• Concert de la Guidhall School of Music and Drama of London à l’Opéra de Rouen

    Après les Russes, les Anglais(e)s sont les invité(e)s de l’Opéra venu(e)s de Londres et étudiant à la Guidhall School of Music and Drama, conservatoire haut de gamme, pour un concert qui promet, sous la direction de Leonardo Gasparini. Je m’installe en corbeille sans souci de mes genoux car en bout de rang. Sur scène, un accordeur est au travail sur l’un des doubles pianos Pleyel. Jamais vu ce genre d’instrument et pour cause, il n’y en a plus que huit dans le monde et ce jeudi soir deux à Rouen, l’un ayant appartenu à André Malraux et l’autre à m’sieur le baron Seillière. C’est que ça doit coûter cette machine de forme rectangulaire sans couvercle où deux pianistes se font face. En sus des deux instruments colossaux, de chaque côté est disposé un lot de percussions. Le chœur est au fond, les jeunes femmes devant les jeunes hommes.

    Pour l’occasion, en première partie, nous avons droit à deux créations françaises, celle de Cascabelada (tintement de grelots) d’Alastair Putt (vingt-sept ans) et de Domestic Scenes de Jonathan Pontier (trente-trois ans). Entre les deux, sont donnés les Chichester Psalms de Leonard Bernstein avec un jeune ténor doué. Ce programme en perturbe quelques-un(e)s derrière moi. J’entends un « Keskeuceksa » masculin suivi d’un « C’est horrible » féminin pendant la première œuvre, puis cela se calme. Leonardo Gasparini entre et sort côté cour.

    Après l’entracte, ce sont les deux doubles pianos seuls pour une visite de Paris par Darius Milhaud. On passe par Montmartre, l’île Saint-Louis, Montparnasse, les bateaux-mouches, Longchamp (et je pense à celle qui étudie à Paris, occupée précisément à améliorer cet hippodrome) et la Tour Eiffel (dont elle voit un petit morceau par sa fenêtre) et puis ce sont Les Noces d’Igor Stravinsky jouées et chantées dans la version originale pour la première fois depuis la création en mil neuf cent vingt-trois avec les deux doubles pianos Pleyel. Stravinsky a travaillé dix ans pour Les Noces. Il n’a pas perdu son temps et je suis d’accord avec Charles Dutoit quand il parle de « Feu d’artifice sonore ».

    Les musicien(ne)s, choristes et solistes de la Guidhall School of Music and Drama of London sont vraiment talentueux. On les applaudit bien fort. Dehors deux camions sont prêts à emporter les doubles pianos.

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    « La Journée mondiale de la Procrastination est repoussée à demain », m’écrit-elle. C’était fatal.

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