• Du danger de courir les bouquineries

    Invité chez ma fille mardi soir, je fais en chemin le détour qui mène chez Détéherre, la seule bouquinerie rurale de la région. Rurale, elle ne l’est pas à moitié, perdue au bout d’une route étroite à demi inondée qui sinue entre les champs.

    On y circule peu. C’est heureux car il est impossible d’y croiser une autre voiture, sauf en deux ou trois dégagements gagnés sur les cultures. Ce mardi, ce n’est pas une mais deux voitures que je vois venir sur moi à la sortie d’un virage. Nous nous arrêtons. Le conducteur de la première voiture est un jeune type au crâne rasé. Il me fait signe de me ranger dans le champ, c’est-à-dire m’invite à m’enliser. Je lui fais comprendre que c’est impossible et l’invite à reculer, ce qu’a commencé à faire le conducteur de la deuxième voiture. Ces deux-là sont à trente mètres d’un dégagement. Je suis à cent cinquante mètres d’un autre.

    J’apprends alors que j’ai affaire à un crétin fini. Il avance brusquement sa voiture, immatriculée dans le Quatorze, jusqu’à presque toucher le pare-choc de la mienne et croise ostensiblement les bras. Je pourrais faire de même mais ce serait au risque de voir descendre cet abruti et de m’en prendre un. Je recule, le plus lentement possible, tandis que la seconde voiture redémarre pour suivre la tête de facho.

    Arrivé au dégagement, je laisse le passage, souhaitant à ce pauvre type un bon accident avant d’arriver en Basse-Normandie.

    *

    Une heure et demie plus tard, à la station service du Super U d’Igoville, je suis derrière la voiture d’un couple de quinquagénaires du Vingt-Sept. Lui tranquillement assis au volant, c’est elle qui doit emplir le réservoir, maladroite, en petit gilet blanc.

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