• De la Madeleine au Clos Saint-Marc en passant par Jouvenet, avec elle, à pied

    Deux vide greniers à Rouen ce dimanche, courte hésitation pour savoir si nous commençons par celui du quartier de la Madeleine ou celui du quartier Jouvenet mais comme les années précédentes celle qui me tient la main et moi prenons le chemin du premier cité, empruntant une rue du Gros déserte, il n’est que sept heures.

    Près de la Préfecture, la fourrière est en pleine action emportant voiture sur voiture. Après ce ménage radical qui n’est pas du goût de tout le monde (un riverain éméché se venge en assourdissant le quartier de sa musique barbare), les déballages se font sous un léger soleil qui annonce une belle journée d’automne.

    Belle et profitable pour elle comme pour moi, la voilà bientôt nantie d’une montre d’enfant et de quelques livres et me voilà bientôt chargé de pas mal d’ouvrages dont Madeleine Novarina, l’hommage que Sarane Alexandrian écrivit pour sa femme après la mort de celle-ci, publié en mil neuf cent quatre-vingt-douze aux Editions de l’Amateur (et que j’achète pour raison de hasard objectif), le Raoul Dufy de Raymond Cogniat (Flammarion), Primo Levi ou la tragédie d’un optimiste de Myriam Anissimov (JC Lattès), deux rares textes : Le Taxi de Violette Leduc (Gallimard) et Suite villageoise de Louis Calaferte (Hesse), et celui qui me fait le plus plaisir Histoire de l’insolite de Romi, coédité en mil neuf cent soixante-quatre par Pont Royal del Duca et Robert Laffont avec une préface de Philippe Soupault.

     Ravis d’avoir fait le bon choix, nous nous mettons en route par les boulevards pour rejoindre le lointain et haut perché vide grenier du quartier Jouvenet.

    Les exposant(e)s s’y concentrent en une seule rue pentue où il y a foule de gens comme il faut, la plupart pas là pour acheter mais pour se faire voir, parler avec leurs semblables, regarder ce que vendent leurs voisin(e)s, se vanter, échanger des sourires hypocrites, se répandre en banalités dans une langue exotique  (« Mon petit bonhomme vient d’avoir quatre ans. », « Une bonne amie m’a fait la joie de m’apporter une tasse de café. »).

    Que vend-on quartier Jouvenet? Des objets de déco et des fringues de marque, côté livres : ses lectures lamentables et côté cédés : ceux qu’on a trop écoutés : Carla Bruni et Raphaël. Malgré tout, celle qui m’accompagne trouve une monographie de Van Eyck et moi-même, au stand d’une association, les Confessions de Paul Verlaine dans l’édition Collection Capitale, qu’autrefois (il y a vingt ans) la Mairie de Paris offrait gratuitement à qui achetait cent cinquante francs de livres.

    Bien fatigués d’avoir tant marché avec de lourds sacs pour si peu trouver, nous pestons en redescendant contre ces bourgeux et ces bourgesses. Je lui dis que l’an prochain nous les visiterons en voiture.

    Après quelques courses au Clos Saint-Marc, nous récupérons en déjeunant dans le jardin ensoleillé avec en apéritif la visite de l’insolite magnifiquement illustré de Romi.

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