• Berio Ravel Beethoven à l'Opéra de Rouen

                Le programme est éclectique ce jeudi soir à l’Opéra de Rouen. Je suis en haut du premier balcon. Cela commence par Requies, per orchestra da camera de Luciano Berio. Le chef, Gilbert Amy, s’apprête à lancer l’orchestre. Un mouflet gazouillant par deux fois l’en empêche. La troisième est la bonne. Certaines spectatrices devant moi s’agitent. Je perçois ce qu’elles pensent. Elles se disent que l’orchestre n’a pas fini de s’accorder. Au point d’orgue, un téléphone portatif sonne. Décidément la vie n’est pas aussi parfaite qu’elle devrait l’être.

                C’est maintenant Maurice Ravel pour le Concerto pour piano et orchestre, en sol majeur avec au piano l’unanimement reconnu Georges Pludermacher. Quel talent en effet. Je suis idéalement placé pour admirer le jeu de ses doigts courant sur le clavier. Les musiciens de l’orchestre sont à la hauteur. Les applaudissements éclatent en proportion du plaisir reçu. Georges Pludermacher se rassoit et annonce en supplément de programme Ondine du même Ravel. Nouveau tonnerre d’applaudissements. Il revient une troisième fois pour un court morceau qu’il ne nomme pas et que mon inculture musicale m’empêche de connaître.

                Après l’entracte, pendant lequel je contemple la multitude des mélomanes sur fond des lumières colorées de la foire Saint-Romain, c’est la Symphonie numéro un, en ut majeur opus vingt et un de Ludwig van Beethoven.

                Un bien bon concert, me dis-je, rentré chez moi, relisant la présentation par Christophe Queval de chaque œuvre jouée. J’y cherche les formules imagées dont il a le secret : « intense jubilation » « ombres vacillantes » « miroitement harmonique » « lamentation tremblante » « texture fragile » « façon lancinante » « voix fantomatique » « taraudant palimpseste » « obédience lisztienne » « échos maléfiques » « énergie sulfureuse » «  noirceur mortifère » « émotion sereine » « ébouriffantes difficultés » « péroraison échevelée ». Ce n’est qu’un échantillon. Paul Claudel n’a pas été lu par tous, qui écrivait : La crainte de l’adjectif est le commencement du style.

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