• A la recherche d’une photo de Manuel Alvarez Bravo un mercredi à Paris

    Le soleil se lève dans un ciel rouge ce mercredi à Paris. Il embellit la ville et me donne envie de baguenauder, d’autant que je suis devenu quasi abstinent dans l’achat des livres et que par ailleurs je n’aurai pas le plaisir de retrouver celle qui étudie ici pour la raison que cette semaine encore elle étudie à fond.

    Je passe quand même la matinée boulevard Saint-Michel dans mes librairies préférées, déjeune rue Saint-Séverin chez mon kebabier habituel puis me mets en quête de la Maison de l’Amérique Latine, boulevard Saint-Germain, afin d’y voir l’exposition de photos intitulée Fragments latino-américains. A pied, ce n’est pas tout près, me dit l’homme qui me renseigne. Je passe devant l’église Saint-Germain-des-Prés. Elle me rappelle l’enterrement de Bashung.

    Fragments latino-américains montre, dans les sous-sols de l’hôtel particulier, les œuvres de seize photographes et vidéastes de là-bas. Celui qui m’a conduit jusqu’ici, c’est le Mexicain Manuel Alvarez Bravo, mort en deux mille deux à l’âge de cent ans. Je regarde ses photos : fragments de maison, drapés, corps féminin, sans y trouver celle que je cherche.

    Je reprends le chemin en sens inverse, m’arrête un instant devant le numéro deux cent deux où vécut et mourut Guillaume Apollinaire, traverse la Seine et entre au Centre Pompidou afin d’y boire un café à la Mezzanine. Plongée dans des lectures ardues, celle que je ne verrai pas doit être au-dessus à la Bépéhi.

    Le café bu, je me dirige vers la rue Vieille-du-Temple et entre au Centre Culturel Mexicain. Ici, l’exposition de photos a pour mauvais titre Ombre et lumière. Manuel Alvarez Bravo y a toute sa place. L’image que je cherche est là. La bonne renommée endormie montre une femme nue allongée sur une natte sous un soleil intense, les cuisses et les pieds bandés, les yeux clos, près d’elle de petits cactus sexuellement inquiétants. Elle a été réalisée en mil neuf cent trente-huit pour André Breton.

    Une reproduction de cette photo était dans la chambre de mon frère Jacques à Paris puis à La Rochelle où il mourut une nuit. Je pense qu’il l’avait achetée lors de l’exposition de mil neuf cent quatre-vingt-six au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris. Elle est chez moi maintenant.

    *

    Quand même quelques livres dans mon sac en rentrant de la capitale, dont le numéro de la revue Europe consacré à Boris Vian, publié en novembre/décembre deux mille neuf à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa mort, et une élégante publication datant de deux mille quatre du Bartleby de Melville par les Editions Amsterdam, nouvellement traduit par Jérôme Vidal et illustré par Jean-Claude Götting, deux ouvrages trouvés bradés chez Gibert Jeune.

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