• Dido and Æneas d’Henry Purcell à l’Opéra de Rouen

    J’affronte, ce samedi soir, un vent de tous les diables (comme on dit) pour aller à l’Opéra de Rouen où sous la direction de Vincent Dumestre se donne Dido and Æneas d’Henry Purcell. Ma place est en corbeille, entre un couple d’hommes dont l’un porte une bague brillant de mille feux (dit-il) et une femme seule à bouteille d’eau (remède pour la toux). Je lis l’argument de cet opéra baroque en trois actes en anglais surtitré et n’y comprends rien. C’est toujours avec de l’amour compliqué et contrarié que les musiciens composent.

    Contrarié, je le suis aussi dès le premier effet de mise en scène. Il montre, devant le rideau fermé, un Cupidon emplumé lançant sa flèche, laquelle est sommairement hissée par une ficelle jusqu’aux cintres. La vue des décors confirme ma première impression. Nous sommes au royaume du kitch avec des rochers en toc façon Buttes-Chaumont et des bandes de tissu bleu secouées à la main depuis les coulisses pour faire la mer. Dans celle-ci s’ébrouent de façon ridicule de jolies naïades. La suite est à l’avenant, avec interventions répétées d’acrobates au sol ou au trapèze et présence de monstres marins vaguement inspirés de Philippe Druillet.

    Tout cela (mise en scène, chorégraphie, décors et costumes) est dû au duo Cécile Roussat et Julien Lubek et je ne suis pas étonné d’entendre à la fin moult applaudissements et des bravos, lesquels se complètent d’une partielle ovation debout après que l’un des circassiens a donné un petit supplément de cabrioles arrière.

    Un spectacle pour enfants, quoi de plus approprié aux adultes de ce début de vingt et unième siècle, me dis-je, affrontant le vent de tous les diables dans l’autre sens.

    *

    Certes Purcell, certes l’orchestre du Poème Harmonique et le chœur accentus dans la fosse (on ne voit que les têtes), certes de bons interprètes, notamment Vivica Genaux (Didon) et Henk Neven  (Enée), mais tout ce cirque.

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