• Concert Debussy Fauré à l’Opéra de Rouen

    Achevé la festival Normandie Impressionniste, mais il bouge encore à l’Opéra de Rouen ce jeudi. En troisième rang d’orchestre, j’étudie le programme et constate que Satie en a été sorti. Derrière moi, on s’en plaint. C’est qu’on était même venu exprès pour lui. Restent Fauré et ce malheureux Debussy (plat obligatoire des agapes fabiusiennes).

    Une voix masculine amplifiée vante le double cédé impressionniste enregistré par les interprètes d’où seront extraites les pièces jouées ce soir. Il est encore temps de l’acheter à l’issue et même de le faire dédicacer. Pas un mot sur la Gnossienne non jouée.

    Le concert bénéficie du plateau et du fond de scène de Pelléas et Mélisande avec rétro éclairage et impression d’ombre chinoise. C’est ainsi qu’apparaît Pan et son flûtiau (un rôle de composition pour Jean-Christophe Falala et sa flûte en or) tandis que la récitante, Hélène Vincent, lit Syrinx de Gabriel Mourey.

    Elle enchaîne avec certaines des Chansons de Bilitis de Pierre Louÿs mises en musique par Debussy pour deux flûtes, deux harpes et un célesta, ici dirigées par Xavier Le Roux. Ce n’est pas le Pierre Louÿs qui me plaît. On y croise quand même quelques jeunes filles aux seins naissants. Applaudissements puis, côté jardin, Ursula von Lerber se met au piano.

    Elle joue talentueusement deux fragments du Premier Livre des Préludes de Debussy mais comme le public est plongé dans le noir, nul ne sait où on en est et aucun applaudissement ne vient la féliciter, d’autant qu’elle reste assise au piano pour la suite. Alors qu’une fille de scène installe un pupitre, une voix féminine derrière moi trouve que c’est pas coule de n’avoir pas applaudi.

    Les applaudissements sont pour la violoniste Jane Peters qui traverse la scène en diagonale par le chemin le plus long pour s’aller poser devant le pupitre. Les deux musiciennes donnent la Sonate numéro un de Gabriel Fauré. Toujours dans l’obscurité, une partie du public applaudit entre les mouvements.

    C’est la fin d’un des concerts les plus courts donnés en cet endroit. Les artistes se tiennent par la main pour d’ultimes applaudissements.

    Dans les escaliers, on se demande qui va remplacer Oswald Sallaberger à la tête de l’Orchestre. On ne sait pas encore qu’il s’agit de Luciano Acocella (après l’Autriche, l’Italie).

    Dommage qu’on n’ait pas profité des fausses ombres chinoises pour présenter Les Chansons de Bilitis telles que les voulait Pierre Louÿs, me dis-je en écrivant ces lignes, mimées par deux femmes nues.

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    Un plaisir dont je n’abuse pas : supprimer un « ami » de ma liste Fessebeuque, un ancien copain de classe en a fait les frais, qui semblait ne s’intéresser qu’aux grosses voitures farcies de blondes à gros seins.

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    S’il fallait connaître tous les gens avec lesquels on a été en classe, ou tous ceux avec lesquels on a été au régiment ! Pourquoi pas tous ceux avec lesquels on a été en omnibus ? C’est d’ailleurs ce que les gens simples, qui aiment à se taper mutuellement sur le ventre, appellent être poseur, paraît-il. (Paul Léautaud, Amours)

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