• Bien accueillis et à volonté

                Je l’attends à la station de métro François Truffaut sur la ligne Boulingrin/ Georges Braque pour expérimenter ce restaurant chinois repéré grâce à la grande banderole vantant son menu à volonté. J’ai avec moi pour patienter Du rouge au gynécée, roman érotique de la dynastie Ming publié chez Philippe Picquier mais le spectacle de la rue me fait oublier la lecture.

                Petit-Quevilly m’offre tous les clichés de la banlieue : moutards se risquant à vélo sur les voies du métro, filles de seize ans pouponnant leur premier bébé, mères de famille nombreuse se réjouissant de la reprise prochaine de l’école, branlotins cherchant la pièce de cinquante centimes qui leur manque pour aller manger chez Flonche.

                Une rame arrive et elle en sort. Nous poussons la porte de l’auberge et sommes conduits jusqu’à une table pour deux. Contre un billet de dix euros, tout est permis le midi. Il faut juste aller se servir « comme des grands » nous indique notre hôte asiatique.

                On ne s’en prive pas : une assiette d’entrées froides puis une assiette d’entrées chaudes et maintenant une assiette emplie de lamelles de viandes et de poissons crus accompagnées de légumes divers. Le cuisinier s’en empare, en jette le contenu dans une passoire qu’il plonge dans l’eau bouillante, verse cette première cuisson dans une poêle géante, ajoute une sauce thaïlandaise et cuit tout cela une nouvelle fois dans un geyser de flammes. Il verse le résultat de sa cuisine dans une assiette et nous y ajoutons nouilles chinoises et riz cantinais. C’est délicieux et le vin en pichet, le décor surchargé, la musique dégoulinante ajoutent au plaisir d’être ensemble pour ce repas chinois.

                Evidemment, on ne peut résister à la tentation d’une nouvelle assiette mais quatre c’est trop, et pas très fiers, nous l’abandonnons pour une tranche napolitaine bien industrielle.

                Lorsque nous regagnons la rive droite de Rouen, je constate que nous ne connaissons même pas le nom de ce restaurant où nous venons de trop bien déjeuner, un nom que je découvre sur le reçu de carte bancaire qui tombe de ma poche un peu plus tard : Au Bon Accueil, une dénomination pas du tout exotique mais bien justifiée.

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