• Concert Satie Fauré Debussy Roussel Ravel à l’Opéra de Rouen

    Une énième manifestation impressionniste se déroule ce jeudi soir à l’heure où je me rends à l’Opéra. Devant l’Office de Tourisme, le parvis de la Cathédrale a un côté Mont Riboudet. On y présente la dernière Smart en plusieurs couleurs derrière des cordons rouges. Ne manquent que des filles à moitié nues alanguies sur les capots. C’est compensé par des présentoirs où s’empilent le journal du festival Normandie Impressionniste, un supplément gratuit (gratuit !) de Paris Normandie, dont le titre est « Impressionnant ».

    A l’Opéra aussi, c’est impressionniste (on en a pour jusqu’à fin septembre) et en plus ce soir c’est le dernier concert du chef Oswald Sallaberger. J’ai obtenu dans l’après-midi une place sur l’une des chaises installées devant la scène au-dessus de la fosse d’orchestre. Arrivé tôt, je choisis celle qui me semble la meilleure. Je suis bien là, jusqu’à ce que s’asseye à ma gauche une grosse dame qui ne sent pas très bon.

    J’évite de respirer tandis que les musicien(ne)s et leur chef donnent la Gymnopédie numéro trois d’Erik Satie orchestrée par Claude Debussy. De la guimauve, me dis-je, mais Debussy a fait ça pour aider Satie alors inconnu, m’apprend le livret programme. C’est ensuite Masques et bergamasques de Gabriel Fauré dont l’audition est perturbée par des applaudissements entre les mouvements (y aurait-il dans la salle des invité(e)s de mécènes,  vendeurs d’assurances ou marchands de téléphones ?). 

    Des garçons de scène installent une estrade destinée à recevoir la harpe nécessaire pour la suite, laquelle est portée par l’un d’eux qui reçoit pour son effort quelques applaudissements. Mélanie Dutreil, jeune femme blonde à longue robe noire, est la harpiste. Je suis bien placé pour apprécier son jeu de doigts et de pied pendant les Deux danses pour harpe et cordes de Claude Debussy. La seconde danse est une valse, je cite Christophe Queval : « d’un caractère langoureux quoique parsemée d’éclats virtuoses en ruissellements d’arpèges et capricieuses fusées ». C’est exactement ça. On applaudit bien fort Mélanie.

    A l’entracte, je repère une bonne place de corbeille restée libre et m’y installe pour la seconde partie : Le Festin de l’araignée de l’oublié Albert Roussel (enterré à Varengeville-sur-Mer) qui me plaît beaucoup, puis la Gymnopédie numéro un orchestrée par Debussy (aussi sucrée que la précédente) et la suite de Ma Mère l’Oye de Maurice Ravel (dont le final mène le timbalier Philippe Bajard pas loin de l’orgasme).

    C’est le moment d’applaudir copieusement Oswald Sallaberger qui vient de passer dix ans à la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Rouen. Certain(e)s y vont de l’ovation debout. Jane Peters, chef d’attaque des premiers violons, est au bord des larmes.

    Tant d’émotion donne soif. 

    Je retrouve celui et celle qui ne cessent de fêter leur départ pour la Suède, d’autres de leurs ami(e)s sont là aussi, et elle, princière : « Du champagne pour tout le monde ». Ce n’est qu’un début, nous goûtons ensuite différents vins et le fameux cidre Ponpon (elle et lui partent c’est sûr).

    Pas loin, ouvreuses et ouvreurs arrosent le départ de celle qu’on ne verra plus l’an prochain papillonner le téléphone en main (elle part c’est sûr).

    Au septième étage, les musicien(ne)s boivent en l’honneur d’Oswald dont la notice rédigée par Katia Choquer précise : « Le chef regarde devant lui, encore… » (c’est beau comme de l’Hugo) et qu’on reverra l’année prochaine comme chef invité (il part mais c’est moins sûr).

    Je rentre vers minuit d’un pas moyennement assuré et rassure d’un téléphonage celle qui s’inquiète à Paris.

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    L’avenue du Mont Riboudet, la plus déprimante des avenues de Rouen, entièrement occupée par les concessionnaires d’automobiles (note infrapaginale).

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    Trop drôle l’arrêté du Préfet de Seine-Maritime interdisant l’apéro géant prévu le premier juillet place de la Cathédrale à Rouen, d’abord parce qu’il ne l’interdit que dans un certain périmètre du centre de la ville, donc on peut se rassembler ailleurs, et à compter d’un certain moment, dix-neuf heures, donc on peut se rassembler au centre ville plus tôt dans la journée, et surtout par sa conclusion :

    « D'autres manifestations, et notamment le festival « Les Terrasses du jeudi » ouvrant le mardi 1er juillet 2010 sur les quais bas rive gauche à Rouen, bénéficient d'une organisation adaptée et offrent à ceux qui le souhaitent la possibilité de partager un moment de convivialité dans un espace adapté. »

    Allons donc boire sur les quais rive gauche là où « Les Terrasses du jeudi » commencent un mardi, hips !

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