• Concert et bal traditionnel par les Musiciens de Saint-Julien à la Halle aux Toiles (pour l’Opéra de Rouen)

    Sans enthousiasme, je me dirige vers la Halle aux Toiles ce vendredi soir où l’Opéra de Rouen donne concert et bal traditionnel, lesquels sont confiés aux Musiciens de Saint-Julien dirigés par François Lazarevitch. J’y arrive le premier, ce qui est une bonne chose car la salle est organisée dans le sens de la longueur. L’Opéra a transporté là son bar. Une vieille femme s’offre une coupe de champagne (encore une que n’auront pas ses héritiers).

    A l’ouverture des portes, je trouve place au premier rang à côté de deux chaises marquées « réservé ». Derrière la scène et sur ses côtés, les vieux rideaux verts me font penser aux tristes salles des fêtes que l’on trouvait dans des villes comme Louviers. Derrière moi, on se réjouit de danser ce soir et on dit du mal d’une amie :

    -Elle est plus bavarde qu’avant Marie-Thérèse.

    -Oh la la, heureusement que je lui ai dit qu’on allait quelque part.

    Sur le livret programme, une photo des Musiciens de Saint-Julien les montrent devant un château fort, le regard extatiquement tourné vers un passé radieux, de quoi craindre le pire. Leur voyage musical ira d’une suite de branles du Poitou à la veillée du bon vieux temps.

    Un couple élégant s’assoit sur les chaises réservées. Lui est muni d’un appareil photo mais ce n’est pas un journaliste du coin. Arrivent les musiciens et les musiciennes dont une très jolie joueuse de viole de gambe à la bouche rouge et boudeuse. Si je m’ennuie, je saurai au moins où regarder, me dis-je.

    Or je ne m’ennuie pas le moins du monde. Ces musiques folkloriques bien interprétées par le quintette d’instrumentistes et parfois rehaussées par le chant de l’excellente soprano Claire Debono me plaisent fort, et que dire des prestations de l’époustouflant danseur de claquettes, le jigueur Luc Gaudreau. Me voici donc enthousiasmé, mais encore suffisamment lucide pour savoir qu’il n’y a pas place pour moi au bal qui suit.

    *

    Longtemps que l’Opéra de Rouen n’avait organisé l’un des ses concerts à la Halle aux Toiles où je n’aimais pas aller lorsque c’était régulièrement le cas, mais aujourd’hui que ne donnerais-je pour revenir à ce bon vieux temps, pour plusieurs raisons, dont une principale.

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