• Dernier passage à Paris avant mon départ pour New York (deux)

    Samedi, au soleil du matin et d’humeur moins chagrine, je choisis de traverser à pied une partie de la capitale après avoir rejoint en métro la place d’Italie. La ville est calme comme elle sait l’être au mois d’août (par bonheur elle a échappé aux Jeux Olympiques de deux mille douze). Par l’avenue des Gobelins, je rejoins le quartier Mouffetard et fais une pause à l’une des deux tables de trottoir au Verre à Pied. J’y prends un café verre d’eau en observant la vie de la rue.

    La cuisinière du Verre à Pied achète des haricots surgelés en face chez Picard, devant lequel s’installent deux vendeurs à l’étalage : éventails, lunettes de soleil, bagues et colliers. Devant la boutique voisine, deux commerçants discutent. Il est question d’une qui n’est pas là : « Comme elle dit : j’ai vingt-deux vingt-trois ans, j’ai pas d’attaches, je peux partir un an ou deux pour voir autre chose ». Passe un homme avec un ticheurte vert orné d’un pied ailé et marqué New York. Une vieille dame achète un éventail à trois euros quand je paie mon café deux euros.

    Je remonte la rue, constate que Le Mouffetard est en vacances. « Maison close » est-il écrit sur la vitrine. Le Pot d’Or, rue du Pot de Fer, est ouvert. Je fais un tour dans le quartier en attendant midi, longe l’Ecole Normale Supérieure devant laquelle, sur le trottoir, est écrit à la peinture jaune « L’excellence rend con ».

    A midi, je mange japonais illimité au Pot d’Or où peu de convives sont attablés, tout en buvant du vin blanc. Une famille arrive quand j’en suis au dessert chinois, deux boules de coco. « Doucement, doucement, allez, venez vous servir avec maman, vous allez dire tout ce que vous voulez ». Le père se contente de porter une chemise verte trop grande pour lui.

    L’après-midi, je poursuis à pied jusqu’au Quartier Latin, visite les librairies, traverse la Seine, frôle Beaubourg, rejoins la rue Pavée, entre chez Mona Lisait où à l’étage je ne trouve rien pour moi cette fois. Il fait lourd. C’est en métro que je reviens dans le le Dix-Huitième et comme la veille me désaltère à La Timbale d’un diabolo menthe.

    *

    Ce que je suis : une attache. Cela passe mieux dans l’expression : un port d’attache.

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    Quelque bar que ce soit, ce sont toujours les plus crétins qui s’accrochent au comptoir, avec pour sujets de conversation dans l’ordre : les tickets à gratter, les Jeux Olympiques, les quartiers où ça craint. Ils jouissent de chaque médaille d’or, autant d’éjaculations évitées.

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    Les dingues qui parlent seuls dans la rue. Aujourd’hui, on peut les prendre pour des comédiens jouant le rôle de ceux qui utilisent sur la voie publique un téléphone mains libres.

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    Dans le Marais, une fillette à sa mère :

    -Maman, je veux aller à l’hôtel.

    La mère :

    -Sûrement pas, on est là pour voir des choses, visiter du pays, sinon t’as qu’à aller dans ta chambre à toi, mettre un panneau « Hôtel » et ça me coûtera moins cher.

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