• Aux vide greniers de Romilly-sur-Andelle, Saint-Aubin Epinay et Rouen Saint-Eloi

    Le beau temps assuré et pas découragé par l’échec de la veille, je prends à nouveau la voiture dimanche avant même le lever du soleil et direction Romilly-sur-Andelle où j’arrive alors que la boule rouge apparaît à l’horizon. Ce village est prospère. En témoigne la nouvelle et mirifique aire de jeux pour enfants près de laquelle se tient le déballage. Des livres y sont visibles de-ci de-là. Le premier qui m’intéresse est d’Hugues Rebell et a pour titre Journal d’une enfant vicieuse. « Cinquante centimes », me dit l’une des deux jeunes filles qui le vendent et n’ont pas dû le lire. Un peu plus loin, je trouve pour le même prix L’héritage infernal (des filles et des fils de nazis racontent) de Dan Bar-On.

    C’est par la côte Jacques-Anquetil que je quitte Romilly, me dirigeant au jugé, et avec l’aide qu’un homme sortant de la boulangerie de Montmain, vers Saint-Aubin Epinay. Je m’y gare pas loin de l’abri où par le passé, la clavicule cassée, j’attendais le bus pour Rouen avec celle qui me tenait la main, après une nuit passée à L’Epinoy, le petit hôtel local. Ce village est également prospère et même bourgeois. On y trouve donc des livres à vendre mais pas forcément à acheter.

    Une femme est au téléphone avec son mari. Il veut savoir comment habiller la gamine.

    -Mets-lui des collants, il fait un peu frais, et débrouille-toi pour qu’elle ne ressemble pas à un clown, Si j’avais su, j’aurais laissé des vêtements au bout de son lit.

    Au moins trente ans qu’on parle des nouveaux pères, mais il reste encore quelques anciens, semble-t-il.

    Je fais deux fois le tour du pays puis rentre à Rouen. Il me reste à explorer le vide-grenier local, quartier Saint-Eloi, près du temple du même nom. C’est selon moi le plus triste de la ville, même quand il fait soleil comme aujourd’hui. De plus, certains exposants sont peu accessibles, serrés dans un goulet en contrebas de la place ou installés derrière des barrières qui protègent le badaud des rames de Teor. On ne peut pas circuler, encore moins voir. Je croise quelques têtes connues, trouve quelques livres à mettre dans mon sac et file.

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    A midi, je renoue avec la terrasse du Son du Cor, y côtoyant le bobo retour du marché et lisant l’un des livres du matin : Pauline Sachs d’Alexandre Droujinine (Phébus), l’histoire d’un « homme d’âge » (trente-deux ans) épousant une « très jeune fille » (dix-neuf ans) qui le trompera avec un jeune prince de ses amis, un roman de mil huit cent quarante-sept présenté en quatrième de couverture comme une anticipation de Nabokov, vite lu, vite revendu.

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    La fille Le Pen virée du marché de Sotteville-lès-Rouen, c’est ici la nouvelle du jour.

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