• Cromwell (extraits) de Victor Hugo par les élèves du Conservatoire de Rouen au Théâtre de la Chapelle Saint-Louis

    Ce jeudi soir, j’arrive tôt au Théâtre de la Chapelle Saint-Louis pour la troisième soirée de travaux publics des élèves du Conservatoire de Rouen, au programme des extraits de Cromwell, l’injouable pièce de jeunesse de Victor Hugo. Plus qu’à attendre l’ouverture des portes, ce que je fais en observant l’arrivée des uns et des autres, les discrets et les je me fais remarquer parce que tu sais moi aussi j’en fais du théâtre. L’une à lunettes rouges porte un sac de pique-nique isotherme ouvert dans laquelle elle a rangé son ordinateur et son sac à main, c’est pratique. Une autre entend passer avant tout le monde quand est donnée la permission d’entrer, elle me marche presque sur le pied « allez en avant ! » mais ne retrouve pas son ticket.

    Je m’installe vers le milieu du quatrième rang. Dans mes parages, d’ancien(ne)s élèves du Conservatoire font des minauderies. Les deux filles devant moi s’embrassent (un truc qui s’appelle l’amour). Maurice Attias, professeur, dit quelques mots avant le spectacle, avertissant notamment des deux heures cinq de la première partie, trente-cinq minutes pour la seconde.

    Cromwell, pièce de la conspiration politique doublée d’une conspiration amoureuse, a été choisie pour ses résonances avec l’actualité des révoltes. Le décor tient en un trône parfois renversé et en six chaises pliables. Les extraits retenus sont souvent de l’ordre de la comédie et c’est tant mieux. Des interludes écrits par les élèves aèrent l’ensemble. Côté jeu, certain(e)s s’en tirent très bien, d’autres moins, mais je ne m’occupe pas de ça, il y a un jury de la profession au fond de la salle dont c’est le boulot.

    La scène qui remporte le plus grand succès est celle jouée par quatre démones facétieuses masquées. L’orage envoie quelques coups de tonnerre bienvenus et le jus d’orange l’est aussi à l’entracte pour se rafraîchir. La seconde partie passe vite, elle se conclut par une chorégraphie évoquant une révolte à capuches.

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    Hugo aurait dû davantage dessiner et moins écrire.

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    L’après-midi de ce jeudi, lisant en terrasse au Son du Cor la biographie de Robert Walser par Catherine Sauvat (Editions du Rocher), un livre pêché dans le foutoir de la solderie Noz, j’y trouve ceci d’Oliver Cromwell : « Celui-là ira le plus loin qui ne sait où il va » (cité par l’éditeur Morgenstein à propos de Walser).

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    Robert Walser est allé jusqu’à l’hôpital psychiatrique où, enfermé volontaire, il est mort dans la neige un jour de Noël.

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