• Ce que j’entends au marché de Rouen et ce que je lis dans la presse anarchiste locale

    Vendredi matin au Clos Saint-Marc, après que j’ai acheté pour deux euros L’art surréaliste du cher Sarane Alexandrian auquel je pense souvent (ouvrage publié en soixante-neuf chez Fernand Hazan), j’écoute ce qui se dit en commentaire de la décision de Valérie Fourneyron (députée maire de Rouen) de renoncer, suite à la fronde, à la fermeture des marchés à treize heures, une mauvaise nouvelle pour les petits malins qui vendent des ticheurtes « Touche pas à mon marché » reprenant le slogan (qui m’insupporte) des commerçants ambulants pas contents.

    Il semble que ceux-ci aient promis de faire gaffe à laisser la place propre. J’entends une vieille acheteuse dire à une vieille vendeuse :

    -C’est pas vous qui faites des saletés, c’est tous ceux qui viennent fouiller dans les poubelles après.

    -Oh moi, je casse tout ce que je veux jeter, y a rien à récupérer, répond la commerçante qui n’aime pas les plus pauvres qu’elle.

    La Maire de Rouen montre donc qu’elle peut changer d’avis. Le fera-t-elle pour l’affichage libre sévèrement réglementé ? J’en doute car presque tout le monde s’en moque. Une pétition « Touche pas à mon affiche » serait loin d’atteindre le nombre de signatures de la pétition contre la fermeture anticipée des marchés. Les seuls qui protestent sont les concernés, des partis politiques groupusculaires : Pécé (qui a pourtant des élus à la Mairie), Hennepéha, Fédération Anarchiste, des syndicats : Solidaires, Cégété, et des associations : Réseau Sortir du Nucléaire, Amnesty International, librairie l’Insoumise.

    Je lis dans La Feuille, supplément normand du Monde Libertaire, que la librairie L’Insoumise en est à un millier d’euros d’amende pour affichage interdit, quinze euros par affiche ou autocollant ôté par les services municipaux. Une délibération municipale du temps de la droite d’Albert (tiny) permet à la gauche socialiste d’agir ainsi. Cette délibération albertinienne ne visait que l’affichage commercial. Elle n’était pas appliquée pour l’affichage d’opinion. A Rouen, la gauche socialiste sait faire pire que la droite.

    Les persécutés, soutenus par le Comité de Défense des Libertés Fondamentales, ont été reçus en Mairie par une adjointe à qui ils ont rappelé l’article dix-neuf de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, lequel stipule que tout individu a droit à la liberté d’expression par quelque moyen d’expression que ce soit.

    Le point commun entre ces deux faits, c’est le prétexte fumeux « Rouen ville propre ». « Les Rouennais nous attendent sur le sujet de la propreté » croit savoir Valérie Fourneyron. Personnellement, je n’attends rien de cette municipalité, même pas qu’elle fasse balayer la ruelle où j’habite. Elle le faisait faire tous les jours dans les premiers temps de son élection. C’est bien fini. Quelqu'un passe parfois, à qui demandant quand, me répondit que lui-même n’en savait rien.

    Cette nuit, des publicités jetées sur le pavé de la rue il y a plusieurs jours par des distributeurs peu consciencieux ont été incendiées par des éméché(e)s. Le papier brûlé se répand dans la rue, sur lequel marchent les touristes en troupeau qui trouvent que l’odeur du feu ça change de celle de l’urine.

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    Je partage l’avis d’une mienne connaissance qui trouve insupportable que l’on nomme les habitants de la Seine-Maritime les Seinomarins et d’être maintenant dans la Crea (Communauté d’agglomérations de Rouen, Elbeuf, Austreberthe), deux exemples de la novlangue employée par les politicien(ne)s du coin.

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    Une marque de vêtements féminins, voilà ce qu’évoque le nom Crea pour tous ceux et toutes celles qui ne sont pas du coin, alors que Metz Métropole ou Lyon Métropole, chacun(e) comprend. Il n’est pas doué, Laurent le Fabuleux.

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    Laissez nos mares, hein ! (slogan pour les écolos).

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