• Comment je me suis laissé détourner par Judy Minx

    L’autre semaine à la recherche d’informations sur l’expulsion de squatteurs au bulldozer par le maire communiste de Bagnolet, j’arrive dans la Rue Quatre-Vingt-Neuf et m’arrête à l’article intitulé Judy, actrice porno, cinq cent vingt-cinq euros par mois, « jamais à découvert ».

    Je m’intéresse, lis ce que raconte cette jeune fille de vingt ans pas très bien payée au sage minois, apprends incidemment l’existence du Strass (Syndicat du Travail Sexuel), puis passe par le blog de la  demoiselle i’m so excited sous-titré just another fucked up teenage queen. Judy Minx y parle de sa vie et de ses engagements.

    Dans son billet du cinq février deux mille dix, elle narre comment elle a vécu  (comme on dit) la notoriété consécutive à l’article de Rue Quatre-Vingt-Neuf, s’étant sentie un peu submergée : « Je suis une guerrière, mais je suis aussi une petite fille. » explique-t-elle, ajoutant :

    « Certains dans les commentaires disent que je suis beaucoup plus étudiante qu'actrice porno, et c'est vrai, d'un point de vue économique, la catégorie socio-professionnelle à laquelle j'appartiens, c'est étudiante. Actrice porno, dans mon cas, ce n'est pas vraiment mon métier. On pourrait dire "elle a tourné dans des pornos". Cependant je choisis de me définir comme actrice porno, de dire que je SUIS actrice porno et pas simplement que je FAIS du porno : je choisis de m'identifier à ce job. Ce choix de faire de ce job mon identité, c'est un choix politique. Parce que justement je ne suis pas ce que les gens ont à l'esprit lorsqu'ils parlent d'une actrice porno. Parce que faire du porno n'est pas considéré comme un choix valide pour "une jolie jeune fille comme moi". Une jolie jeune fille comme moi qui pourrait très bien faire autre chose puisqu'elle fait des études, a une vie plutôt privilégiée, à l'abri du besoin, ne peut pas avoir vraiment choisi de faire ça. Et si vraiment j'ai choisi, ça ne peut pas être un choix éclairé, je dois être idiote, naïve, inconsciente des conséquences, et un jour ou l'autre je le regretterai. Et c'est clair, la société dans laquelle on vit fait tout pour punir les femmes qui dévient du droit chemin, pour le leur faire regretter. Mais je me suis toujours sentie beaucoup plus proche des personnages de putes que des personnages de femmes respectables. »

    Judy Minx est également très active du côté du militantisme (affreux mot). Elle est engagée (autre mot affreux) dans le mouvement sex-positif :

    « Le mouvement sex-positif est un mouvement qui lutte pour que la sexualité ne soit plus liée à la honte, au tabou, à la culpabilité. Que tout le monde puisse avoir accès à la sexualité dont il ou elle a envie - homme ou femme, hétéro, pédé, gouine, cisgenre, transgenre, blanc ou non-blanc, riche ou pauvre, "beau" ou moche, poilu-e, gros-se, handicapé-e, séropo, en public ou en privé, tout seul ou avec un ou plusieurs partenaires, en couple exclusif ou non, BDSM ou vanille, à 15 ans ou à 75 ans, dans la chatte et dans le cul et ailleurs et autrement, contre de l'argent ou pas... ça va du droit à l'avortement et à la contraception, au mouvement pour la décriminalisation de la prostitution, en passant par l'accès à une éducation sexuelle non moralisatrice, la reconnaissance des familles polyamoureuses, des recherches épidémiologiques concernant le VIH et les personnes trans'... Bon, et mon militantisme ne s'arrête pas au cul : il traverse les mouvements féministe, anti-capitaliste, LGBT, queer... ».

    Cette jeune fille est bien sympathique.

    Evidemment, après, je vais chercher des photos d’elle sur le Ouaibe et du coup ne me soucie plus des informations que je cherchais because I’m so excited.

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    Pierre Tartakowsky, vice-président de la Ligue des Droits de l'Homme, à propos de l’expulsion des squatteurs au bulldozer par le maire communiste de Bagnolet : « Si ce qui est arrivé aux habitants du squat avait été commis contre des animaux familiers, ceux qui sont responsables de ces actes auraient été traduits devant la loi pour cruauté envers des animaux. »

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    L’émission L’Atelier littéraire (le dimanche entre dix-sept et dix-huit heures) de France Culture sera remplacée par je ne sais quel prêchi-prêcha relatif au carême, jusqu’à ce que le nommé Jésus veuille bien ressusciter une nouvelle fois. Six semaines de pénitence, voilà ce qui m’attend.

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    travailler gagner plus moins, l’œuvre de l’artiste chinoise Ko Siu-Lan est raccrochée depuis samedi après-midi sur la façade de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts. Le neveu du Mythe Errant (ministre de la Culture) en a donné l’ordre (récupérer ridiculiser plus moins).

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