• Au cinéma Omnia pour Jeune et jolie de François Ozon

    « Nous traversons un drôle d’été pour le cinéma… Jamais le public n’aura autant déserté les salles, laissant les films sur le bas côté de la route… » déclare en édito du numéro cent cinquante-cinq d’Omni News le trio dirigeant de l’Omnia qui m’avait pourtant habitué à un optimisme inoxydable. La situation doit être grave. À moins qu’il ne s’agisse d’une tardive tentative de découragement des autres candidats pour la « gestion en délégation de service public de cet établissement ». Dans ce cas, c’est raté. Après l’annulation en juin dernier de la précédente par le Tribunal Administratif de Rouen, le Melville, l’Ugécé et le responsable de « Tous les cinémas du monde » ont envie de bouter l’équipe actuelle (Nord Ouest Exploitations Cinémas) sur le bas-côté de l’écran.

    C’est ce mardi que se clôture l’appel à candidatures et justement j’y suis au cinéma Omnia, à vingt heures, pour voir en avant-première Jeune et jolie de François Ozon, titre reprenant celui d’une défunte revue pour filles. C’est l’histoire d’une adolescente décidant de mettre à profit ces deux qualités en les offrant moyennant finance à des messieurs argentés.

    J’achète mon billet senior à une caissière qui l’est aussi (jeune et jolie) et m’installe au milieu du dernier rang de la salle Deux. Au fil des minutes, elle se remplit à demi. Ce soir, on est loin du désert raconté sur le dépliant rose. A ma gauche s’installent trois filles qui ont l’âge de Marine Vacth, l’actrice jeune et jolie, prénommée Isabelle dans le film ou Léa quand elle se prostitue, corps longiligne et petits seins.

    L’histoire est en quatre saisons, illustrée par quatre chansons de Françoise Hardy (toujours agréable à entendre). Elle se déroule dans un climat familial un peu tordu avec, notamment, un jeune frère fort troublé par sa sœur.

    Après des vacances d’été qui sont l’occasion d’une première fois pas terrible avec un beau jeune homme allemand, la jeune et jolie fille passe brusquement à un automne de rencontres avec de vieux messieurs. Il débouchera sur un hiver problématique, l’un d’eux ayant succombé sous elle, (police, scandale, psychologue) puis sur un printemps incertain pendant lequel la demoiselle essaiera une nouvelle fois un garçon de son âge dont elle sera déçue avant de rencontrer la veuve du trépassé jouée par Charlotte Rampling que je n’avais pas vue depuis plusieurs décennies (un choc pour moi qui l’ai connue jeune et jolie). La scène se passe dans la chambre d’hôtel où mourut le mari, une chambre dans laquelle Isabelle se réveille seule. On ne sait pas si elle redeviendra Léa.

    Cette incertitude finale et le mystère qui entoure auparavant les actes de la jeune et jolie, pas intéressée par l’argent qu’elle serre dans son armoire, ne prenant aucun plaisir, peut-être juste animée par le jeu, sont bien pour me plaire. Je sors donc de là assez content.

    *

    La plus proche des trois filles à ma gauche à chaque scène qui la choque : « Oh, putain ! ». C’est le cas de le dire (comme on dit).

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