• En lisant les Lettres écrites de Rodez, tome dix des Œuvres complètes d’Antonin Artaud

    En janvier mil neuf cent quarante-trois, Robert Desnos qui jugeait atroces les conditions dans lesquelles le poète était enfermé à Ville-Evrard, obtient le transfert d’Antonin Artaud de zone occupée en zone dite libre à l’Hôpital de Rodez.

    La lecture des Lettres écrites de Rodez en quarante-trois et quarante-quatre, publiées chez Gallimard en mil neuf cent soixante-quatorze (tome dix des Œuvres complètes), me fait découvrir un Artaud que je ne soupçonnais pas :

    (…) parce que j’ignore et que je méprise comme avilissants pour l’homme tous rapports sexuels quels qu’ils soient et que c’est m’offenser gravement que de croire que le corps que je porte a pu s’y livrer à aucun moment de sa vie.

    Toute sexualité et tout érotisme, Dr Latrémolière, sont un péché et un crime pour Jésus-christ… (au docteur Jacques Latrémolière, le quinze février mil neuf cent quarante-trois)

    La Religion, la Famille, la Patrie sont les trois seules choses que je respecte mais c’est probablement parce que voilà des années qu’elles ont cessé de se respecter et de se considérer elles-mêmes qu’il leur est arrivé tant de malheurs.

    J’ai toujours été royaliste et patriote, vous le savez. (à Jean Paulhan, le cinq octobre mil neuf cent quarante-trois)

    Beaucoup de chansons destinées aux enfants sont basées ainsi sur des mythes érotiques plus ou moins dissimulés et notre devoir quand nous en rencontrons un est de le détruire au lieu de l’accuser… (au docteur Gaston Ferdière, le dix-huit octobre neuf cent quarante-trois)

    *

    Avant Ville-Evrard, il y avait eu le terrible passage par l’Hôpital Psychiatrique de Quatre-Mares à Sotteville-lès-Rouen :

    Si j’ai aujourd’hui une hypertrophie du foie, des troubles vaso-moteurs constants, un gonflement et un désaxement de la pointe du cœur, des états douloureux et anxieux qui font de ma vie un martyre et un drame de tous les instants, cela est dû aux cinq mois d’emprisonnement que j’ai subis à l’Asile de Quatre-Mares et d’ordre de la police française à Sotteville-lès-Rouen, ce que toute la police et toute la médecine connaît. (au docteur Jacques Latrémolière, le quinze février mil neuf cent quarante-trois)

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