• Des jours paisibles en Alsace avec escapade au Bade-Wurtemberg non moins tranquille (deux)

    Nous n’en sommes même pas à la moitié et retrouvons Orbey (ses deux fermes auberges de choix : Chèvremont et le Pré Bracot), bourg où nous campions il y a cinq ans, cette fois attendus en chambre d’hôtes au hameau de Tanach. Déception à l’arrivée, l’unique chambre ne l’est plus, désormais doublée. Pas envie de partager les petits-déjeuners avec autrui pendant une semaine, je proteste. La dame nous offre pour le même prix un luxueux et vaste gîte où nous prenons nos aises et c’est heureux car la deuxième chambre est bientôt occupée par un couple d’enseignants retraités dont l’occupation préférée est de regarder le foute à la télé de la salle commune en faisant les mots fléchés du Déhenneha (Dernières Nouvelles d’Alsace). L’ultime semaine nous conduit à la Maison Bleue (charmant duplex pour deux) d’Altenbach, village où est née Catherine Hubscher, Maréchale Lefèbvre, Duchesse de Dantzig, dite Madame Sans-Gêne.

    Celle qui m’accompagne continue à noter, ainsi suite à un déjeuner au restaurant La Petite Fontaine à Rambach : « à un moment le grand cuisinier échevelé sort, prend une épuisette, attrape une truite dans la fontaine et VLAN la truite fracassée sur la pierre : « Des fois je pense à quelqu’un que j’aimerais taper et plouf elle est morte ». »

    Le même jour (lundi onze juillet deux mille onze), elle écrit : « Passage à Jungholtz où se trouve un immense cimetière israélite. Impressionnant et très très beau avec ses tombes de traviole un peu partout dans l’herbe. » puis « Reprise de la route vers Thierenbach où se trouve une immense église/collégiale genre Lourdes bien mastoc avec parvis plus que prétentieux. A l’intérieur dorures gerbantes avec Christus et ses potes les saints. Des mémères à fric trop parfumées et mauvaises. »

    Les jours suivants, nous montons à pied vers la ferme auberge de Nierderbruck tenue par un militant de la Confédération Paysanne dont nous sommes les seuls clients, puis, par un long chemin de six ou huit kilomètres, vers celle de Moosch tellement perdue dans la montagne qu’elle n’est pas reliée au réseau électrique, deux repas mémorables.

    Il est temps de retourner en Allemagne, première étape à Müllheim, puis Badenwiller, Schweighof (sages enfants blonds faisant la ronde devant l’école), Schönau im Schwartzwald, Zellinn, Wiesental, Schopfheim, Haagen « et finalement on s’arrête à Kandern où on mange super bien chez un italien, le San Lorenzo, avec un bon menu à 8.90 et un fort bon chianti. Pas mal pour une fête nationale d’être en Allemagne et de manger italien on trouve. Ensuite très très belle promenade à Feldberg : on part de l’église et on va dans les vignes surélevées où on trouve une maisonnette (abri de vigneron) et un bon banc pour lire Simone. Et puis on fait une belle boucle à travers les champs de blé, les vergers. Tout cela très soigné, en ordre et mignon. On pourrait être dans « Martine et les quatre saisons ». »

    Les jours suivants dans le carnet bleu ne sont notés qu’en abrégé.

    C’est sous la drache que nous rentrons dimanche dix-sept juillet avec arrêt à Fismes dans la Marne où nous déjeunons au restaurant de l’Esplanade, plutôt bien, parmi une clientèle déprimante, Fismes, lieu où nous n’aimerions pas vivre et où me vient l’idée d’un guide de voyage intitulé « Où ne pas aller ».

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    Tourte à la viande, tourte au munster, repas marcaire, munster coiffé, choucroute, fleischnaka, fondue au  barkaas,  quelques-uns des plats locaux auxquels nous avons goûté et qui expliquent pourquoi ce n’est pas ici qu’Elle et Marie-Claire viennent préparer leurs numéros d’été (jamais vu autant de gros(se)s qu’en Alsace). Seule déception culinaire : les carpes frites assez insipides servies dans le Sundgau.

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    Longtemps aussi que je n’avais vu autant d’autocollants « Nucléaire ? Non Merci » sur les fesses des voitures, même chose en Allemagne avec variante sous forme de drapeau flottant au mur des maisons « Atomkraft ? Nein Danke ». Pas loin se dégrade la centrale de Fessenheim.

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    C’est grâce à cette centrale que celle qui m’accompagne fait une belle série de photos de pylônes (de taureaux, comme elle dit), trois lignes haute tension se croisant en forêt dans une atmosphère crépitante. Première fois qu’elle photographie un taureau par en dessous.

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