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Concert Le Bœuf sur le toit par Alexandre Tharaud et ses invités à l’Opéra de Rouen
Vendredi, deux employées de l’Opéra de Rouen attendent le spectateur et la spectatrice à l’entrée de la maison. C’est pour une enquête de la Région, me dit celle qui m’arrête. Je suis tenté de dire non mais je me laisse faire et me voici en train de répondre à de niaises questions, comment je viens ici et combien de fois par mois. Cela ne servira évidemment à rien mais justifiera le salaire d’un fonctionnaire territorial qui ne s’est pas foulé. L’offre de spectacle me paraît-elle satisfaisante ou non ? me demande l’enquêtrice. En quantité ou en qualité ? lui dis-je. Ah, c’est une bonne question, me répond-elle. Si c’est moi qui dois faire les questions, à quoi me sert-il d’y répondre.
En tournée de promotion de son dernier cédé, Alexandre Tharaud passe par l’Opéra de Rouen ce soir, un concert où je n’avais pas prévu d’être, pensant, lors des réservations, être cette semaine en Auvergne avec celle qui ne cesse de voyager, projet abandonné pour diverses raisons. J’ai donc obtenu une des ultimes places disponibles (et ce ne fut pas simple), un strapontin à l’avant-dernier rang du deuxième balcon, déglingué de plus ce strapontin et devenu rotatif, ce qui me permet de laisser passer les mieux lotis sans avoir à me lever.
Juste avant que ça ne commence, je descends de trois rangs en m’offrant un fauteuil inoccupé. De mon perchoir, je vois le piano grand comme une boîte d’allumettes (modèle familial) et le tout début de calvitie du pianiste, ses mains aussi, heureusement, qui courent sur les touches, sans toutefois souineguer, pour un hommage Au Temps du Bœuf sur le Toit (comme écrivait Maurice Sachs) The Man I love Yes sir, that’s my baby.
Après l’entracte, la fleurette avec le musicaule va plus loin, sous la forme d’un Concert Salade, musiques, chansons, lectures, cela assez mal mis en scène, mais avec de bons moments côté chansonnette, dont celle à double entente chantée par Jean Delescluze Il y a un trou dans mon quai (Dranem) qui fait bien rire le bourgeois rouennais, ainsi que par le même C’est le tango qui l’a rendu neurasthénique (Georgius) et remarquablement interprétée par Elise Caron L’anisette (Andrée Turcy)
En redescendant, je passe par le foyer où une longue file attend une signature sur le cédé acheté.
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Ce même soir, c’est la fête des cinquante ans de L’Armitière, librairie rouennaise qui fut appétissante et que ne l’est plus. C’est comme Brigitte Bardot, la vraie est morte depuis longtemps, celle qui porte ce nom est une usurpatrice.