• Concert Queval Mozart Albrechtsberger Beethoven à l’Opéra de Rouen

    Public restreint, c’est les vacances, à l’Opéra de Rouen ce lundi soir où, en corbeille, je bénéficie de l’échange entre deux femmes d’âge certain qui parlent d’une troisième, absente mais dont le nom est claironné :

    -Y a kekchose qui me travaille, quand t’arrives en fin de carrière, y a quand même autre chose à faire que corriger des copies jusqu’à minuit. Y a kekchose que j’ai pas compris chez elle.

    -Je t’en dirai plus. Je t’expliquerai.

    La seconde donne un prospectus à la première, le programme d’une de ces animations culturelles dont on a le secret en province, des conférences à Bonsecours si je comprends bien. Elles se taisent enfin et je regarde un peu de quoi il est question ce soir, musique de chambre, Oswald Sallaberger au violon, dans l’ordre Albrechtsberger Queval Beethoven Mozart.

    Ordre bientôt remis en cause par Frédéric Roels, directeur, monté sur scène avec un micro, au prétexte d’un accordage particulier du violoncelle pour la « création mondiale » de Ciel ! mes boyaux…. Ce sera Queval Mozart Albrechtsberger Beethoven.

    Les boyaux sont ceux des instruments à cordes et l’allusion est à la Castafiore. J’aime bien cette composition de Christophe Queval qui déplaît à ceux qui sont derrière moi (l’un prétend que les gens applaudissent par politesse). Le compositeur grimpe sportivement sur la scène et prend sa part d’applaudissements.

    J’aime moins le Quintette numéro trois en sol mineur de Wolfgang Amadeus Mozart, dont la fin du premier mouvement, enlevée, entraîne des applaudissements mal venus qui reviennent à chacun des mouvements suivants.

    Pendant l’entracte, je discute d’autre chose avec l’une des mes connaissances avant d’aller me rasseoir dans ma corbeille.

    Ma voisine consulte le prospectus à elle donnée. Elle annonce à son mari qui, semble-t-il, n’a pas son mot à dire :

    -On ira à son truc. Ça lui fera plaisir.

    Derrière moi une bonne âme s’enquiert de l’état de santé d’une.

    -Alors, on dirait que ça va un peu mieux ?

    -On peut dire que c’est stationnaire si on est optimiste et si on est réaliste que ça décline doucement, s’entend-il répondre.

    Je ne me retourne pas pour voir la tête du maladroit, d’ailleurs c’est l’heure de la reprise, le Divertimento de Johann Georg Albrechtsberger (fâcheusement écrit Albrechtberger sur le livret programme) qui me divertit un peu, puis le Quatuor à cordes numéro un en fa majeur de Ludwig van Beethoven (bien applaudi et seulement à la fin).

    Il me semble que je goûte moins la musique de chambre depuis qu’elle n’est plus donnée à la Halle aux Toiles, salle contre laquelle j’ai pourtant pesté souvent, mais où au moins j’étais près des musicien(ne)s. De loin, c’est moins bien, me dis-je, tandis que sur scène on s’apprête à bisser la création mondiale signée Christophe Queval, un petit coup de réglage du violoncelle et c’est parti et pas du goût de certain(e)s qui sortent bruyamment, écouter ça une seconde fois leur tord trop les boyaux.

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