sur Camille ou plutôt The Sequence, l’installation d’Arne Quinze reliant le Parlement flamand à la Maison des représentants flamands. Sous The Sequence (qui est là depuis deux mille huit) roulent les automobiles et les bus. Celle qui m'accompagne me photographie devant et réciproquement. Nous tentons d’obtenir de nos amis flamands l’autorisation de grimper à l’étage afin de l’observer de haut. C’est interdit, nous dit-on. De Camille, sa copie rouennaise, ne reste plus rien et nous n’en avons pas fait la moindre photo.

    Un autre matin, nous prenons le train pour Louvain l’universitaire, en pays flamand, dont nous admirons l’Hôtel de Ville aux deux cents statues de notables (une suggestion de Victor Hugo) avant de bien déjeuner au De Wiering (carbonnade de bœuf  à la Leffe pour elle, pot au feu de lapin à la bière de framboise pour moi). Pour promenade digestive, nous parcourons les sept hectares du Grand Béguinage composé de soixante-douze maisons de briques rouges cernées par les bras de la Dyle. Il fait beau et de retour au centre ville, nous nous installons en terrasse au soleil sur l’Oude Markt dans un bruit de ruche parmi des centaines d’étudiant(e)s et lycéen(ne)s. Pendant que celle qui est à ma droite dessine les façades, j’observe les nombreuses filles vélocipédistes.

    C’est un jour historique pour la Belgique mais nous ne l’apprenons que le lendemain au bar Au Soleil, rue du Marché-au-Charbon, par le quotidien Le Soir : deux cent quarante-neuf jours sans gouvernement, record mondial battu. Des manifestations étudiantes ont exalté l’incurie des politicien(ne)s côté flamand et côté wallon et à Gand une délégation irakienne a transmis le trophée jusqu’alors détenu par ce pays.

    *

    Retour à Rouen où j’apprends que, comme j’en avais eu l’idée, l’on songe à installer l’Ecole des Beaux-Arts dans le Cloître des Pénitents.

    *

    Retour à France Culture où j’entends, à mon grand énervement, le Service Protestant du dimanche matin se servir des textes des chansons de Barbara pour son prêchi-prêcha.

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  • C’est à Paris que je rejoins samedi douze février celle avec qui, après une heure vingt-deux de Thalys, je pose le pied sur le quai de la gare du Midi à Bruxelles dans un quartier aujourd’hui déshérité. Nous trouvons un peu difficilement la direction du centre de la ville. A mi-chemin se situe notre hôtel, place Rouppe. Il a nom A La Grande Cloche. On y est fort bien logé et son petit-déjeuner nous réjouit chaque matin (le sirop de Liège particulièrement).

    Je ne puis tout raconter de notre séjour dans la ville à l’architecture chaotique. Nous la parcourons à pied pendant sept jours, de la Grand Place aux quartiers lointains. Il semble que nous puissions y aimer la bière (ah ! ces Bourgogne des Flandres, Grisette aux fruits des bois, Kriek Mort Subite, Faro, Chimay et autre Chouffe).

    Juste avant de quitter Rouen, j’ai chopé sur Internet deux entrées pour le dernier jour de l’exposition Ensor démasqué, place Royale, à l’Espace Culturel ING. Nous y sommes dimanche à dix heures. Soixante peintures et une centaine de dessins rarement vus y sont montrés. C’est une bonne sélection, complétant l’exposition parisienne de l’an dernier à Orsay. Nous y passons un long moment avant de rejoindre le quartier de Marolles et son marché aux puces. A l’heure du déjeuner, dans une rue pentue, nous découvrons le Restobières, au nom peu engageant mais à l’ambiance chaleureuse et à la cuisine délicieuse (boudin noir pour elle, saucisse pour moi, accompagnés de stoemp à la Chouffe).

    Le jour d’Ixelles, c’est d’abord une longue marche puis le contournement des étangs, un passage par l’ancienne abbaye de la Cambre où s’épanouit l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Visuels, puis le circuit des maisons Art Nouveau (pas une d’oubliée grâce au Guide du Routard), un repas chinois à volonté, enfin, avant d’y avoir droit, j’inaugure mon tarif senior au Musée Horta, superbe de la cave au plafond. Nous tentons une échappée par l’escalier de service ce qui nous vaut d’être raccompagnés par une dame travaillant dans la bibliothèque. Elle nous montre en dédommagement la cabine téléphonique de Victor Horta (grand amateur de progrès technique, nous dit-elle).

