• Elisa Jo au Lundi du Kalif

                Il faut vraiment que j’aie envie d’aller au Kalif ce lundi soir pour que j’affronte la pluie incessante (même si je fais la majeure partie de la route en Teor). Celui-ci m’abandonne aux Deux Rivières, lesquelles vont finir par déborder. J’arrive trempé et en avance, m’assois sur le canapé vert en écoutant de la musique forte à en faire trembler les murs, venue d’une des salles de répétition.

                Pour Elisa Jo pas besoin de bouchons d’oreille, je le sais d’expérience. Quand s’ouvrent les portes, je me colle devant le pilier habituel. La salle s’emplit rapidement : famille et ami(e)s de la chanteuse ainsi que de vrais spectateurs parmi lesquels les coutumiers amateurs de rock. Ce sera copieusement filmé et photographié comme d’habitude et debout  pareillement. Les gens de la famille se casent sur un canapé derrière d’où ils ne verront rien.

                Elisa Jo s’installe aux claviers pour la première chanson, nioulouque mais voix inchangée heureusement, puis elle prend la guitare pour la suite, rejointe par son musicien à petit chapeau : « Je suis venue avec mon grand orchestre ». Elle enchaîne et ça plaît à la plupart. Quelques rockeurs s’en vont pour qui le pop folk, même en anglais, ce n’est pas supportable. Pas loin de moi se trouve un psychopathe qui ne cesse de se ronger les ongles. Il propose à des filles trop petites pour voir quelque chose de se mettre devant lui. Toutes refusent, n’ayant pas envie de l’avoir dans le dos. « The next song is in french » annonce Elisa. Il y en a encore une ou deux en anglais après, trop peu à mon goût.

                Quand je ressors, il pleut encore. J’ai la malchance de voir partir un Teor avant que j’atteigne son arrêt. Le prochain est dans quinze minutes. Je les passe en solitaire.

                C’est un nouveau Teor blanc qui me redescend au centre de Rouen. A l’arrêt Martainville, un homme monte et me salue cordialement. J’ai le temps de m’inquiéter de ne pas le reconnaître avant qu’il ne me dise :

                -Votre titre de transport, s’il vous plaît.

                Je suis en règle ce soir, ça tombe bien.

    *

                Les nouvelles rames de métro étant blanches, il convient que tous les bus de l’agglo rouennaise, actuellement bleus (couleur de la droite), deviennent blancs (couleur des royalistes). Ainsi en a décidé Laurent le Fabuleux. « Cela fera bus de campagne », m’a dit celle qui est retournée à Paris. « Dommage que les bus rouennais ne soient pas d’un beau rouge foncé comme ceux qui circulent entre Val-de-Reuil et Louviers, lui ai-je répondu, mais rouge, ce n’est pas possible, ça ferait socialiste ».

    *

                Donc tous les bus bleus vont devoir être repeints en blanc. Quatre mille euros par bus, si j’en crois la droite locale.

    Partager via Gmail Yahoo!