• A la découverte de la vallée de l'Ubaye (un)

    Ce vendredi matin, je déjeune au plus tôt à l'Oustau Dou Pitchoun Blu (les confitures, la brioche et le pain sont de la maison et tout cela est fort bon) puis je quitte Peipin en direction de Gap et tourne à droite quand il le faut, vers la vallée de l'Ubaye. Je m’arrête à Tallard (joli village dominé par les ruines d'un château jusqu'où je grimpe) puis à l’extrémité du lac de Serre-Ponçon (le temps d’une photo).

    La vallée de l'Ubaye mène en Italie mais je ne vais pas plus loin que Barcelonnette, bourgade principale, trois rues parallèles et piétonnières où se concentrent les commerces, les cafés et les restaurants. Aucun de ces derniers ne me convient. C'est au restaurant Gaudissart, hors centre, pas loin de la gare routière, que je prends place, attiré par l'aïoli figurant au menu du jour. En entrée, je prends de la tourte aux herbes, boudant la trioline de pâtés. C’est quoi une trioline de pâtés, demande une dame. Eh bien, ce sont trois morceaux de pâtés différents, répond le serveur. A la table du personnel hospitalier on parle d’ici : « Forcalquier, oui c’est bien, mais si on n’est pas du pays » « C’est comme Barcelonnette » « Et le dimanche à Gap, vous savez, pas un chat ».

    L’aïoli, ça fait toujours envie et puis quand on l'a devant soit on se dit ce n'est que ça, me dis-je à l'arrivée du mien. C'est en tout cas une affaire pour le restaurateur, la matière première n'étant guère onéreuse et la préparation réduite. En dessert, j'opte pour une mousse au chocolat. Avec le quart de vin rosé, cela frôle les vingt euros.

    Gaudissart ne mérite pas d’être illustre comme son homonyme balzacien. L'ai-je seulement lu jusqu'au bout cet Illustre Gaudissart. J'y réfléchis un peu plus tard prenant un café en terrasse au Choucas, place Manuel, qui fait karaoké le jeudi soir à partir de vingt-deux heures. De ce que j'ai lu de Balzac, quand j’étais au lycée, livres empruntés à la bibliothèque municipale de Louviers, je n'ai pas retenu grand-chose : Le Cousin Pons, La Cousine Bette, Le Lys dans la vallée, Eugénie Grandet, Le Père Goriot et cet Illustre Gaudissart. Je sautais les descriptions et allais assez peu souvent jusqu’à la fin, mais je me souviens parfaitement de l'aspect des ouvrages et de leur odeur de livres de messe.

    Je sais une chambre d’hôtes avec ouifi au-dessus du village de Barcelonnette où je réserve trois nuits par téléphone (il existe encore quelques cabines pour les gens comme moi démunis de téléphone mobile). J'y grimpe par une route étroite et défoncée vers quatorze heures trente.

    Sous un soleil incertain, mes bagages déposés, je découvre à pied les alentours, en arrière-fond des sommets enneigés. Tour à tour, je rencontre une chapelle, un cheval, de la volaille et une troupe d’ânes sympathiques avec qui je cause un moment.

    *

    Un couple en discussion au Choucas. Lui à elle « Après, hein, si ça te fait plaisir de te reposer, de rester seule, je comprends, hein. »

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