• C'est la fin de l'Armada de Rouen, allons voir partir les militaires et les autres marins

                Plutôt que prendre la voiture et aller se poser quelque part au bord de la Seine entre Rouen et le Havre en espérant être tranquilles et qu’il n’en soit rien, je lui propose de rester ici pour le départ des voiliers. Avant neuf heures, ce quatorze juillet, nous sommes au bout du quai, dans le quartier des bateaux de guerre. Sur l’un d’eux, Patrick Herr, organiseur de l’Armada finissante attend ses invité(e)s.

                Pour ne pas être gênés par ces bateaux de guerre, elle grimpe avec moi sur l’un d’eux, le japonais Kashima, à l’entrée duquel deux soldats nous saluent militairement. De cette plate-forme, la vue est parfaite pour voir passer sous le pont levant levé les deux premiers voiliers mais nous ne restons pas plus, quittant le navire salués par une jolie soldate souriante, et nous nous rapprochons du pont. Le programme officiel ne vaut déjà plus que cinq euros.

                Passent devant nous les voiliers que nous sommes tristes de voir partir : l’Amerigo Vespucci italien, le Capitan Miranda uruguayen, le Cuauhtémoc mexicain, l’Eendracht hollandais, le Mir russe (c’est là que finalement elle s’est fait timbrer pas loin du cœur), le Shabab Oman omanais, d’autres encore.

                Passent aussi quelques navires de guerre et les deux voiliers norvégiens privatisés par la maison Véolia, dont on se fiche pas mal.

                -Ils doivent être tristes de partir eux aussi, me dit-elle, parlant des marins mexicains.

                -Mais non, pour eux la fête continue, ils pensent déjà à la prochaine fille, dans quatre jours à Liverpool.

                Il est un peu plus de midi, nous suivons la foule qui rentre à la maison comme après un feu d’artifice, nous retournant pour voir passer sous le pont les derniers à partir, l’immense Dar Mlodziezy polonais et deux britanniques : le folklorique Grand Turk et le Tenacious manœuvré par des handicapés.

                Le programme officiel ne vaut plus que trois euros cinquante, L’apéritif est offert dans un restaurant de toile encore ouvert. Une boutique de casquettes solde à moins cinquante pour cent.

                Rue de la Champmeslé, pas plus de six passant(e)s, nous y compris, Rouen reprend son visage habituel de jour férié, celui d’une ville morte.

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