• Concert Haydn, Bach, Pécou à l'Opéra de Rouen

    Vendredi dernier, assis au premier balcon de l’Opéra de Rouen, je parcours le livret programme du concert Haydn, Bach, Pécou. Une placeuse s’approche, indiquant à la personne qui la suit que ce sera juste après le monsieur. Je lève les yeux et découvre en celle qui s’assoit à ma gauche l’une mes voisines, elle aussi abonnée. On se dit bonjour, aussi gênés l’un que l’autre d’être côte à côte, comme en couple. D’autant plus que les places chaque côté de nous restent libres. Je me décale donc d’une case quand l’orchestre entre en scène, ce qu’elle doit prendre pour une muflerie.

    Oswald Sallaberger est à la baguette. Pour fêter le deux centième anniversaire de la mort de Joseph Haydn, la soirée commence avec sa Symphonie numéro quatre-vingt-douze en sol mineur, dite Oxford, œuvre que je trouve assez poussive.

    La suite est plus réjouissante. Jane Peters est au violon et Jérôme Laborde au hautbois pour la version en ré mineur du Concerto pour violon et hautbois de Johann Sebastian Bach. De grands applaudissements nous valent une reprise du dernier mouvement et c’est l’entracte qui permet aux allergiques à la musique contemporaine de s’esquiver discrètement.

    Tant pis pour eux, Voix marines de Thierry Pécou est une évocation tout à fait réussie de la Bretagne, où je ne puis être cette année en avril avec elle, retenue à Paris par un proche Bétéhesse. Pour cette œuvre, l’ensemble Zellig s’ajoute à l’orchestre de l’Opéra et Ivan Morane fait le récitant, disant avec talent la version française du poème éponyme d’Olivia McCannon.

    Une musique imagée et percutante, un texte évocateur, me voici du côté d’Audierne et de Penmarch. D’autres quittent le navire avant la fin de l’œuvre ou, à l’issue, disent des bêtises :

    -La viole de gambe, c’est un truc breton ?

    -Mais non, c’est un vieux machin.

    Thierry Pécou, chemise colorée, salue modestement.

    Comme le vieux loup de mer, toujours titubant sur ses pieds marins, qui pianotait dans sa bouteille une chanson bobinette, je rentre chez moi couvert d’embruns.

    Partager via Gmail Yahoo!