• Du concert Gouvy Hindemith Edwards Schubert de l’Opéra de Rouen à l’incendie du pont Mathilde

    Vendredi soir, c’est La Traversée du Rhin à l’Opéra de Rouen, concert symphonique sous la baguette de Kynan Johns, chef invité. Je suis en corbeille devant les loges où se tiennent les personnes en situation de handicap (comme dit le correctement politique). L’un des membres du staff de l’Opéra demande à l’un d’eux si sa femme est là. « Elle est décédée cet été. » lui répond l’interpellé. Un ange traverse le Rhin.

    Le voyage commence avec la Symphonie numéro cinq de Théodore Gouvy que les soubresauts de l’Histoire firent prussien alors que ses deux frères aînés étaient français, alerte musique que je verrais bien jouer dans un kiosque à musique un jour de fête du vin.

    C’est ensuite le Concerto pour alto numéro quatre « Der Schwanendreher » de Paul Hindemith, l’occasion pour Agathe Blondel, l’alto solo de l’Orchestre de faire montre de son assurance et de son talent. Elle est bien applaudie et vient l’entracte.

    A la reprise, c’est l’œuvre contemporaine White Ghost Dancing de l’Australien Ross Edwards. Elle plaît même à mes vieilles voisines choquées par la hauteur des talons d’une des violonistes.

    Pour finir, c’est l’Inachevée, Septième Symphonie en si mineur de Franz Schubert et on ne peut que regretter que Franz ne soit pas aller jusqu’à bout, se dit-on en quittant.

    *

    Samedi sans sortie, la faute à un vent glacial et à des draches grêleuses, mais dimanche matin c’est grand soleil. Je propose à celle qui est là pour le ouiquennede d’aller faire un tour en voiture. Nous voici bientôt à Poses dont nous franchissons le barrage puis en balade à pied le long de la Seine dans un paysage mordoré. Impossible de trouver un restaurant champêtre ouvert, c’est dans le jardin que nous déjeunerons. Rue Saint-Romain, nous croisons la nièce de la vieille voisine avec laquelle je fus en bisbille (la faute à une autre voisine ayant cru bon de lui dire que j’avais parlé d’elle dans ce Journal en l’appelant Tatie Danielle) puis réconcilié après que je fus venu à son secours un jour de chute. Elle nous apprend que sa tante est morte ce matin dans la maison de retraite où elle avait trouvé refuge pendant mon voyage en Amérique.

    Le soleil est sur le banc et nous aussi dégustant dans le jardin laissé à lui-même depuis plusieurs mois la bonne cuisine de celle qui s’inquiète pour ses amies new-yorkaises de l’arrivée de la tempête Sandy dite Frankenstorm. Le vin est celui de Chinon. Au sortir de la sieste, on constate que le mauvais temps est de retour.

    *

                Des curés, il n’en reste pas beaucoup mais y en a des bien, ainsi l’abbé Maheut, vicaire général du diocèse de Rouen, chargé ce dimanche de la messe des forains de la Saint-Romain. Grand Rouen donne ce lundi matin des extraits de son homélie :

                « Celui qui n’aime pas la foire, celui qui ne supporte pas la foule qui s’y presse, celui-là, n’est pas vraiment chrétien ».

                « Celui qui veut être un authentique disciple du Christ ne peut assurément pas fuir Rouen quand l’Armada revient, critiquer les 24 Heures motonautiques ou mépriser le passage du Tour de France (…) Parce qu’à l’évidence, Jésus aime la foule et aime à se retrouver au milieu d’elle… »

                *

                Cette messe n’a pas été suffisante pour empêcher les forains de frôler la catastrophe. Ce lundi matin, deux camions se heurtent sur le pont Mathilde. L’un empli de carburant s’enflamme. L’essence coule sur les caravanes garées sous le pont. Elles prennent feu à leur tour.

                Je vais voir ce qu’il en est après le déjeuner. L’incendie est maîtrisé. Restent des carcasses noircies que les pompiers continuent d’arroser. Le pont est salement amoché. La Seine polluée. Les deux camionneurs sont blessés ainsi qu’au moins un forain, apprends-je. Les lignes téléphoniques passant sous le point ont fondu. Sans doute est-ce pour cela que j’ai été privé d’Internet pendant deux heures.

    Partager via Gmail Yahoo!