• Du concert Vanessa Wagner Murcof, du livre Kafka et les jeunes filles et d’un incendie avec du cannabis dedans

    « Cher Michel, vous aviez l'oreille particulièrement tolérante ou l’œil ébloui par le charme de Vanessa ou encore, n'avons-nous pas assisté au même concert, mystère, mystère? », m’écrit l’un de mes fidèles lecteurs présent lui aussi au concert Vanessa Wagner Murcof à l’Opéra de Rouen ce lundi soir. « La majeure partie du temps la réunion des deux n'a fait qu’affadir les morceaux et transformer tout ça en musique pour salle d'attente pour dentiste en manque d'inspiration. », ajoute-t-il.

    Comme il s’y connaît en musique, il a sans doute raison. Il n’empêche que je n’avais pas mal aux dents ce soir-là.

    Mes propos, mes avis, sont toujours suspects dans ce domaine, comme dans tous les domaines artistiques. Il n’y a qu’en littérature que mon goût est sûr, ce qui ne m’empêche pas de prendre plaisir à des livres de seconde catégorie. Quand j’ai le temps de lire. Ce qui n’est pas le cas depuis mon retour d’Amérique. La rédaction de mon Journal de voyage m’en empêche.

    Le seul livre que j’aie réussi à lire est Kafka et les jeunes filles, un essai de Daniel Desmarquest publié en deux mille deux chez Pygmalion Gérard Watelet, trouvé dans la cave de la bouquinerie Le Livre Enchanté, rue des Bons-Enfants, où tout est à cinquante pour cent du prix d’occasion indiqué. C’est un ouvrage de première catégorie. Daniel Desmarquest sait écrire et ce qu’il raconte m’intéresse particulièrement, à preuve ceci :

    Ne serait-elle que la consolation du désespéré, la jeune fille serait déjà bénie. Dans le désert, elle est une oasis. A la violence d’écrire s’oppose le mirage de son corps. Dérisoire rempart. Si l’écrivain s’obstine à la traquer et s’accroche comme un noyé à celle qui croise son chemin, c’est qu’il la sait douée d’un pouvoir autrement décisif. Ce qu’il puise dans ses yeux, sur ses lèvres, sur sa peau, n’est pas seulement une promesse de bonheur. La liaison de l’écrivain et de la jeune fille est plus audacieuse, et quasi incestueuse : ces deux-là se ressemblent, qui sont l’un et l’autre en transition. D’où une fascination réciproque.

    Du temps, j’en prends aussi pour papillonner sur Internet pendant que j’écris, ainsi ce mardi après-midi trouvant ceci qui me consterne sur le site Grand Rouen (faute d’accord incluse) :

                « Une plantation de cannabis partie en fumée à Rouen ?

                Un incendie, rue Eau-de-Robec, à Rouen a nécessité vers 14H30 le 27 novembre l’intervention de nombreux pompiers. Deux adultes et deux enfants ont été légèrement intoxiqués.

                Les témoignages du voisinage laissent entendre que l’incendie aurait dégagé d’étranges odeurs dans le quartier. Des pistes que l’enquête de police devraient confirmer… »

                Suit la copie d’écran du touite avec faute d’orthographe d’un voisin « La maison de mon voisin le cultivateur de canabis a cramé, ma rue est pleine de pompiers, de flics et de journalistes. »

                Se faire le relais d’une telle « information », la traiter sans recul critique et même inviter la Police à faire son travail, c’est une curieuse conception du journalisme.

                « sympa le mec qui balance son voisin sur twitter... » commente Laure Leforestier. Il n’y a pas que le voisin.

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