• A Paris, de Montmartre à la Villette, ce mercredi (seconde partie)

    Ce mercredi donc, elle et moi nous dirigeons vers le quartier japonais de Paris. Elle me montre au passage la partie japonaise des Galeries Lafayette puis je découvre le restaurant Drouant devant lequel je suis passé tant de fois sans le voir, place Gaillon. Sur la façade sont peints les noms de certains des membres de l’Académie Goncourt, en noir les morts, en rouge les vivants ; autrefois : Jules Renard, Colette et Jean Giono ; aujourd’hui : Daniel Boulanger, Edmonde Charles-Roux et Robert Sabatier, une impression de dégringolade.

    Un peu plus loin, nous entrons chez Book-Off, côté japonais puis côté français, où j’ai l’intention de n’acquérir aucun ouvrage mais d’où je ressors avec le livre le plus étrange que j’aie jamais acheté Archives de la présidence de la République de Valéry Giscard d’Estaing, énorme objet de sept cent sept pages, valeur quarante-cinq euros, vendu un euro.

    -Je ne sais pas ce que je vais faire de ça, dis-je à la vendeuse, mais vous ça vous débarrasse.

    Elle nous suggère de l’utiliser pour faire un herbier. Mon Giscard à la main, nous prenons le passage Choiseul. Il a bien changé depuis le temps où Céline y était enfant, m’explique celle qui me tient l’autre main (elle lit Mort à crédit en ce moment). A la sortie, son téléphone sonne. C’est une bonne nouvelle. On veut bien d’elle dans une colocation.

    Arrivés rue Saint-Anne, nous entrons au restaurant Higuma, l’un de ceux du coin où l’on sert de la cuisine traditionnelle japonaise, et commandons des donburis (grands bols de riz sur lesquels reposent diverses garnitures), crevettes pour elle, bœuf et calamars pour moi. Tandis qu’on s’agite en cuisine à coup de wok enflammé, on nous sert deux soupes grasses que nous mangeons du bout des lèvres. Le personnel nous regarde alors bizarrement, au point qu’on se demande si on ne commet pas un impair. Ne sont-ce pas des sauces ? Une serveuse parlant français s’avance et nous dit que notre soupe est mal faite. On nous en apporte une autre avec plates excuses, pas meilleure que la première. Le plat est également décevant et gras, peu de viande et de produits de la mer, surtout du riz et des légumes. Quant au thé demandé, il est oublié, n’arrivant que bien plus tard. Les trois salles sont complètes, moitié européens moitié asiatiques, ambiance cantine. Je me concentre sur mes baguettes et suis content quand j’en ai fini, tandis qu’elle ne termine pas. Perplexes, nous considérons la file d’attente qui s’allonge sur le trottoir à l’entrée des différents restaurants japonais et prenons à Pyramides une rame de métro qui nous dépose au parc de la Villette

    Après un café et thé pris à la terrasse du Couique installé dans l’une des folies de Bernard Tschumi, nous nous allongeons sur la pelouse près du canal de l’Ourcq où nous profitons du soleil.

    Plus tard, nous allons au long du canal jusqu’à Pantin. Elle photographie les Grands Moulins transformés en immeubles de bureaux et la Grande Blanchisserie toujours en activité. A un moment, il faut songer à regagner la gare Saint-Lazare. Nous nous séparons, elle allant vers son futur logement, moi regagnant le mien à Rouen.

    *

    La crise de la quarantaine, on ne parle que d’elle. Pourtant, bien plus terrible est celle de la soixantaine (en ce qui me concerne).

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