    Pour le jour des soixante ans, tarif senior et tarif étudiant, cinq euros pour l’ensemble, nous visitons le Musée Magritte et, dans le même bâtiment, celui des Beaux-Arts dont la partie moderne est, hélas, fermée pour travaux. Celle qui m’accompagne aime mieux Magritte que moi. J’en sauve La bonne fortune (un cochon bien rose habillé en bourgeois devant un cimetière peint à l’impressionniste se retourne vers le public), tableau de mil neuf cent quarante-cinq. Nous nous retrouvons devant les Bruegel où je m’embrouille avec une guide conférencière aux explications niaises (si le peintre a mis là un cochon cela montre qu’on n’est pas chez les musulmans, explique-t-elle au troupeau qui la suit) puis nous ne savons pas comment nous arracher de La Vénus et Amour de Lucas Cranach. Le soir, c’est son invitation surprise dans le restaurant éthiopien de la ville, le KoKob, une initiative prise depuis Paris et qui s’avère une très bonne idée, beau lieu, service attentif et souriant, excellente cuisine pantagruélique à déguster manuellement à l’aide de lamelles de crêpe, l’art de faire une fête d’une nouvelle pas très réjouissante, ça y est je suis sexagénaire (mot qui commence bien puis qui dégénère).

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    En première page du Soir, quotidien belge francophone : « Les profs bientôt pré-pensionnés à 55 ans et pensionnés à 58 ans », cela en l’absence d’un gouvernement.

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    Un plaisir assez terrifiant de Bruxelles (et de toute la Belgique) : les sirènes des véhicules de la Police, comme sorties d’un film américain (tu les entends, tu es déjà coupable).

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    La grande joie de celle qui me tient la main : pouvoir à nouveau fumer dans les bars. Un qui nous accueille plusieurs fois : le Café Kafka, rue des Poissonniers, dans le quartier Saint-Géry. Nous y sommes notamment le soir du concert de tango.

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  • Pourtant prêt à aller voir le film Attention danger travail de Pierre Carles en présence de celui-ci et puis ce jeudi en fin d’après-midi, au tout dernier moment, je renonce. Est-ce la faute à la pluie ? A cette petite bibliothèque de quartier Simone de Beauvoir qui ne me plaît pas ? Sans doute, mais j’ai surtout trop la flemme.

    Pareillement, aujourd’hui vendredi, je m’abstiendrai de la lecture performée de Julien Prévieux, même lieu même heure.

    Julien Prévieux est connu depuis la fin des années quatre-vingt-dix pour la vidéo où il fait des roulades dans les rues. Depuis l’année deux mille, il envoie des lettres de non motivation en réponse aux petites annonces des entreprises qui proposent des emplois. J’espère que je recroiserai son chemin ailleurs que dans la petite bibliothèque de quartier rouennaise.

    J’emploie ce temps libéré à la préparation de mon escapade de février, direction la capitale du pays sans gouvernement.

    *

    De gouvernement hélas la France ne manque pas avec à sa tête le Tout Puissant de la République, le dos au mur, dangereux comme tous les acculés.

    Sa sortie contre les juges en est le témoin. J’aime ce qu’il s’est pris en retour, le juge Marc Trévidic le qualifiant de multirécidiviste à qui on va appliquer une peine plancher et les manifestations partout, notamment à Nantes, dont j’ai revu avec plaisir le magnifique Palais de Justice noir à la télévision.

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  • Ce mercredi, c’est encore l’homme à bonnet et à sac à dos qui me sert de balise sur le quai numéro deux de la gare de Rouen. Il attend là tous les matins, j’imagine. Le sol sous ses pieds est presque creusé.  Là où il est, s’ouvrent les portes du train pour Paris. Je trouve ma place assise, à contresens en raison de l’accident possible. Bientôt la voiture se transforme en wagon-lit. Parmi les endormi(e)s à oreiller, je lis Boulevard Saint-Germain de Gabriel Matzneff dans la collection de poche La Petite Vermillon, un livre de commande pas très bien écrit qui me promène là où je vais.

