• De la maternité d’Evreux au vide grenier de Montaure

    Retour passager du beau temps en cette fin de semaine, c’est sous le soleil que celle qui me tient la main et moi partons pour Evreux jeudi après-midi. Je me gare près de la maternité. Il s’agit de faire connaissance avec la nouvelle née dont je suis le grand-père et dont la mère se remet douloureusement.

    Quelle que soit la façon dont il se déroule un accouchement reste un acte d’une grande violence, nous disons-nous sur la route du retour.

    Nous nous arrêtons à Acquigny, attirés par le plan d’eau visible de l’autoroute et difficile à trouver. Marcher nous fait du bien, à notre gauche le lac paisible garni de cygnes, à notre droite l’Iton limpide prêt à se jeter dans l’Eure. Du pont de chemin de fer désaffecté une demoiselle se jette à l’eau. Nous sommes un peu tristes l’un et l’autre.

    Le lendemain soir, je lui propose l’ascension de la côte Sainte-Catherine. Munis d’un pique-nique, nous en gravissons les marches et, arrivés au sommet, nous installons sur un banc de pierre, contemplant Rouen la vieille endormie et sa banlieue brumeuse. Deux ans que nous n’étions pas venus ici. Trains, péniches, camions et voitures assurent un minimum de mouvement. Les éoliennes sont toujours absentes.

    De là-haut, la Camille d’Arne Quinze ressemble à sa maquette montrée au Musée des Beaux-Arts, me dit celle qui mange à mes côtés. Elle y était ce matin, visitant l’exposition impressionniste de Fabius (beaucoup de monde essentiellement des vieilles et des vieux). Elle m’explique que cette maquette est fâcheusement coupée en trois morceaux.

    A notre gauche, un bâtiment blanc qui n’était point là la dernière fois est proche de l’achèvement. La Non Médiathèque de Rouen doit être inaugurée à l’automne, un beau gâchis.

    Nous ne sommes pas seuls au sommet, d’autres couples et un quatuor de peutes saucissonnent itou mais venus par la route. En redescendant, nous croisons cependant une petite famille courageuse.

    Samedi, au lever du soleil, nous gagnons Montaure dans l’Eure où c’est vide grenier dans les prés proche de l’école. Foule des grands jours, il s’agit de rattraper celui échoué par la pluie du Vaudreuil dimanche dernier. Elle repart de là avec un cédé de Nina Simone et j’ai dans mon sac le Journal de Petr Ginz (adolescent juif mort à Auschwitz) publié au Seuil, l’Enquête sur Edgar Allan Poe de Georges Walter (Phébus Libretto) et Fugitives, nouvelles d’Alice Munro (Points Seuil).

    Avant de rentrer à Rouen, nous nous baladons dans une forêt de Bord un peu défoncée par les sangliers.

    *

    Autre balade récente à deux, le tour de l’île Lacroix, zone de promenade délaissée, son église orthodoxe Saint Silouane où l’on promet par voie d’affichette des agapes futures dans une salle proche, son pont de chemin de fer où l’on peut voir les trains de dessous, sa patinoire en travaux où j’entre sans crainte d’y croiser un sportif. Sur le portail d’une maison, un avertissement : « Danger chien léchant ».

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    Donc, apprends-je par Le Monde, le porte-parole des Roms d’Autriche s’appelle Rudolf Sarközy. Le même jour, je contemple une photo des pieds de Carla Bruni et de son mari, elle en chaussures plates, lui aidé de talons épais.

    Le Tout Puissant de la République, aussi certain d’être grand que d’être français.

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