• Aux vide greniers de La Bouille et de Criquebeuf-sur-Seine

    Pas le moindre bruit lors de la finale de la Coupe de Monde de foute ; depuis l’élimination de la France nul ne semblait plus s’y intéresser, notamment ceux qui se cherchent un ennemi et qui ne pouvaient plus défiler dans les rues derrière un drapeau en beuglant des chants patriotiques. Quelques explosions quand même dans la nuit, ce sont les feux d’artifice de banlieue, qui ont lieu le treize plutôt que le quatorze. A cinq heures trente, je suis debout, remerciant intérieurement les communes de La Bouille et de Criquebeuf-sur-Seine d’organiser leur vide grenier en ce jour férié synonyme de vacuité.

    La première de ces deux communes de bord de Seine me rappelle de bien bons moments. Y être est donc autant un mal qu’un bien. Je sillonne plusieurs fois les ruelles bordées de maisons bourgeoises sans trouver livre qui me convienne et ne m’y attarde pas.

    La seconde de ces deux communes de bord de Seine ne m’évoque que des souvenirs professionnels. Quand je faisais l’instituteur remplaçant en zone d’intervention localisée, j’y ai quelquefois remplacé l’instituteur qui, dans sa classe unique, pratiquait la pédagogie Freinet. Je ne sais si c’est l’une de ses anciennes élèves que j’entends dire « On peut compter sur l’espèce humaine pour voir des problèmes là où il n’y en pas ». Parcourant dans les deux sens la longue rue parallèle au fleuve, je croise mon ancien voisin du dessus de quand j’habitais à Val-de-Reuil, responsable de mon courrier en mon absence, toujours là-bas, avec désormais une barbe musulmane, et constate qu’il n’y a pas ici davantage de livres pour moi, n’ayant heureusement pas besoin d’Enfant difficile, enfant prometteur, ni de Bien négocier son divorce.

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    A Criquebeuf, comme à La Bouille, des nymphettes occupées à tresser des bracelets d’élastiques colorés, activité obligatoire de l’été deux mille quatorze.

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    « Marasme », mot employé par Gabriel Matzneff dans son Journal des années Soixante pour qualifier les jours où ça ne va pas.

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