    Après un tour dans les libraires du Quartier Latin et un kebab tôt mangé rue Saint-Séverin, je longe le Sénat jusqu’au dix-neuf de la rue de Vaugirard où ce jour le Musée du Luxembourg rouvre ses portes après une longue période de travaux. Je me souviens d’une exposition Modigliani vue en ses murs trop rapprochés, il y a longtemps, et me demande si ce sera mieux pour Cranach.

    Je ne suis pas le seul à avoir pensé qu’il y aurait peut-être moins de monde le premier jour. Je me retrouve au bout de la longue file qui côtoie la façade du Musée puis tourne à angle droit à l’intérieur du Jardin du même nom. Les jardiniers et les coureurs à pied considèrent d’un air incrédule ces gens prêts à attendre une heure pour visiter une exposition de peinture. Une heure ou plus, ça discute dans la file, et quand au bout d’une demi-heure arrive un costaud à oreillette qui annonce encore une heure et demie, plusieurs devant moi s’en vont, disant qu’ils reviendront, que ça dure jusqu’en mai. Grâce à eux, vingt-cinq minutes plus tard, je suis à l’intérieur, constatant que les travaux n’ont pas supprimé le manque de place.

    Les salles sont de plus plongées dans la  pénombre. Seules les œuvres sont éclairées. Pour quelqu’un comme moi qui aime autant voir le public que ce qui est sur les murs, c’est dommage. Je me contente d’ouïr mes semblables et d’admirer les tableaux de Lucas Cranach dit l’Ancien, pas très nombreux, complétés de dessins de lui-même et d’œuvres d’autres, dont son fils dit le Jeune. En a-t-on pour ses onze euros, ça se discute.

    Evidemment, ce sont les nus de l’Ancien qui me retiennent le plus. Ces jeunes femmes longilignes à la taille étroite et aux petits seins ont tout pour me plaire : Eve en plusieurs exemplaires, Lucrèce prête à se poignarder, L’Allégorie de la Justice, La Nymphe de la source. Elles sont regroupées dans une salle que je fais mienne. Je ne dédaigne pas pour autant les portraits dont l’Autoportrait de mil cinq cent trente et un. Bien intéressantes aussi sont les peintures montrant Le Martyre de Sainte Catherine (assez Figuration libre par anticipation), La Mélancolie, Les Amants mal assortis et Salomé tenant la tête de Saint Jean-Baptiste.

    Il y a un peu moins de monde dans les salles. Je repasse devant chaque œuvre avant de sortir. Un moutard de deux ans dans les bras de sa grand-mère veut, quant à lui, revoir une seule œuvre, ce qu’il revendique bruyamment :

    -Je veux revoir la tête du monsieur dans le plat !

    Il obtient gain de cause et nous sortons par la librairie, vieille tactique commerciale, laquelle est partiellement occupée par un studio de France Inter, c’est dire si cette exposition Cranach vise le plus grand nombre. Il est treize heures trente. Dehors, la file d’attente est moins longue.

    Profitant de sa proximité, j’entre pour la première fois dans l’église Saint-Sulpice dont Gabriel Matzneff fait grand cas dans son livre de pérégrinations. L’intérieur m’apparaît comme son extérieur, sans charme et de peu d’intérêt.

    *

    J’apprends en lisant ce Boulevard Saint-Germain de Gabriel Matzneff que Cioran a eu des obsèques religieuses (en l’église orthodoxe des Trois-Saints-Archanges, rue Jean-de-Beauvais) et que c’est une camionnette de linge sale qui a renversé Barthes (devant le Collège de France, rue des Ecoles).

    *

    Dans le chapitre intitulé Rue de l’Université, Matzneff ne manque pas de rendre hommage à deux de ses semblables :

    Tallemant des Réaux a habité au numéro 17 de 1646 à 1655. Il venait d’épouser sa cousine Elisabeth de Rambouillet, qu’il demanda en mariage lorsqu’elle avait onze ans et qu’il conduisit à l’autel quand elle en avait treize.

    En 1728, un autre confrère, Bernard de La Monnoye, est mort au numéro 26 à l’âge de quatre-vingt-sept ans, asphyxié par un poêle pendant leur nuit de noces avec sa troisième femme, âgée de seize ans.

    *

    Ce qui me fait penser que je ne n’ai toujours pas lu les Historiettes de Gédéon Tallemant des Réaux avec lesquelles Sarane Alexandrian a comparé mes propres histoires dans la préface qu’il fit à mon recueil Erotica sous le titre Un anecdotier de l’érotisme.

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