• Deux pianos sur le toit (échos sonores du tournage du Sacre du printemps par Franck Saint-Cast)

    Samedi après-midi, juste avant que n’arrive celle qui me rejoint le ouiquennede, j’apprends grâce au réseau social Effe Bé qu’il se passe quelque chose sur le toit du bâtiment en construction connu sous le nom d’Espace Monet Cathédrale. Une photo de Thomas Boivin montre, sur fond de Cathédrale, un piano déjà en place, où joue à quatre mains un couple de musiciens, et un autre en passe de le rejoindre, accroché à la grue. Je me renseigne.

    Pour fêter le centenaire de la création de l'œuvre de Stravinsky, Franck Saint-Cast tourne là-haut Le Sacre du printemps, version deux pianos, interprété par Ursula Von Lerber et Christian Erbslöh. Des extraits vidéo sont visibles sur le Net. La chorégraphie semble assurée par les ouvriers en bâtiment, avec rôle primordial au grutier.

    J’ouvre la fenêtre donnant sur la ruelle. Les notes rebondissent sur la maison d’en face. Quand celle que j’attends surgit, je lui demande si elle entend le piano.

    -Viens, lui dis-je, on va essayer de le trouver.

    -Tu sais où il est ? me demande-t-elle. Je lui dis que non, non.

    On s’approche, slalomant entre les touristes. Près de l’endroit où ça se passe, les notes de l’accordéon en poste devant le magasin Etam et des cloches de la Cathédrale sonnant quinze heures se mêlent aux notes de piano, délicieuse cacophonie qui complique le jeu.

    Elle ne trouve pas. Je lui dis les deux pianos sur le toit. Avant que je puisse dire non, elle ouvre la porte du chantier et m’entraîne à sa suite. J’ai bien du mal à la convaincre qu’on ne sera pas les bienvenus là-haut. Elle accepte finalement de faire demi-tour et c’est depuis le jardin qui nous suivons avec l’oreille la suite du tournage.

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    Fâcheuse innovation en vitrine de la bouquinerie rouennaise Le Rêve de l’Escalier : Big Sister, le livre de la photographe Hana Jakrlova, montrant des images d’une maison close de Prague, ouvrage publié par Images en Manœuvre Editions, est affublé d’« Interdit aux moins de seize ans ».

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    De Léautaud dont jamais je ne me lasse, cet extrait d’Amours qu’on peut l’entendre lire dans son entretien avec Robert Mallet : L'amour, c'est le physique, c'est l'attrait charnel, c'est le plaisir reçu et donné, c'est la jouissance réciproque, c'est la réunion de deux êtres sexuellement faits l'un pour l'autre. Le reste, les hyperboles, les soupirs, les « élans de l'âme » sont des plaisanteries, des propos pour les niais, des rêveries de beaux esprits impuissants.

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