• En lisant Les beaux jours de ma jeunesse d'Ana Novac

                C’est le hasard qui me fait lire à l’heure de la bombance Les beaux jours de ma jeunesse, ce journal écrit à Auschwitz et Plassow par Ana Novac et publié chez Folio.

                Je ne sais pas grand-chose d’elle, juste qu’elle est juive, née en Transylvanie, qu’avant les nazis et les camps elle a connu le régime fasciste en Roumanie puis après la guerre la dictature communiste toujours en Roumanie.

                Elle s’échappe en mil neuf cent soixante-huit et vit depuis lors en France. C’est cette même année qu’est publié pour la première fois, et en français, ce journal des camps d’extermination.

                La question que je me pose c’est s’il s’agit bien du texte tel qu’écrit dans les épouvantables conditions d’alors ou s’il a été revu par l’auteure lors de la publication. Rien ne me permet d’en décider. C’est que je suis époustouflé de la maturité de la demoiselle.

                Exemple : Vomir les Polonais, ça fait l’unanimité dans la baraque. Moi ce qui m’effraie, c’est l’unanimité. Aimer ou haïr en bloc, je n’y arrive pas, je n’y arriverai jamais, même pour les Allemands. Je suis nulle devant le bloc comme devant un tigre.

                Ou bien : Peut-être formons-nous une espèce nouvelle que l’histoire n’a pas encore consignée ; une découverte typiquement boche : entre l’être et la chose. Des attributs humains, il ne lui reste que la capacité de souffrir, plus exactement : une chose souffrante.

                Encore : Que je réponde donc brièvement à la question sur laquelle je reviendrai une autre fois peut-être : je n’écris pas pour moi, cela va sans dire. Puissent ces notes figurer parmi les témoignages, au jour du règlement de compte ! Mais serais-je ma seule lectrice, j’écrirais quand même ! Je me donnerais autant de mal pour trouver le mot le plus juste, le plus fort.

                Ana Novac écrit cela à quatorze ans, quasi nue, tondue, battue et affamée. Je la lis dans les cafés de la ville où à l’entour on ne se doute de rien.

    Partager via Gmail Yahoo!