• Deux vide greniers rouennais : La Madeleine et Jouvenet

    Pas une bonne idée de prendre la voiture pour rejoindre le quartier de la Madeleine, impossible de se garer dans le secteur, où, me fait remarquer celle qui est assise à ma droite, les immeubles n’ont ni garages ni parquigne. Après quelques tours, je déniche une petite place pas loin de la rue Achille-Flaubert.

    On déballe sous un ciel plutôt bleu dans les rues près de la Préfecture. Nous les parcourons les unes après les autres. Règle d’or : toujours tourner à droite, ce qui ne nous empêche pas de nous perdre.

    Elle me retrouve alors que j’entame un deuxième tour. Un vendeur lui a donné une petite radio qu’elle espère utiliser dans sa salle de bains parisienne. Je n’ai trouvé qu’un livre qui me plaise, la Correspondance d’Ernst Jünger et de Martin Heidegger parue chez Bourgois en janvier deux mille dix.

    Un gros nuage gris apparaît à l’horizon et au moment où l’on retrouve la voiture les premières gouttes s’abattent sur le pare-brise. Je prends quand même le chemin qui mène au quartier Jouvenet, l’enclave des bourgeux et bourgesses rouennais. Là encore, j’ai des difficultés à me garer, et comme l’objectif était de moins marcher pour économiser mon pied, c’est raté.

    Sous le parapluie, nous montons la pente qui mène chez les riches. Une éclaircie nous permet de constater qu’aucun livre intéressant n’est vendu dans le coin. La pluie reprend, transformant le déballage des privilégié(e)s en camp de sinistré(e)s. Nous quittons les lieux sans avoir acheté quoi que ce soit.

    Il est des dimanches comme ça.

    *

    Dans ma venelle une jeune couple, lui s’affaire à décrocher une paire de menottes de la grille de la maison voisine.

    -C’est louche, leur disons-nous en chœur.

    Elle rit, mais lui, gêné et rougissant :

    -C’était juste pour une photo.

    *

    Désormais un métro toutes les vingt minutes au lieu d’un métro toutes les vingt-trois minutes le dimanche à Rouen, c’est une révolution signée Laurent le Fabuleux.

                *

     Lecture de l’opuscule Hospitalisation à la demande d’un tiers de Tristan Cabral, publié au Cherche Midi. Tristan Cabral, poète maudit (comme on disait autrefois), y raconte en diverses notes comment, à la demande d’un membre de sa famille, il est enfermé de deux mille trois à deux mille six dans diverses cliniques psychiatriques et ce qu’il y voit.

    Echantillon : Il y a même des vieux très vieux que personne ne visite jamais. Ils passent leur temps sur des chaises percées. Certains sont attachés. Beaucoup, dès qu’ils le peuvent, se jettent dans le vide… Ici, on dit qu’ils ont « fait l’avion »… (Grand Hôpital Psychiatrique de Quissac. Gard).

    Partager via Gmail Yahoo!