• André Blanchard, un écrivain à connaître et à reconnaître

    Lecture pénible que celle du Journal de Michel Polac, l’ancien présentateur de Droit de Réponse à la télévision, un déprimé sans cesse occupé à pleurnicher sur son sort. Si je suis allé jusqu’au bout, il y a plusieurs mois, c’est que Polac m’intéresse quand il parle des autres, notamment des écrivains.

    Début mil neuf cent quatre-vingt-quinze, il évoque le méconnu André Blanchard en ces termes: Reçu à l’instant Messe basse d’A. Blanchard dont j’avais aimé le premier recueil de son Journal. Je n’ai vraiment pas les mêmes goûts, Mauriac, Cabanis, Léautaud, etc., mais j’apprécie son naturel et l’audace de son idiosyncrasie, nous nous retrouvons sur bien des points. et de citer ledit Blanchard en son nouvel ouvrage : Rinaldi, Bernstein, Polac : avoir mobilisé ces importants-là, faut qu’il les ait soudoyés, ricanent mes amis de Vesoul.

    Le nom d’André Blanchard ne m’était pas inconnu grâce à Loïc Boyer, Vésulien temporaire, qui me l’avait signalé dès son arrivée en Haute-Saône.

    Je l’ai lu bien après et ne trouve le temps d’en parler que maintenant, copicollant le peu qu’en dit Ouiquipédia : « S'opposant à la prééminence du genre roman, André Blanchard publie essentiellement des carnets, réflexions sur la littérature et sur l'actualité d'où s'exhale le mal-être de l'auteur. En ressort une vision exigeante de la littérature, considérée comme un besoin absolu. André Blanchard garde les salles d'expositions municipales de la ville de Vesoul. » J’ajoute qu’il est né exactement deux semaines avant moi.

    C’est une lecture attrayante que celle des ouvrages d’André Blanchard. Il sait écrire et a de la vie une vision qui me plaît bien. On croise dans ses textes, entre autres, les amis Jules Renard, Paul Léautaud et l’abbé Mugnier.

    Je connais encore peu de ses écrits : le premier volume des carnets, écrits entre avril et septembre mil neuf cent quatre-vingt-sept, Entre chien et loup (Le Dilettante) d’où j’extrais ceci : Qu’est-ce que le progrès ? C’est par exemple la physionomie du paysan d’aujourd’hui : à trente-cinq ans, un embonpoint impossible à camoufler, à se demander qui est engraissé pour l’abattoir, son bétail ou lui ! et Pèlerinages, des récits de vagabondage publiés en deux mille neuf chez le même éditeur.

    Ces Pèlerinages nous mènent en des endroits divers : au pied d’un monument aux morts, chez monsieur le curé, dans un quartier de Besançon à la recherche de sa jeunesse, au cimetière du Père Lachaise sur la tombe de Pierre Desproges, dans celui de Blaisy-Bas devant celle de Louis Calaferte ou encore à la chapelle de Ronchamp du Corbusier.

    Je relis tout ça en diagonale pour écrire ceci, prélevant cet extrait qui dit bien :

    Habiter un village à longueur d’année, se farcir la mauvaise saison qui en mange la moitié dans cette région, il y faut un moral tout en muscles, sans quoi on peut préjuger de la réponse :

    -Comment voyez-vous l’avenir ?

    -Au bout d’une corde.

    *

    Il fut un temps où Le Dilettante ne publiait quasiment que des bons livres, cela a changé, notamment depuis l’arrivée au catalogue d’Anna Gavalda, mais je l’oublie parfois d’où l’achat trop vite fait (un euro) d’un roman de Nicolas Beaujon Le Patrimoine de l’humanité, lequel narre l’histoire d’un gardien de musée cocaïnomane. Je lis ça : Je prends racine. Je suis comme enraciné dans ce musée. Rien ne peut me faire bouger. Si un visiteur m’adresse la parole je lève vaguement la tête et lui signifie qu’il me dérange en pleine méditation. Les chiottes ou la sortie, il n’y a que ça qui les intéresse., je le referme et le mets sur la pile des livres à revendre.

    *

    Cherchant sur Gougueule ce qu’on y dit de la rebellocratie chère à Philippe Murray, je lui trouve surtout des disciples (aux idées brunes) qui font tort à ses idées. Tel est le sort des idéologues.

    *

    Cela me fait songer au propos de Paul Léautaud (le contraire d’un idéologue), que je cite approximativement : « On écrirait moins si on savait par quels imbéciles on est lu. »

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