• En lisant La Police des écrivains de Bruno Fuligni

                C’est dimanche et c’est Noël, je prends des notes sur les notes de la Police, celles concernant les séditieux qui écrivent des livres, du moins écrivaient (aujourd’hui la Police s’occupe de choses plus sérieuses évidemment) en lisant celui, élégant, quasiment carré, noir, tamponné en rouge de son titre La Police des écrivains, de Bruno Fuligni (Editions Horay). L’auteur compilateur y donne le fruit des notes qu’il a prises dans la salle des archives du Musée de la Préfecture de Police (visité récemment avec celle qui doit toquer à ma porte vers midi).

                Sur Paul Verlaine : « Personnage sans valeur. Il est dangereux par la fausseté de son caractère et la bassesse de ses sentiments. »

                Sur Arthur Rimbaud : « Une monstruosité. Il a la mécanique des vers comme personne, seulement ses œuvres sont absolument inintelligibles et repoussantes. »

                Sur Jules Vallès : « Se montra pendant longtemps dans les cafés du quartier Latin pérorant toujours contre l’ordre et la loi, espérant trouver dans un bouleversement social la fortune que son caractère débauché et paresseux ne lui permettait pas de demander à un travail régulier. »

                (Sur le même, note d’un mouchard : « Je ne sais si Jules Vallès a fait un nouvel héritage ou s’il reçoit de l’argent d’autre part que de son journal car il fait toujours un peu de correspondance, mais il est habillé tout à neuf et à l’air de dépenser beaucoup. »)

                Sur Emile Zola : « … il n’est pas inutile de savoir que le romancier naturaliste n’est pas meilleur mari qu’il n’est bon patriote. On raconte qu‘il terrorise sa femme et que devant elle, il embrassait sa femme de chambre dont il était l’amant. On dit aussi qu’il aurait pour une nièce des attentions plus que familiales. »

                Sur Gaston Couté : « pitoyable chansonnier, se montre très satisfait des poursuites dont il est l’objet ; cela lui fait une réclame énorme dans les cabarets et remplace son talent qui ne fut jamais très grand. »

                Sur Willy : « Le Willy achète couramment des livres tout prêts à paraître qu’il retape en ajoutant quelques ordures de son cru. C’est la marque de fabrique qui lui permet de vendre ses livres à la faveur de la notoriété de ses Claudine qui ne sont pas de lui. »

                Sur André Breton : « Le nommé Breton André, domicilié 42 rue Fontaine à Paris est soupçonné d’activité extrémiste, il fréquenterait le café des « Deux Magots », Bd St-Germain où il retrouverait notamment le nommé Benjamin Péret, également susceptible d’activité antinationale. »

                Sur Jean-Paul Sartre : « M. Sartre vit largement du produit de ses œuvres, mais il dépense facilement ses revenus. Il ne dédaigne pas l’alcool et prise beaucoup les endroits où la présence de jeunes gens des deux sexes, vêtus d’une façon excentrique, souvent négligée, crée une ambiance particulière. »

                Cela n’est qu’un échantillon. On frappe à ma porte et ce n’est pas la Police.

    *

                A quoi s’occupent les Députés de la France ? A voter des lois réglementant l’intimité de leurs électeurs, l’une entendant pénaliser le client de la prostituée, l’autre souhaitant punir la négation de génocide.

                A quoi ne s’occupent pas les Députés de la France ? A voter des lois relatives à l’économie, à la vie sociale, à la politique, permettant éventuellement d’améliorer la vie de leurs électeurs.

                Ce faisant, ils se montrent pour ce qu’ils sont : des impuissants, frustrés et par conséquent puritains.

    *

                Le beau monde qu’ils nous promettent, la gôche votant avec les sarkozistes, aseptisé, javellisé, stérilisé. Le plaisir que j’aurai à ne pas voter lors des prochaines législatives.

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