• En Basse-Normandie (Port-en-Bessin, Grandcamp-Maisy)

    Partir en vacances, ce n’est pas simple quand on n’est plus accompagné, mais ce vendredi matin j’y vais, direction la lune qui montre sa face ronde au travers des nuages. Ceux-ci s’éclaircissent peu à peu et derrière ma voiture, sur l’autoroute qui va à Caen, le soleil monte. Arrivé dans la capitale bas-normande, je prends la direction Ouistreham, me perds un peu, ce qui me vaut de passer trois fois sur le Pegasus Bridge et de trouver du super à un euro quarante-cinq.

    Je longe ensuite le bord de la terre où eut lieu le Débarquement jusqu’à Port-en-Bessin. C’est là que je déjeune, au Café Brasserie de la Criée, avec vue sur les bateaux de pêche (buffet d’entrées, aile de raie pommes frites glace rhum raisin pistache pour onze euros et quelque). Le quart de merlot est à trois euros et la clientèle populaire, moitié d’ouvriers, moitié de marins pêcheurs : « Y z’ont prévu du beau pour toute la semaine » « Tu manges tout de suite où tu reprends une petite rincette » « Habillé comme ça si tu tombes en panne t’as pas besoin de mettre le gilet ».

    Je reprends la route jusqu’à la pointe du Hoc, haut-lieu du Débarquement, site peuplé d’adeptes du tourisme de guerre, pas particulièrement remarquable, puis m’arrête dans le bourg suivant, Grandcamp-Maisy, autre port de pêche. J’y trouve une chambre de célibataire à quarante-trois euros à l’Hôtel Du Guesclin. Mes bagages posés, je fais le tour du pays croisant moult pêcheurs à épuisettes et à bottes, c’est la grande marée.

    Au Café du Port, tandis que le soleil décline, je lis Une femme à Berlin, le journal anonyme d’une jeune Allemande pendant l’effondrement du nazisme, publié chez Folio. Elle se fait violer plusieurs fois par les soldats soviétiques.

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    « Selon les estimations disponibles, plus de cent mille Berlinoises furent victimes de viols en cette fin de guerre. » écrit Hans Magnus Enzensberger dans sa présentation d’Une femme à Berlin.

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