• Amours, guerres et sexualité au Musée de l'Armée (Invalides)

                Il fait beau quand je sors du métro, ce mercredi matin. Le dôme des Invalides brille de tous ses feux. J’entre dans la cour d’honneur et je suis le fléchage. Ce qui est bien avec les militaires, c’est la précision chiffrée, je suis à cent soixante-quinze mètres de l’entrée de la première partie de l’exposition Amours, guerres et sexualité, cent vingt mètres, soixante-quinze mètres, chaque panneau fait état de ma progression et finalement j’atteins la cible.

                J’achète mon billet et progresse dans le corridor de Perpignan (un vrai couloir en effet) où sont exposés moult documents historiques des deux guerres mondiales concernant la vie affective et sexuelle des soldats et de la population civile en temps de guerre. Des amours séparées, contrôlées, partagées ou outragées, ainsi que le résume le texte de présentation.

                Je fais mon marché parmi les objets présentés : un marin tire-bouchon et un obusier allemand dont l’obus cache un bel engin en effet, ce sont deux outils en provenance du Musée de l’Erotisme. « Fantasme patriotique et dimension phallique des armes » commente sobrement le carton explicatif. Tiens, une citation d’Adolf : « La vie publique doit être débarrassée du parfum de notre érotisme moderne. ». A côté, un document nazi stigmatise « le déshabillage de la danseuse nègre Baker ». Des chansons d’époque agrémentent la visite, je ressors de là avec Lili Marleen dans la tête,  impossible de m’en débarrasser.

                C’est bizarrement organisé cette exposition, un vrai parcours du combattant pour en trouver la seconde partie dans le corridor de Valenciennes. Je dois demander de l’aide à une petite secrétaire (qui malheureusement ne porte pas d’ « uniforme qui collait à ses formes » comme dans la chanson de Boris Vian). De ce côté, les femmes violées ou tondues remplacent les infirmières et les fiancées de la première partie. La guerre n’est assurément pas une partie de plaisir. « Il est strictement interdit aux prisonniers de guerre de s’approcher sans être autorisés aux femmes et filles allemandes » prévient une affiche nazie, tout contrevenant aura dix ans de prison, ou sera condamné à mort en cas de relation sexuelle. Un compte-rendu de procès fait état de la condamnation d’un prisonnier français en Allemagne pour « acte impudique avec vache ». Autre curiosité : un autel portatif avec tous les outils du curé à l’intérieur, indispensable pour célébrer les mariages au front.

                Je traverse à nouveau la cour d’honneur quand je quitte l’hôtel des Invalides, des gendarmes en grande tenue apprennent à marcher au pas de cérémonie. Je les observe dans leurs déplacements linéaires et circulaires. Cela me rappelle certains jeux que l’on fait à l’école maternelle.

    Partager via Gmail Yahoo!