• Après un calamiteux retour à Rouen ce samedi, malade et conduisant à l’aveugle, m’arrêtant aux lieux les plus mal choisis, une première fois dans la déprimante « petite cité de caractère » Jugon-les-Lacs, une seconde fois sur une aire d’autoroute totalement embouteillée avant Caen, et après avoir passé douze heures au lit à me gaver d’aspirine, je suis debout ce dimanche à cinq heures. Une heure plus tard, je me gare rive gauche à proximité de la rue Saint-Julien où la fourrière fait des affaires.

    Les voitures enlevées, les vendeuses et vendeurs d’occasion s’installent pour le coutumier vide grenier que je parcours plusieurs fois sans y trouver quoi que ce soit d’extraordinaire.

    Au retour, je choisis une bonne place de parquigne où ma petite voiture restera jusqu’à la fin de l’Armada, le rassemblement de bateaux à voiles qui rend Rouen célèbre dans le monde entier (croient certains) et qui cette année génèrera les plus beaux embouteillages (faute de pont Mathilde).

    *

    Que va devenir La Fauconnière, le restaurant fermé, abandonné, graffité, au bout du cap Fréhel ? Eh bien, il semble prévu de le détruire et d’installer à sa place un observatoire à oiseaux. Encore un méfait des écologistes, déjà responsables de la destruction de l’Hôtel de l’Iroise au bout de la pointe du Raz.

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  • On le sait avant d’oser se le dire : c’est la dernière fois que nous partons en vacances ensemble à l’aventure sur les routes. Elle a choisi la Bretagne, terre parcourue main dans la main plus d’une fois, dont me resteront ces images :

    Dimanche :

    Une longue station à Cancale sur un banc au dos duquel est écrit « Ici, Alphonse Roux, ancien Terre-Neuva aimait à contempler la mer » (faute d’orthographe d’origine).

    La nuit dans les hauteurs de cette ville en chambre d’hôtes au Manoir de la Drouennière, village de Terrelabouët, maison du dix-huitième siècle « d’aspect tout à fait modeste avec toutefois de belles lucarnes et un cadran solaire. Robert Surcouf, le célèbre corsaire malouin, y fut mis en nourrice et y passa sa jeunesse, ses parents étaient originaires de Cancale ».

    Lundi :

    L’incident au café brasserie de la presqu’île du Grouin, fréquenté par tous les beaufs en vacances (« Il faut qu’on aille à la supérette »), où je traite un type des Deux-Sèvres vantant la manifestation anti mariage gay de la veille à Paris, où il était, de facho à moustache. Dans le départ précipité qui s’ensuit, je manque oublier mon sac que le serveur nous rapporte, courant après la voiture.

    L’alarme qui se déclenche lorsque nous pénétrons à la suite d’une jeune femme dans la chapelle Notre-Dame-du-Verger, celle-ci effrayée par ce quasi miracle.

    Mardi :

    Le déjeuner au Café Restaurant des Sports à Ploubalay, banal établissement situé loin de la côte mais chaudement recommandé pour son plateau de fruits de mer. Tandis que je décortique le mien, elle déguste une choucroute andouilles et Saint-Jacques. En dessert, ce sera un Butter Scotch : glace vanille, poire, chantilly et copieux nappage de caramel.

    Le hameau abandonné de Saint-Germain, près de Matignon où nous logeons, la cascade, l’ancien moulin, la maison de Léa. Notre hôtesse nous raconte que son mari a connu Léa, la dernière habitante, qui vivait là sans électricité et avec l’eau du puits. Nous passons un long moment parmi ces ruines que « le Conseil Général a rachetées, comme de juste ».

    Mercredi :

    La longue balade sur le chemin des douaniers entre Fort Lalatte et le cap Fréhel. À l’arrivée, la tristesse de constater que le restaurant La Fauconnière, où autrefois j’ai partagé un plateau de fruits de mer avec celle qui me tenait la main avant celle qui me la tient encore un peu, est fermé, abandonné, graffité.

    Une boisson fraîche à Treveneuc au pied de la falaise de Plouha (nous logeons au bout du chemin de la forêt).

    Jeudi :

    Un passage à l’abbaye de Beauport à Paimpol suivi d’un copieux déjeuner avant Tréguier à La Licorne, restaurant routier aux accortes et alertes serveuses.

    Une promenade en bord de mer à Plougrescant suivi de moules frites chardonnay au Pesked à La Roche Jaune.

    Vendredi :

    Une nouvelle promenade à Plougrescant, de Pors Hir au Gouffre, en passant par la pointe de Château et la petite maison entre les rochers dont les propriétaires découragent la photo en garant leurs voitures devant.

    Le dernier déjeuner en bord de mer à la terrasse du Grand Hôtel à Port-Blanc (saumon et crumble antillais). Le soir venu, un dernier verre dans le jardin de L’Elektron Libre, café décontracté, commune de Trevoux-Tréguillec. Elle y dessine quelques-unes des consommatrices cependant que Stanley Beckford chante en boucle.

    La Bretagne, ses beautés, ses bontés, qui ne peuvent nous faire oublier comme on se retrouve démuni quand cale l’amour.

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