• A Paris, où il pleut quasi tout le mercredi, entre livres et sushis

    Quand je quitte mon logis, dès potron-jacquet ce mercredi, je sais que je vais me faire saucer toute la journée, et c’est sous le parapluie que je rejoins la gare de Rouen pour y prendre le train de Paris, au programme librairies en solitaire et restaurant japonais avec celle qui mène dans la capitale des études épuisantes.

    Au terme d’un voyage sans histoire, je me dirige à pied vers l’Opéra, courageusement mouillé. J’ai dans mon sac à dos un livre vendu la veille via Internet. Je le confie à la gardienne d’un luxueux immeuble, square de l’Opéra-Louis-Jouvet. Puis, en attendant l’ouverture de Book-Off, rue Saint-Augustin, je vais boire un café au bar d’en face, lisant Le Parisien tout comme un autochtone.

    Jamais encore je ne suis entré chez Book-Off, bouquinerie dont j’ai vu la publicité dans le métro et qui appartient à une chaîne japonaise. Le temps mauvais en fait l’idéal refuge. J’y passe longuement en revue les livres à un et deux euros, emplissant mon panier.

    D’autres achats de petit prix suivent chez Gibert Jeune, Gibert Joseph, Boulinier et Mona Lisait, une fois le Quartier Latin  et les Halles rejoints par les lignes trois et quatre du métro. Las de la pluie, je me réfugie au Musée d’Art Moderne où je revisite elles@centrepompidou dont l’accrochage est partiellement renouvelé, mais ça dure, cette exposition, ça dure, un peu trop à mon goût et jusqu’en juin je crois, rien de particulier à noter.

    Je prends un café verre d’eau à La Mezzanine en feuilletant l’un des livres achetés lorsque arrive celle que je suis heureux de retrouver. Il est temps, je suis en train de m’embrouiller grossièrement avec les occupants de la table voisine qui de trois sont passés à quatre puis à cinq, m’envahissant littéralement et m’empêchant de lire.

    Nous partons, nous attardant un peu sur la plazza où opère un faiseur de bulles de savon énormes. Un simple fil entre deux bâtons, un seau de liquide approprié et vole la bulle. Elle veut faire pareil dans mon jardin quand ce sera le printemps, me dit-elle, ce qui me rappelle celles plus petites qu’elle lançait dans le ciel l’été dernier pour alléger ma clavicule cassée. Il ne pleut plus.

    La Seine traversée, c’est dans notre habituel restaurant japonais de la rue Monsieur-le-Prince que nous dînons. Un café au Couique de Saint-Lazare et il faut se séparer. Elle envisage d’aller voir si elle peut récupérer son vélo abandonné dans la rue le jour de sa fuite de chez les Thénardier. Je me trouve une place dans le train de nuit qui va me ramener à Rouen.

    Pendant le voyage, je recense mes nouveaux livres. Bizarrement, il y est essentiellement question de sexe : Esquisse pour une jeune fille de Marie Françoise Hans (Editions Hachette), La Passe imaginaire de Grisélidis Réal (Editions Manya), Shanghai : opium, jeu, prostitution traduit du chinois par Nadine Perront (Editions Picquier), Une jeune fille à la page d’une certaine Héléna Varley (Editions Blanche), Le dernier tableau de José Pierre (Editions Blanche avec en couverture un photomontage de Molinier) et La correction d’une certaine Zénaïde Constant (Editions Hors Commerce).

    Ce dernier ouvrage, m’apprend la quatrième de couverture, fut publié une première fois en mil neuf cent soixante-dix par Jérôme Martineau, lu un soir au Café de Flore et interdit illico. On y fesse, étrille, châtie, claque et fustige à l’envi. En exergue figure cette énergique formule signée Eugène Delacroix « Il faut beaucoup corriger ».

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