• En lisant Nous aurons encore de mauvais moments de Rafael Sánchez Ferlosio

    Je ne sais pas grand-chose de Rafael Sánchez Ferlosio dont je relisais l’autre mercredi dans le train qui me menait à Paris Nous aurons encore de mauvais moments. Ecrivain espagnol, né à Rome le quatre décembre mil neuf cent vingt-sept, il fait partie de la famille de ceux qui ne sont pas dupes, dont je suis. Dans ce recueil d’aphorismes, de courts poèmes et de notes, publié chez Rivages Poche, je fais mon choix :

    Nous sommes babyloniens – pourvu que la tentation de construire une tour ensemble ne nous reprenne pas ! Décidons plutôt, une fois pour toutes, en bons frères, que nous ne nous supportons pas les uns les autres !

    Que le détenteur de l’autorité garde cet ultime respect envers celui qui doit obéir : qu’il s’abstienne de lui fournir des explications.

    L’enfant qui osa dire : « L’empereur est nu », hélas ! était peut-être lui aussi payé par l’empereur.

    Quelle meilleure preuve que le futur est déjà écrit que le journal du matin ? Comment comprendre, sinon, que tous les jours s’accomplissent exactement 32 pages d’évènements ?

    Quelle aimable initiative ce serait, de la part d’un de ces grands organismes internationaux, que de proclamer un jour sans date !

    C’est une erreur de penser qu’il faut de très mauvais sentiments pour accepter ou perpétrer les méfaits les plus enragés ; il suffit d’être convaincu d’avoir raison.

    Entre l’injustice qui consiste à insulter son prochain et l’indignité de lui sourire, il y a un sage moyen terme : regarder ailleurs.

    La très puissante séduction cathartique de la guerre se manifeste dans la popularité de tous ceux qui promettent des sacrifices.

    Toutes les cérémonies sont proportionnelles : les voyageurs qui viennent de plus loin sont les premiers à réunir leurs affaires et à se préparer à descendre du train.

    En incipit, cet aphorisme, déjà noté dans ce Journal, mais qui peut être répété :

    Ce qu’il y a de louche, dans les solutions, c’est qu’on en trouve dès qu’on en cherche.

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