• Carte blanche à Leo Hussain, futur chef principal de l’Opéra de Rouen (Berlioz, Fauré, Hosokawa, Mozart)

    Vendredi soir, à l’Opéra de Rouen, c’est carte blanche à Leo Hussain, nommé il y a quelques mois chef principal, dont la prise de fonction officielle aura lieu en septembre prochain. Cela ne fait pas le bonheur de tout le monde dans la maison, il se trouve une placeuse pour se plaindre de ne pouvoir regarder le match de la France contre la Suisse où « on va gagner ». J’ai place au rang Pé de la corbeille, rang extrême n’ayant que deux fauteuils, l’un côté pair, l’autre côté impair où je suis donc sans voisin(e).

    Les musiciens s’accordent puis entre celui que l’on attend, un peu moins jeune que sur sa photo. Une dame fait « Oh », rapport à sa redingote seyante et au nœud papillon blanc sur chemise blanche. Notre nouveau chef lance l’ouverture de Béatrice et Bénédict d’Hector Berlioz qu’il dirige d’une baguette expressive puis il prend le micro pour nous souhaiter la bienvenue, dit en montrant les musicien(ne)s qu’il a passé un très bonne semaine avec « ces personnages », salue ses deux prédécesseurs, indique qu’il a choisi ce soir diverses musiques qui lui tiennent à cœur et évoque la pièce contemporaine japonaise à venir qui n’est pas à comprendre « Aucun compositeur n’a écrit pour que sa musique soit comprise » mais à aimer ou à ne pas aimer.

    Avant cela, il donne la consensuelle suite de Pelléas et Mélisande de Gabriel Fauré. Toshio Hosokawa est né en mil neuf cent cinquante-cinq à Hiroshima. Son Blossoming II, très imagé, ne plaît pas à tout le monde comme en témoigne le propos d’une dame :

    -Faut pas trop qu’on applaudisse, y serait chiche de faire bis.

    Pendant l’entracte, cela papote, notamment les politiciens aux commandes de l’Opéra avec une artiste s’y exprimant régulièrement et venue ce soir encourager un collègue. Autour de moi, on est content du nouveau chef.

    A la reprise, c’est la Symphonie numéro trente-huit de Wolfgang Amadeus Mozart, qui ne me plaît pas tant que ça, et, avant de terminer par l’ouverture des Noces de Figaro, Leo Hussain reprend le micro et montre que lui aussi est atteint par la maladie :

    -Je serai bref, je sais qu’il y a le match. Comme l’Angleterre est rentrée à la maison, je peux dire « Allez les Bleus ».

    Il indique que cette ouverture de Mozart est la première œuvre qu’il a dirigée avec un orchestre professionnel, puis à Salzbourg, puis répétée avec les musicien(ne)s d’ici.

    A l’issue, c’est une sorte de triomphe à la rouennaise. Le nouveau chef a réussi son examen de passage.

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    C’est en trottinant que Leo Hussain quitte la scène, Luciano Acocella le faisait dans un état second, Oswald Sallaberger du pas d’un soldat mécanique.

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    Il est vingt-deux heures quinze lorsque j’arrive à la maison. Dans le jardin, les voisin(e)s devenu(e)s ami(e)s communient devant l’autel où l’une a posé son téléviseur.

    Plus qu’à aller dormir dans la petite chambre si je ne veux pas entendre, à chaque but français, l'orgasme collectif.

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