• Bob Log III à Rouen pour le Cent Six

                Samedi fin d’après-midi, j’arrive sur la place des Floralies et du Socrate réunis afin d’y entendre le blouze-ponque de Bob Log III, invité en plein air du Cent Six, la future salle des musiques actuelles de l’Agglo de Rouen. Le camion de pompiers de la commune de Fondettes qui sert de scène est bien là au bout de la rue des Ecureuils mais une drache soudaine oblige à le recouvrir d’une bâche.

                Je me réfugie dans la bibliothèque Roger Parment où je croise Hélios Azoulay qui m’invite au concert de musique incidentale qu’il donnera en duo avec Marielle Rubens le six mai au café Le Trois Pièces. Lisant Libération, je guette par la fenêtre la fin de l’averse.

                L’accalmie venue, je redescends tandis qu’arrive par un autre chemin Valérie la Mairesse venue écouter un peu de musique pour se distraire de son boulot municipal et voici que se fait entendre un son de guitare et qu’apparaît celui qui en joue. C’est certain, lui, je ne l’ai pas croisé dans les années soixante-dix au fond du Massif Central.

                Bob Log III est vêtu d’une combinaison noire avec des petits carrés qui brillent sur les bras, les jambes et ailleurs. Il porte un casque d’aviateur greffé d’un combiné téléphonique où est caché un micro qui déforme sa voix. Il grimpe sur la scène, s’installe sur son siège et il se lance, guitare pour les mains (dont l’une de singe suite à un accident d’enfance, paraît-il) et percussions pour les pieds. Un homme-orchestre, ça s’appelle. Quand il achève un morceau, il salue le poing levé en poussant un cri. C’est de la musique pour exciter les branlotins et les branlotines. Eux et elles sont là et lèvent le poing. La fille mauve filme tout ça avec sa caméra. Jamais entendu parler de Bob avant ce jour, ça me plaît bien.

                Zut, la pluie reprend. Des costauds tiennent la bâche à bout de bras au-dessus de l’artiste imperturbable. La fille mauve met un imperméable à sa caméra. Deux branlotins profitent un peu de mon parapluie mais j’ai l’esprit large. Je ne vois plus madame le Maire. Je laisse divaguer mon esprit et j’imagine que Bob est en réalité un ancien pompier d’où le casque et le camion qui sert de scène (je comprends pourquoi on l’a viré).

                Le soleil revient et la dernière chanson est sans bâche. Bob Log III se lève et vient se promener parmi les spectateurs et spectatrices, Un garçon tressé veut absolument lui offrir une cigarette. Bob l’ignore et remonte, toujours jouant de sa guitare, la rue des Ecureuils. Dans le dos de sa combinaison son nom en carrés brille. Il s’engouffre dans une voiture de forte cylindrée garée un peu plus haut. C’est terminé.

                -Il est parti comme un seigneur, commente un garçon près de moi.

                Ces petits jeunes gens sont attendrissants.

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